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Le marché des joueurs autonomes est en pleine mutation. L'excellent chroniqueur Elliotte Friedman, du réseau Sportsnet, le détaillait dans un
récent article
décortiquant le prochain contrat de Connor McDavid.
Tranquillement, les contrats à très long terme signés sous l'ancienne convention collective sont marginalisés et la nouvelle génération de supervedettes est rémunérée en fonction d'ententes de durée maximale de 8 ans. Parce que l'impact sous le plafond salarial de ces contrats est appelé à croître rapidement, il y a de moins en moins de place à consacrer à des joueurs moins importants.
C'est d'autant plus vrai que les bons joueurs se voient de plus en plus accorder des ententes à long terme dès leur deuxième ou encore troisième contrat. L'idée étant de s'assurer de les garder à prix raisonnable lors des meilleures saisons de leur carrière, qui commencent habituellement vers l'âge de 21 ou 22 ans.

Tout ça pour aboutir à un constat : le marché des joueurs autonomes est de moins en moins riche en talents de premier plan et, surtout, en jeunes talents. C'est pourquoi on doit s'attendre à ce que les 1er juillet comme celui de l'an dernier soient relégués au folklore. On avait alors vu des joueurs ayant franchi le cap de la trentaine, comme David Backes et Loui Eriksson, obtenir de lucratives ententes de plusieurs saisons. Ces contrats sont extrêmement risqués, même si les joueurs en question sont des contributeurs de premier plan.
La liste des joueurs autonomes montre que les joueurs âgés sont les plus intéressants de la cuvée 2017. La question est de savoir qui va soit leur donner beaucoup d'argent, ou encore un contrat de plusieurs saisons.
Pour illustrer la chose, j'ai choisi d'utiliser un outil de visualisation de données développé par un blogueur, Sean Tierney, qui contribue aussi au magazine en ligne The Athletic. L'outil de Tierney montre la valeur d'un joueur telle que représentée par un modèle de comparaison à un joueur dit « de substitution ». Pensez au 7e défenseur ou encore au 13e attaquant que n'importe quelle équipe peut dégotter dans son club-école si besoin il y a.
Les visualisations de Tierney décomposent les éléments du modèle : la capacité à ne pas prendre de pénalité (Take) et à en susciter chez l'adversaire (draw), la création offensive à forces égales (EVO) et en avantage numérique (PPO), la contribution défensive à forces égales (EVD), les mises en jeu disputées (FAC). Seul manque à ce modèle, la contribution en désavantage numérique.
Aucun modèle n'est parfait. Et n'importe quel modèle n'est utile que dans la mesure où il accompagne la prise en compte d'autres facteurs qui changent d'une équipe à l'autre. Mais ce genre d'exercice nous permet de cibler les zones de forces et de faiblesse de chaque joueur et de voir comment celles-ci s'additionnent.
Chez les défenseurs
Je parlais de contexte, et la liste des joueurs autonomes chez les défenseurs nous amène d'emblée à y référer. Le modèle illustré par les graphiques de Tierney nous indique que le vieux Brian Campbell est, de tous les défenseurs disponibles, celui qui amène la plus importante contribution.
Lorsqu'on regarde la courbe du temps de jeu des défenseurs des Blackhawks de Chicago l'an dernier, il est clair que Campbell était quatrième, parfois
cinquième
dans la hiérarchie du club. De plus, il a passé la moitié de la saison avec le jeune Trevor Van Riemsdyk. Cela nous indique clairement que Campbell faisait partie du bas de l'alignement des Blackhawks, une équipe qui mise beaucoup sur les confrontations entre ses meilleurs éléments et ceux de l'adversaire. En d'autres termes, les résultats de Campbell sont probablement un peu dopés par ce fait.
Mais il a, dans ce contexte, amené une contribution exceptionnelle à forces égales, notamment sur le plan défensif. Soupy n'est plus l'étoile qu'il a déjà été, mais pour une équipe qui cherche une solution à court terme au poste de no 4 à gauche, il est, avec Andrei Markov, la meilleure solution sur le marché. Pour tout dire, une équipe qui miserait l'an prochain sur ces deux défenseurs sur le flanc gauche obtiendrait probablement de très bons résultats, surtout si elle dispose sur sa troisième paire défensive de deux gauchers plus jeunes et capables de prendre plus de responsabilités lorsque les vieilles jambes ont besoin de repos.
Des défenseurs comme David Schlemko et Jordie Benn, par exemple.
Si, en plus, l'équipe en question mise sur de solides droitiers dans la force de l'âge (deux noms au hasard : Shea Weber et Jeff Petry) et un excellent gardien (un autre nom au hasard : Carey Price), ne manque alors qu'un entraineur reconnu pour son système défensif (là, je ne saurais que dire, je vous laisse choisir) et on se trouve avec un groupe plus qu'efficace.
Pour une équipe comme celle-là, à court terme, des joueurs comme Markov et Campbell valent leur pesant d'or.
Je dis ça, je ne dis rien…

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Il sera intéressant de voir quel sera le marché pour Kevin Shattenkirk. Pas le plus étincelant défensivement, il demeure un contributeur d'exception sur le plan offensif. Il n'y a probablement pas de joueur plus appelé à ressentir l'ombre de McDavid sur le marché, parce qu'il est exactement le type de joueur à qui on offrait jusqu'à l'an dernier de lucratifs contrats.
Du côté des attaquants
Encore ici, les aînés en mènent large. Joe Thornton, Jaromir Jagr et Justin Williams ne sont pas exactement de « jeunes poulets », pas plus que Matt Cullen. Thornton est ici le premier de classe, encore aujourd'hui un centre no 1 qui contribue dans toutes les phases du jeu. Martin Hanzal paraît fort bien dans ce tableau, mais j'ai quelques doutes à son sujet, il n'a jamais vraiment été capable de rester en santé une saison complète.
C'est donc un joueur sur qui on peut compter, à l'échelle d'une saison, pour pousser l'équipe vers les séries éliminatoires grâce à sa contribution lors de la soixantaine de matchs qu'il disputera. Mais parce que les blessures arrivent à un moment aléatoire et qu'il est pour ainsi dire certain qu'Hanzal sera blessé, on ne peut non plus être certains qu'il sera en mesure de contribuer une fois dans les séries. Au-delà des modélisations, c'est la raison pour laquelle un joueur comme Thornton, qui ne manque presque jamais de matchs, a une valeur plus élevée sur le marché. Reste à savoir si sa blessure de fin de saison a laissé des séquelles. À son âge, c'est le genre de chose qui peut laisser des traces permanentes.

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Pour peu qu'une équipe soit disposée à donner beaucoup d'argent à court terme, il y a moyen d'aller chercher des contributeurs fort intéressants. Justin Williams ne ralentit pas, pas plus que Matt Cullen, et Chris Kunitz a certainement prouvé qu'il continue à être un bon joueur de top-9. Ça n'est pas rien et les Penguins, si Nick Bonino part lui aussi sous d'autres cieux, vont avoir à remplacer grosse partie de leur personnel de soutien.
Tiens, Bonino est un autre de ces joueurs qui, ces dernières années, se serait fait ériger un pont d'or. Je suis curieux de voir si quelqu'un va mordre à l'hameçon cette saison. À court terme, il offre probablement plus et mieux de ce qu'on attend d'un joueur comme Hanzal, dans la mesure où il ne tend pas à être blessé souvent. Évidemment, à l'approche de la trentaine, tout ça peut basculer rapidement.