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NASHVILLE - Jaromir Jagr n'était pas certain s'il voulait y participer.
Il a 43 ans, bientôt 44, et il voulait se réserver un peu de temps pour se préparer physiquement à bien aborder le reste de la saison et, avec un peu de chance, à faire un long parcours en séries éliminatoires de la Coupe Stanley avec son équipe, les Panthers de la Floride.

Mais au bout du compte, après qu'il eut marqué un but digne des faits saillants de la journée et se soit même replié en défensive - oui, replié -, Jagr était bien content d'avoir pris part au Match des étoiles Honda 2016 de la LNH, dimanche.
« J'avais dit que j'aurais préféré rester à la maison et m'entraîner, me préparer en vue des 30 derniers matchs, a rappelé Jagr. Mais j'ai eu du plaisir, sans aucun doute. »
Difficile de trouver un appui plus convaincant pour le nouveau format qui a été mis en place cette année, alors que des joueurs de chaque section s'affrontaient dans un tournoi à 3 contre 3. Le tout remplaçait la formule traditionnelle des années passées.
« Même le match était pas mal du tout, en fait, a dit Jagr. J'étais un peu surpris. Défensivement, tout le monde voulait bien faire pour l'emporter. »
L'équipe de la section Atlantique de Jagr a perdu 1-0 en finale contre la section Pacifique, et le vétéran a deviné avec justesse qu'il s'agissait sûrement du plus petit nombre de buts jamais marqué à un Match des étoiles.
Quand la fin de semaine a commencé, son coéquipier chez les Panthers Roberto Luongo n'était pas convaincu que Jagr se présenterait… jusqu'à ce qu'il l'aperçoive en chair et en os à Nashville.
« On n'était pas sûr qu'il était même sur l'avion jeudi, alors on a eu droit à une belle surprise, a lancé Luongo avec un sourire en coin. Je crois même l'avoir vu se replier une fois aujourd'hui, ce qu'il ne fait même pas avec nous en Floride. Je ne sais pas, je vais peut-être en discuter avec lui pendant le retour à la maison. »
Jagr s'est effectivement replié à l'occasion d'une échappée du joueur de centre des Penguins de Pittsburgh Evgeni Malkin pendant le premier match de la journée, alors qu'il a tenté de soulever le bâton de son opposant au moment où Malkin glissait la rondelle derrière Luongo.
Il est donc arrivé un peu en retard, mais Luongo a insisté pour dire que c'est l'intention qui compte.
« Hé, il est revenu, a lancé le gardien. C'est tout ce qui compte. »
Les coéquipiers de Jagr au sein de l'équipe de la section Atlantique ont également eu l'occasion de comprendre un peu mieux ce que les autres joueurs des Panthers vivent tous les jours en côtoyant une légende vivante quotidiennement dans le vestiaire.
Le défenseur des Canadiens de Montréal P.K. Subban n'avait qu'un mot à l'esprit quand il a cherché à décrire le tout - à tel point qu'il l'a dit deux fois.
« Ouais, malade. Malade, a-t-il lancé. Ça va être pas mal haut dans ma liste de souvenirs de hockey. C'était vraiment, vraiment cool. »
Subban a répété ce que plusieurs autres joueurs étoiles de la section Atlantique ont mentionné, c'est-à-dire à quel point ils ont été impressionnés par la façon dont Jagr s'est préparé à jouer, même si c'était le Match des étoiles. Subban a même affiché un peu de timidité en parlant du statut de Jagr en tant que vedette, chose qu'on voit rarement chez un joueur lorsqu'il parle d'un coéquipier - et quelque chose qu'on voit très rarement de façon générale chez Subban.
« Il y a une aura autour de lui, vous ne trouvez pas? C'est Jaromir Jagr », a souligné Subban, en chuchotant presque afin d'éviter que Jagr l'entende de l'autre côté du vestiaire. « C'est pas mal malade. »
Le visage du défenseur des Sénateurs d'Ottawa Erik Karlsson s'est illuminé quand on lui a demandé comment il a vécu le fait de jouer en compagnie de Jagr et de l'avoir côtoyé au cours des derniers jours. Il a reconnu que certains joueurs ont hésité à aller voir Jagr et à lancer la discussion avec lui, en raison justement de cette aura à laquelle Subban a fait allusion; mais Jagr a tout fait pour fait disparaître ce malaise, a-t-il fait remarquer.
« Je crois que tout le monde le respecte tellement à plusieurs niveaux que ça crée parfois une certaine tension, a déclaré Karlsson. Mais en même temps, c'est une personne normale et il traitait tout le monde de la même façon. Il a de la classe. C'était bien de pouvoir jouer avec lui après l'avoir affronté tout ce temps, même si c'était seulement le Match des étoiles. Je suis très content d'avoir eu la chance de le faire. »