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Philippe Lecavalier est convaincu d'une chose : son ancien patron Kent Hughes n'a pas accepté le poste de directeur général des Canadiens de Montréal pour devenir le porte-parole francophone du vice-président des opérations hockey, Jeff Gorton.

Pour l'agent de joueurs québécois, cette théorie ne tient pas debout, même si elle a été avancée par plusieurs observateurs depuis la nomination de Gorton, à la fin du mois de novembre.
« Ce que les gens doivent comprendre, c'est que Kent n'aurait jamais accepté ce poste sans avoir carte blanche pour faire ce qu'il veut faire, a laissé tomber Lecavalier. C'est clair, net et précis. Je suis prêt à mettre ma main au feu qu'il n'aurait jamais, mais jamais, quitté l'agence si ç'avait été son mandat. »
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Venant d'un homme qui a travaillé de très près avec Hughes au cours des 20 dernières années - d'abord au sein de l'agence MFive Sports et ensuite de Quartexx Management depuis 2016 - ç'a le mérite d'être clair. Il est aussi mieux placé que quiconque pour savoir ce que c'est de travailler de concert avec lui.
En ce sens, il n'a aucun doute que Hughes n'aura aucune difficulté à relever avec brio le mandat à deux têtes que lui confie le Tricolore, ainsi qu'à Gorton.
« C'est une très bonne tête de hockey, a vanté Lecavalier. Il a une incroyable capacité d'écoute, et il donne beaucoup de latitude à son personnel. Je l'ai toujours perçu plus comme un collègue que comme un patron. On a toujours eu de bonnes discussions et de bons échanges d'idées. Il n'est pas du genre à vouloir tout contrôler.
« Il aime travailler en étroite collaboration. Je peux l'imaginer mettre ses dépisteurs au défi et leur poser des questions en réunion. Je pense que son personnel va être agréablement surpris quand il va gagner son respect et sa confiance. Il va leur donner beaucoup de corde et de nombreuses responsabilités. »
Hughes risque lui aussi d'en avoir plein les bottines, dès son arrivée en poste. Le Tricolore (8-25-5) est bon dernier au classement général de la LNH et il patauge en pleine misère depuis déjà quatre mois. Qu'importe de quel angle il regarde la situation, il devra rapidement prendre d'importantes décisions.
Sa capacité d'écoute et l'habitude qu'il a d'être près de ses clients pourraient l'aider à naviguer à travers les premiers mois de son règne, qui s'annoncent plutôt mouvementés. C'est ce que les Canadiens ont acquis en convainquant un agent de passer de l'autre côté de la clôture.
Un homme de hockey capable de rapidement prendre le pouls de son vestiaire et de réaliser ce qui doit changer.
« Quand quelqu'un a toujours évolué dans les bureaux d'une équipe, il a peut-être plus tendance à ignorer le côté humain des joueurs, a avancé Lecavalier. Comme agent, tu vois toujours plus loin que le joueur, tu te concentres sur l'individu. Je suis convaincu qu'il sera très à l'écoute.
« Il a l'habitude d'aider des joueurs à passer à travers des moments difficiles, des léthargies ou de la pression. Il sait trouver les bons mots, il fait ça tous les jours depuis 30 ans. Il va trouver son chemin et sa manière de fonctionner, mais il y a possibilité de se servir de cet atout-là comme directeur général. »
Hughes pourra aussi facilement se mettre dans les souliers d'un agent lorsque viendra le temps de négocier un contrat ou d'attirer des joueurs à Montréal, une tâche qui semble se compliquer d'année en année.
« Ça devient de plus en plus difficile en raison de la pandémie, du taux d'imposition et de la pression, a révélé Lecavalier. C'est extrêmement difficile de convaincre un joueur autonome de signer un contrat à Montréal. Kent a recruté des joueurs toute sa carrière et il a des atouts incroyables à ce chapitre-là. »
L'autre différence avec son métier d'agent, c'est que chacune de ses décisions sera analysée pendant des jours, voire des semaines, et qu'il aura à rendre des comptes à l'une des bases de partisans les plus intenses de la LNH. Un aspect qu'il ne connaît pas encore, mais que son expérience pourra l'aider à gérer selon son ancien partenaire.
« Il ne saute pas là-dedans aveuglément, a conclu Lecavalier. Il est né à Montréal et il a grandi à Montréal. Il est dans le monde du hockey depuis assez longtemps pour savoir ce que représentent les gros marchés en termes de pression médiatique, d'avoir une équipe gagnante et des résultats sur une base régulière.
« Je suis sûr que c'est une question qu'il s'est posée avant de prendre sa décision et qu'il en est venu à la conclusion qu'il pouvait bien gérer ça. »