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Les changements annoncés dans l'application des règlements dès l'ouverture des camps d'entraînement laissaient entrevoir un mois d'octobre occupé pour les arbitres de la LNH. Et c'est exactement ce qui est arrivé. Le resserrement de l'application du livre de règlements s'est traduit par une augmentation du nombre de pénalités décernées, sans pour autant atteindre les niveaux des années 2007 et 2009.
Le dernier grand coup de collier donné remonte aux saisons suivant le conflit de travail de 2004-05. On voit alors, jusqu'en 2009-10, le nombre de pénalités décernées en octobre osciller entre 1700 et 2000 infractions.

Un détail, avant de continuer. J'ai décidé, parce que cette saison écourtée a été disputée entièrement « intra associations », d'exclure la saison 2012-13 de ces démonstrations. On y a vu une foule de phénomènes bizarres (notamment un impact démesuré des séquences de deux matchs en deux soirs sur les gardiens) qui font que je me méfie de cette partie de l'histoire de la LNH lorsque vient le temps de décoder les tendances à long terme.
Revenons aux pénalités décernées. À partir de 2010-11, le nombre de pénalités en octobre va en déclinant, sauf lors des saisons 2013-14 et 2017-18.

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Je recense dans les graphiques suivants les 10 types de punitions les plus distribuées depuis 2007, et je regroupe tout simplement les autres dans une catégorie fourre-tout.
En 2013-14, on constate une hausse généralisée du nombre de punitions distribuées par rapport à la précédente saison complète, 2011-12. Cela me suggère qu'on est alors en présence d'un resserrement généralisé de l'application des règlements.

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La tendance observée entre les mois d'octobre de 2016 et 2017 est, si on trace le même graphique, toute autre :

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Si la hausse vertigineuse du nombre de cinglages retient l'attention, je souligne que 5 des 11 catégories représentées connaissent des baisses. Et, c'est peut-être un hasard, mais je ne peux que remarquer les baisses franchement marquées des accrochages, des bâtons élevés et des punitions pour rudesse. Je ne sais pas pour cette dernière catégorie, mais il me semble clair, pour les deux autres, qu'on est ici en présence d'un effet secondaire de l'accent mis sur les cinglages : le coup de hache sur les mains était, je le soupçonne, la première marche vers d'autres excès représentés par ces deux autres catégories. Et je ne serais pas surpris que la baisse marquée des punitions pour rudesse soit le fruit d'un jeu désormais plus rapide et, surtout, où l'on sent moins le besoin de se faire justice.
Tout ça a un impact massif sur le nombre de buts marqués. Alors que les équipes de la LNH en obtiennent 746 en octobre 2016, ce total bondit à 1038 cette saison. Les seuls 34 buts marqués et 19 concédés par les Golden Knights de Las Vegas n'expliquent pas tout. On a bien ici droit au résultat de toutes ces pénalités, quoique l'ensemble des buts n'est probablement pas là pour de bon.
En gros, les niveaux atteints ce mois d'octobre se rapproche de ceux atteints entre 2013-14, lors du précédent tour de vis donné par la ligue.

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En désavantage numérique, le sommet atteint cette saison n'est pas tant éloigné de ce qu'on a vu en 13-14, de même qu'avec un filet désert, ou c'est plutôt en 2015-16 qu'on atteint un sommet similaire.
On peut supposer que ce coup de piston offensif ne durera pas, du moins pas à son niveau actuel, qui rappelle les périodes d'ajustement vues lors des saisons précédentes. Ce qui me semble plus intéressant à surveiller, c'est s'il y a un lien qui se confirme entre la plus grande sévérité sur les cinglages, la baisse des pénalités de vengeance et surtout celles que les joueurs obtiennent en abusant de leur bâton. Les tendances sur la saison complète seront ici plus instructives.