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Simon Benoit a beau avoir pris de nombreux détours - ou des sous-bois, comme il les appelle - pour finalement parvenir à la terre promise, il garde la tête froide et parle comme si tout s'était déroulé selon le plan prévu au départ.

À un point tel que son discours ressemble à celui d'un choix de première ronde qui n'attendait que de savoir à quel moment il disputerait son premier match dans la LNH.
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« Oui c'est un accomplissement en soi d'avoir joué dans la LNH parce que les chances d'y arriver sont très minces », a lancé le défenseur québécois, jeudi, au lendemain de son baptême de feu avec les Ducks d'Anaheim.
« Mais le travail facile est terminé. Oui, c'est un accomplissement personnel d'avoir joué un match, mais il y a autre chose ensuite. Le travail ne fait que commencer. La partie facile est derrière moi, et je dois maintenant prendre les bouchées doubles pour y rester. »
Ce que dit le jeune homme de 22 ans est loin d'être faux. Ce qui est plutôt étonnant, c'est de l'entendre utiliser le mot « facile » pour décrire son long et sinueux cheminement.
Ignoré deux fois au repêchage de la LNH, il a dû profiter d'une invitation au camp d'entraînement du club-école des Ducks, les Gulls de San Diego, pour décrocher un contrat d'un an de la Ligue américaine à 19 ans. Son rendement convaincant lui a ensuite permis de signer un contrat de trois saisons avec les Ducks.
C'est sans parler du fait que sa carrière a failli prendre une tournure bien différente dès son jeune âge. Il évoluait dans le midget AA et était sur le point de se diriger vers les rangs mineurs collégiaux avant qu'un départ au sein de l'équipe midget espoir de Laval lui vaille un rappel.
Sans ce revirement de situation, il n'aurait probablement jamais attiré l'attention du Rousseau Royal de Laval-Montréal, dans le midget AAA, en vue de la saison suivante, et encore moins celle des Cataractes de Shawinigan, qui ont ensuite fait de lui le 129e choix du repêchage de la LHJMQ en 2015.
Vous comprendrez donc que rien ne lui a été donné. Et qu'on a déjà vu plus « facile » comme parcours.
« Ce sont des concours de circonstances, a-t-il reconnu. Quand on me demande comment j'ai fait pour me rendre ici, je réponds toujours que ça prend du travail, du talent, et de la chance. Quand tu arrives dans une équipe qui a une place pour toi, elle va te donner toutes les chances au monde de réussir.
« J'étais aux bons endroits aux bons moments, mais quand c'était le temps de saisir ma chance, je l'ai fait sans hésiter. »
Chance ultime
Il a réussi à le faire à tous les niveaux, et il obtient désormais l'ultime chance de se tailler une place dans la cour des grands. La formation californienne n'a plus que six matchs à disputer cette saison, mais Benoit voit la porte s'ouvrir, ainsi qu'une possibilité de laisser une belle carte de visite en vue de la prochaine saison.
Sa belle histoire en sera aussi une à succès pour le programme de développement des Ducks, qui ne cesse de fournir de jeunes talents. Non seulement ont-ils eu le flair d'offrir une audition au jeune Québécois et d'ensuite le garder dans leur giron, ils lui ont aussi donné tous les outils pour atteindre son rêve.
« On a vu son potentiel dès qu'il est arrivé à San Diego. Il avait une intensité au travail et une grande volonté de bien faire », s'est souvenu Sylvain Lefebvre, l'entraîneur en charge des défenseurs chez les Gulls.
« Quand tu as ta chance chez les professionnels, tu veux prouver à tout le monde que tu aurais dû être repêché et que tu mérites ta place. Sa situation me rappelle la mienne au même âge. Simon voulait tellement apprendre. C'est une fierté de le voir dans la LNH, surtout quand on sait tout le travail qu'il y a mis. C'est un kid qui a de bonnes valeurs et le cœur à la bonne place. »
Difficile de se tromper dans ce temps-là. À force de patience et d'efforts, les Ducks ont désormais un défenseur physique et mobile qui semble prêt à prendre davantage de responsabilités. On ignore combien de temps durera ce rappel, mais on sait que Benoit n'a pas l'habitude de regarder derrière.
« Je ne veux pas leur donner une raison de me rétrograder, a-t-il conclu. Je veux bien faire les choses et prendre une longueur d'avance en vue de l'année prochaine. À partir de maintenant, je dois simplement continuer à travailler. »
À ce stade-ci, ils ne sont plus beaucoup à parier contre ses chances.