Jonathan Drouin

Mikhail Sergachev gagnera peut-être le trophée James Norris dans cinq ou six ans, peut-être même avant. Mais, il y a à peine quelques jours, les Canadiens de Montréal ont probablement eu la sensation de gagner le gros lot lorsqu'ils ont acquis Jonathan Drouin du Lightning de Tampa Bay.
Drouin, c'est de la vitamine D. Non seulement pour une attaque déficiente, mais aussi pour une organisation privée depuis trop longtemps d'une vedette québécoise.

À quand remonte la présence d'un attaquant-vedette québécois chez les Canadiens?
Probablement à la fin des années 1980 lorsque Stéphane Richer (1989-1990) a marqué 50 buts. C'est tout dire.
L'arrivée de Drouin certes ne règle pas tout, mais elle favorise un meilleur équilibre des forces au sein d'une formation, qui reposait entièrement ou presque sur les épaules d'un seul homme, Carey Price.
Cela dit, prenons le temps de respirer par le nez. Et deux fois mieux qu'une.
Drouin n'est ni le successeur de Guy Lafleur ni le prochain Sidney Crosby. Un peu de calme dans la salle s'il vous plaît.
Mais à une époque où la plus grande difficulté dans la LNH consiste à marquer des buts, il se veut une acquisition importante.
Drouin appartient à cette petite catégorie de joueurs capable d'inventer des façons de marquer ou de faire marquer les autres.
Il est explosif, rapide et créatif. Et il est capable d'improviser quand la défense adverse donne l'impression d'avoir installé des cônes orange dans tous les corridors.
Bref, il a le pouvoir de créer des occasions de marquer au moment où on s'y attend le moins. Et de donner un bon « show » ce qui ne gâche rien.
Pour s'en convaincre, il suffit de prendre quelques minutes et de savourer la vidéo de quelques-uns de ses plus beaux buts depuis son arrivée dans la Ligue nationale. Un pur régal.
La solution était à Tampa
C'était sans doute écrit dans le ciel, une partie de la solution aux misères offensives des Canadiens se trouvait à Tampa.

À pareille date, l'année dernière, nombreux sont les fans des Canadiens qui, souvenez-vous, entretenaient le fol espoir de voir Marc Bergevin offrir un contrat à Steven Stamkos. Ce dernier, de l'avis de plusieurs, représentait la solution idéale à tous les problèmes de son équipe.
Or Bergevin et les autres directeurs généraux de la ligue n'ont même pas eu le temps de se présenter au bâton puisque Stamkos, deux jours seulement avant d'acquérir le statut de joueur autonome sans restriction, a choisi de rester avec Tampa moyennant un pacte de 68 millions $ pour huit ans. Fin du dossier. Et d'un rêve farfelu.
Un an plus tard, Drouin, contre toute attente et en raison d'une masse salariale de plus en plus suffocante à Tampa, débarque à Montréal. Qui l'eût cru?
Le meilleur coup de Bergevin depuis son arrivée à Montréal? Probablement.
Le Lightning a sans aucun doute mis la main sur un joueur rempli de promesses en Sergachev, mais dans le contexte actuel des choses, les Canadiens n'auraient pu imaginer meilleur scénario. Un joueur offensif de 22 ans, un Québécois de surcroît, en pleine ascension, qui se retrouve sur le marché, c'est sans doute la preuve que les rêves les plus fous ne sont pas toujours hors de portée.
Les partisans des Canadiens sont unanimes : un gros merci à la masse salariale du Lightning!
La pression médiatique
Reste à voir maintenant comment Drouin gérera la pression médiatique, qui fera désormais partie intégrante de son quotidien au même titre que ses céréales le matin.
Une vingtaine, une quarantaine de micros sous le nez trois ou quatre fois semaine, ça use son homme à la longue. Ça l'use et parfois ça l'affecte. Surtout lorsque l'équipe traverse une période sombre.
À Montréal, la tempête, c'est bien connu, est souvent plus grosse qu'ailleurs. Quand il pleut ailleurs, un ouragan sévit à Montréal!
Drouin devra s'y faire. Il y a des jours où il risque de s'ennuyer de la quiétude de Tampa Bay.
Mais il y aura aussi des jours où il remerciera le ciel d'avoir été parachuté dans une ville qui célèbre ses héros comme nulle part ailleurs.