Karlsson_OTT

OTTAWA -- Erik Karlsson a admis avoir eu peur.
Il y a quatre mois, des chirurgiens ont enlevé la moitié de l'os de la cheville gauche du défenseur des Sénateurs d'Ottawa pendant une opération afin de soigner des déchirures aux tendons.
Pendant son rétablissement, il a ressenti beaucoup d'incertitude. Pendant combien de temps allait-il être en convalescence? À quel point serait-il efficace au moment de son retour au jeu? Pourrait-il afficher le même niveau de talent qui avait fait de lui le meilleur marqueur parmi les défenseurs de la LNH au cours de trois des quatre dernières saisons?

Il a éprouvé un fort sentiment de soulagement la semaine dernière quand il a pu effectuer son retour dans l'alignement des Sénateurs. À l'aube de leur match face aux Flyers de Philadelphie jeudi (19 h 30 HE; RDS2, TSN5, NBCSP, NHL.TV), il a amassé six mentions d'aide en quatre matchs et a repris son rôle de catalyseur en avantage numérique.
En même temps, il déclare que le monde de hockey est témoin de la naissance d'un nouveau Karlsson. Il affirme avoir perdu un peu de ses aptitudes naturelles qu'il a affichées au début de sa carrière. La lacération qui a déchiré 70 pour cent de son tendon d'Achille dans sa jambe gauche en 2013 a laissé des traces, ainsi que les blessures qu'il a subies au pied et à la cheville la saison dernière.
« J'étais inquiet cet été », a avoué Karlsson, 27 ans. « [La cheville] ne se portait pas bien pendant un très long moment et je craignais que ma convalescence dure plus longtemps qu'elle a finalement duré. Mais ce sont les conséquences ou les risques que l'on court dans ce sport. J'ai dû les gérer.
« Mais à la suite d'une opération majeure, tu te demandes quand tu pourras revenir et si tu vas pouvoir jouer au même niveau. Et puis tu gères la situation quand le moment arrive. »
Parmi les difficultés que Karlsson a dû gérer est le fait qu'il n'est plus capable de dominer les matchs grâce à la vitesse et au style qui avaient défini son jeu.
« Je doute que je puisse redevenir ce genre de joueur, a-t-il confié. Depuis ma blessure au tendon d'Achille, puis avec celle-ci, je ne serai plus le même joueur. Je suis également plus âgé, et cela a également un impact, même si je ne suis pas très vieux.
« Je pense que j'ai accepté -- pas seulement moi, tout le monde doit l'accepter à un certain moment -- que je ne suis pas le même joueur que j'étais au début de ma carrière dans la LNH quand j'étais dans la fleur de l'âge. Tout le monde doit gérer l'usure naturelle. C'est pareil pour moi. »
Même si l'argument de Karlsson est logique, le Suédois va avoir de la difficulté à convaincre son entraîneur Guy Boucher, qui a qualifié Karlsson de « meilleur joueur du monde » la semaine dernière.
Et il pourrait également être difficile de faire changer d'avis ses adversaires comme les Kings de Los Angeles, qui viennent de voir Karlsson dégager la rondelle sur la ligne du but juste avant que le joueur de centre Anze Kopitar ne puisse marquer le but gagnant dans un filet qui devait être ouvert avec 1:14 à jouer à la période de prolongation au Centre Canadian Tire mardi. Les Sénateurs ont perdu 3-2 en tirs de barrage, mais Karlsson a mené tous les joueurs avec un temps d'utilisation de 29:30.
Dans un moment qui illustrait bien le respect que ses adversaires ont toujours envers lui, Karlsson a éclaté de rire au début de la prolongation alors que les joueurs des Kings discutaient de l'identité du joueur qui allait devoir lui faire face. Quand le défenseur des Kings Drew Doughty semblait suggérer que la tâche tombe sur les épaules de l'attaquant Dustin Brown, ce dernier a plutôt fait un geste vers le défenseur des Sénateurs Johnny Oduya comme pour dire, « Non, je préfère m'opposer à celui-ci. »

Karlsson est deux fois gagnant du trophée Norris (2012, 2015), remis au meilleur défenseur de la LNH, et il a été nommé finaliste pour l'obtention de cette distinction dans chacune des deux dernières saisons. Bien qu'il croie qu'il sera encore capable d'être un joueur efficace dans l'avenir, il le fera d'une façon différente.
Ce qu'il a perdu au chapitre de la vitesse et de l'accélération, il l'a compensé amplement par sa connaissance du hockey et sa capacité de jouer plus stratégiquement. De ce fait, il choisit maintenant le bon moment d'appuyer le pied sur l'accélérateur au lieu de filer toujours à toute vitesse comme il l'a fait à ses premières saisons.
« Une chose que j'ai apprise au fil des années, c'est que tu ne dois pas en faire trop au début de la saison parce que ça deviendra plus difficile pour toi à mesure que la saison progressera, a expliqué Karlsson. Je ne peux plus tenter d'épater la galerie à chacune de mes présences.
« Ce n'est pas ce dont nous avons besoin afin de remporter des matchs. Quand tu gagnes, tu prends de l'élan. Tu dois trouver le moyen d'épargner cette énergie supplémentaire pour les moments où tu en auras vraiment besoin au lieu de courir des risques à tout moment. »
Bien que Karlsson se dise flatté par le compliment de Boucher, son choix pour cet honneur est le joueur de centre des Penguins de Pittsburgh Sidney Crosby.
Karlsson sait que l'historique de blessures de Crosby a obligé le capitaine des Penguins à peaufiner son style de jeu au cours de sa carrière, à adopter un style où l'intelligence et l'éthique de travail compensent la perte d'un élément dynamique à l'attaque. À cet égard, Karlsson se voit dans la même veine que Crosby.
« Je crois qu'il faut toujours trouver de nouveaux moyens d'adapter ton jeu, a-t-il dit. Tu ne vas jamais jouer de la même façon dont tu as joué la saison précédente ou celle d'avant. Les choses changent toujours. Tu dois prendre soin de toi-même et de ton corps. Tu sais ce qu'il faut faire pour avoir du succès.
« Oui, [Crosby] est absolument un meilleur joueur qu'il l'était auparavant. Mais c'est en grande partie grâce à l'expérience et aux leçons qu'il en tire. Tu dois apprendre à t'adapter à la situation. Il a fait un excellent travail à ce chapitre et je tente de faire de même. Je ne suis plus aussi talentueux ou rapide que je l'étais auparavant, mais je crois plutôt que je suis un joueur plus complet.
« Tu sais ce qu'il faut faire pour avoir du succès. Et tu apprends à trouver des moyens pour rendre meilleurs les joueurs autour de toi. Ça, c'est la chose la plus importante. »