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NASHVILLE - « Music City », c'est la ville du son, de la musique jouée en direct dans les bars sur Broadway jusqu'à la foule assourdissante du Bridgestone Arena.
Et, lundi soir, « Music City » a entendu un son jamais entendu auparavant.

Avec une victoire de 6-3 contre les Ducks d'Anaheim lors du sixième match de la Finale de l'Association de l'Ouest, les Predators de Nashville ont assuré leur première participation à la Finale de la Coupe Stanley.
Le commissaire adjoint de la LNH Bill Daly a présenté le trophée Clarence Campbell au capitaine Mike Fisher, en complet parce qu'il était blessé. Fisher n'a pas touché au trophée alors qu'il prenait la pose pour une photo. Ses coéquipiers l'ont rejoint en portant des casquettes où il était écrit « CONFERENCE CHAMPS » (Champions d'association).
« Nous voulons la Coupe! », criait la foule.
Le volume a augmenté.
« NOUS VOULONS LA COUPE!, criait la foule. NOUS VOULONS LA COUPE! »
Le volume a diminué quand le joueur de centre Ryan Johansen a rejoint ses coéquipiers, sur des béquilles en portant un appareil orthopédique autour de la jambe gauche.
« Je pense que c'est ce que tout le monde pense, a déclaré le défenseur Roman Josi. Nous sommes contents de cette conquête, mais maintenant nous jouons pour la Coupe, la Coupe Stanley. Il n'y a pas un gars dans ce vestiaire qui ne la veut pas. »
Nashville affrontera le gagnant de la série entre les Penguins de Pittsburgh et les Sénateurs d'Ottawa lors du premier match lundi, et c'est incroyable. Alors que le directeur général David Poile réalisait une entrevue à l'extérieur du vestiaire, le journaliste a présenté les Predators comme les champions d'association.
« Pouvez-vous répéter? », a demandé Poile en souriant.
Ça sonnait bien.
Cela fait 20 ans que Poile travaille pour ça. La LNH a donné à Nashville une équipe d'expansion en 1997 et Poile est devenu leur premier directeur général. Il a tout fait. Du choix du tapis jusqu'au choix des joueurs. Il est resté droit dans les moments difficiles et alors que les rumeurs de relocalisation allaient bon train. Même une inondation n'a pas ébranlé sa vision de Nashville comme étant une ville de hockey et celle des Predators comme étant des aspirants au titre.
Les Predators ont eu besoin de six saisons pour participer aux séries éliminatoires et de 12 pour remporter une ronde.
Finalement, à leur 18e saison, grâce au repêchage, au développement et à des transactions importantes qui ont amené Johansen et le défenseur P.K. Subban, ils ont franchi une autre étape.
« C'est un rêve devenu réalité, a déclaré le gardien Pekka Rinne, qui a été repêché au huitième tour au repêchage de 2004, passé trois saisons à Milwaukee dans la Ligue américaine et neuf avec les Predators. Mais c'est drôle. Quand ça vous arrive, vous êtes encore plus affamés et maintenant nous avons la chance de gagner la Coupe. C'est assez fou. Nous travaillons pour ça depuis très longtemps. »
L'équipe a terminé au 16e rang dans la LNH en saison régulière. Mais c'était décevant. Les Predators étaient considérés parmi les favoris en début de saison pour atteindre la Finale. Ils ont eu besoin de temps pour s'ajuster après avoir échangé le capitaine Shea Weber à Montréal en retour de Subban et après avoir eu à gérer de nombreuses blessures. Ils ont été l'une des meilleures équipes en deuxième moitié de saison.
Ils ont balayé les Blackhawks de Chicago au premier tour et ont défait les Blues de St. Louis en six matchs en deuxième ronde. Ils ont utilisé tout ce qu'ils avaient pour défaire les Ducks : les habiletés, la vitesse, la détermination, la profondeur et l'acharnement. Même s'ils ont perdu les services de Fisher lors du match no 4 et Johansen par la suite, ils n'ont pas montré de signes de faiblesse alors que la série était égale 2-2. Ils ont gagné le cinquième match 3-1, mettant la table pour le match no 6.
Garth Brooks était dans l'édifice. Trisha Yearwood a chanté l'hymne national. L'ancienne vedette des Titans du Tennessee Eddie George a agité une serviette jaune pour chauffer la foule tout comme Johansen et l'attaquant Kevin Fiala, qui s'est fracturé le fémur lors du premier match de la deuxième ronde. Les Predators ont marqué sur deux de leurs trois premiers tirs et ont pris les devants 2-0.
C'était la soirée de Nashville, n'est-ce pas?
Bien sûr, ça n'a pas été facile. Ça n'a pas été facile pendant 20 ans. Pourquoi le serait-ce maintenant? Les Predators ont bousillé l'avance de 2-0, puis celle de 3-1. Josi a envoyé la rondelle par-dessus la baie vitrée et a reçu une pénalité pour avoir retardé le match avec 8 :13 à écoule. Uh-oh. Ils étaient dominés dans un match où ils allaient tirer de l'arrière 41-18 au chapitre des tirs au but.
« Ils avaient probablement le rythme à ce moment, mais nous n'avons pas cessé de croire, a dit Subban. Nous savions que ça prendrait un bond, et j'avais le sentiment que ça n'irait pas en prolongation. Je sentais que ça se terminerait en temps réglementaire et nous avons obtenu ce bond. »
Ils ont écoulé la pénalité. Peu après, Sisson a tenté de déjouer le défenseur Cam Fowler, mais a perdu la rondelle. Son coéquipier Calle Jarnkrok a repris la rondelle, Sissons s'est déplacé vers la gauche et a tiré sur réception quand il a reçu la passe transversale de ce dernier. Sisson a trouvé la lucarne pour faire 4-3 avec six minutes à faire. Tour du chapeau.
« C'est incroyable, a commenté Poile. Ryan Johansen n'est pas en uniforme donc Colton Sissons prend sa place et non seulement il le remplace, mais nous gagnons les deux matchs et il inscrit trois buts. On n'aurait pu espérer un meilleur scénario. »
L'attaquant Filip Forsberg a envoyé la rondelle dans un filet désert avec 2 :22 à faire. Austin Watson a fait de même avec 1 :34 à écouler. Le volume a augmenté à nouveau.
« À trois buts, c'était tendu, a dit Poile. À quatre c'était mieux. À cinq, c'était plutôt bien. Et à six c'était merveilleux. »
La cloche a sonné et la fête a commencé à l'intérieur du Bridgestone Arena, jusque sur Broadway dans les bars de cette ville de hockey qui n'a encore rien entendu.