Carey Price Garon bug LNH

Mathieu Garon a disputé 12 saisons dans la LNH et a signé 144 victoires en 341 matchs. Il a porté les couleurs des Canadiens de Montréal, des Kings de Los Angeles, des Oilers d'Edmonton, des Penguins de Pittsburgh, des Blue Jackets de Columbus et du Lightning de Tampa Bay. Mathieu a accepté de collaborer avec l'équipe de LNH.com chaque semaine pour nous faire découvrir l'univers des gardiens de la LNH.
Les attentes envers le gardien numéro un des Canadiens de Montréal sont toujours plus grandes que nature. Lorsque celui-ci est étiqueté comme étant le meilleur au monde, elles deviennent alors pratiquement inhumaines. Autant il n'y a pas d'autres endroits dans la LNH où la victoire est aussi gratifiante, autant le contraire est vrai dans la défaite.

Nous avons été habitués à un Carey Price toujours en contrôle et constant soir après soir. À l'aube de la saison 2010-2011, un journaliste m'avait demandé de commenter les performances de Price après un dur camp d'entraînement et le départ de Jaroslav Halak. Ma réponse fut : « Carey Price est à mon avis le meilleur gardien de la LNH ». Soudainement deux ou trois journalistes se sont mis à rire, et l'un d'entre eux m'avait dit que je n'avais pas besoin de leur mentir parce que j'étais à Montréal. Cela faisait déjà un moment que je pensais qu'il était le meilleur. En plus d'être si fort entre les poteaux, il possédait une force mentale exceptionnelle.
Encore aujourd'hui ma réponse serait la même. Il est encore le meilleur au monde. Il traverse une période léthargique, mais il est le même gardien avec des attributs qui font de lui un phénomène. Nous sommes tous d'accord pour dire qu'il n'a pas été l'ombre de lui-même depuis le début de la saison, mais il n'a pas perdu son talent et ses pouvoirs. Il a simplement perdu ses repères et sa confiance. Il fait face à beaucoup d'adversité, et se doit de trouver un moyen de redevenir le Carey Price que l'on connaît.
Price est humain et, comme pour tous les gardiens au monde, certains matchs seront plus ardus que d'autres. Parfois, les déboires peuvent s'échelonner sur plusieurs matchs consécutifs. Je me souviens d'avoir eu des périodes plus difficiles et vous n'avez aucune idée à quel point on peut lire dans le visage de nos coéquipiers s'ils ont confiance en nous ou non. Lorsqu'on peut sentir un doute envers nous, la partie devient soudainement plus difficile à jouer. On pense et se questionne beaucoup trop. On se remet en question et chaque lancer devient une aventure, même les plus anodins.
Pour arriver à s'en sortir, il se doit de recommencer à simplifier le match comme lui seul peut le faire. Lorsque je visionne les parties, en tant que gardien, j'essaie évidemment d'étudier son style et de décortiquer ses mouvements et réactions. En réalité, c'est plutôt le fait qu'il effectue si peu de gestes qui font de lui un gardien aussi sensationnel. Il est capable de gérer son énergie et d'effectuer le moins de mouvements possible pour en arriver au même résultat. Il se laisse frapper par la rondelle en étant toujours au milieu de la ligne de tir. La lecture du jeu de Price et son style plus conservateur lui permettent d'être à la bonne place. Au cours des dernières semaines, on peut le voir hors position et parfois trop agressif.
En temps normal, quand je regarde un match auquel Price participe, je suis toujours envieux de son calme et de son talent exceptionnel. Il fait paraître son métier si facile. Que ce soit en entrevue ou sur la glace, il semble toujours être en contrôle et ça enlève énormément de pression des épaules de ses coéquipiers. Les joueurs et les entraîneurs, tout comme les partisans, peuvent facilement remarquer un gardien qui dégage une telle confiance. Pour les joueurs, de savoir leur gardien aussi calme et en contrôle a une grande influence sur leurs performances.
L'arrivée de l'entraîneur des gardiens Stéphane Waite a apporté beaucoup au numéro 31. Je me souviens du premier commentaire de l'entraîneur dès son embauche. Il voulait changer le « body language » de son nouveau gardien. À l'époque, Carey démontrait davantage ses émotions. Même si nous étions d'accord pour dire que ce n'était pas alarmant, on a pu constater à quel point ce fut bénéfique pour lui d'apporter ce petit changement. Dernièrement, lorsqu'il cède un but, il recommence à démontrer un peu plus à ses coéquipiers et ses adversaires que ça l'affecte. On ne peut le blâmer pour sa frustration, mais ça peut devenir contagieux.
En fin de compte, il doit simplement arrêter de penser trop et se fixer des objectifs à court terme. Il doit approcher les matchs lancer par lancer. J'ai toujours cru qu'il y a un arrêt par match qui fait souvent la différence. Que ce soit en début de match, en fin de période ou en désavantage numérique, cet arrêt donne souvent le momentum à une équipe et fait la différence entre la victoire et la défaite.
Il n'a besoin que d'une victoire pour arrêter l'hémorragie. Ensuite, tout va se replacer.