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Porté par une délégation québécoise au sommet de sa forme et par la foule endiablée du Centre Bell, le Canada a apposé son sceau sur le trône du Championnat mondial junior en battant ses éternels rivaux américains 4-2 dans le match pour l'obtention de la médaille d'or.
Dans un match dont on se souviendra longtemps, Thomas Chabot, Jérémy Lauzon, Nicolas Roy et Mathieu Joseph ont tous touché la cible pour mener la troupe de Dominique Ducharme vers une deuxième conquête consécutive de l'or en sol canadien.
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Ces lignes, elles auraient pu être les premières d'un texte publié le soir du 5 janvier dernier si l'impensable ne s'était pas produit.

Si la tendance s'était maintenue.
Si le match avait duré seulement 44:05.
Si les Canadiens n'y avaient pas trop cru.
« Bien honnêtement, quand nous avons fait 4-2, je pense que tout le monde avait le même sentiment. Tout le monde pensait que ça pouvait y être, que nous avions quasiment gagné », a admis Chabot, qui a été nommé défenseur par excellence du tournoi.
« Je pense que nous nous sommes excités un peu trop, a-t-il ajouté. Nous étions trop excités de mener par deux buts. »
Mais qui pourrait blâmer des jeunes âgés entre 17 et 19 ans de « trop s'exciter » quand ils prennent deux buts d'avance avec une quinzaine de minutes à faire à la finale d'un Championnat mondial? Devant 20 173 spectateurs vêtus de chandails unifoliés et plus bruyants que jamais?
Personne.
Tout le monde croyait que ça y était. Les spectateurs festoyaient et les textes de plusieurs journalistes - dont l'auteur de ces lignes - étaient déjà bien entamés.
Mais il restait 15:55. Et ces tenaces et talentueux Américains avaient déjà comblé un déficit de deux buts en deuxième période dans ce match de fou. Il aurait fallu s'en douter.
C'est toutefois mieux de rêver que de douter, non?
« Nous pensions que nous l'avions, a lancé l'attaquant Julien Gauthier. Mais ça prend deux lancers. »
Michel Lacroix, la voix du Centre Bell, finissait à peine d'annoncer le but de Joseph que Kieffer Bellows réduisait l'écart à un but. 4-3, 39 secondes plus tard. À ce moment, le doute et la nervosité se sont installés dans le camp canadien.
Les locaux ont bien tenté de renverser la vapeur, mais on sentait bien que le ciel allait leur tomber sur la tête tôt ou tard. Les Canadiens attaquaient timidement et se repliaient rapidement pour ne pas causer l'erreur qui mènerait au but égalisateur.
Jouer de manière trop prudente, c'est rarement une très bonne idée. Surtout contre une équipe qui comptait sur autant d'éléments offensifs que les États-Unis.
« C'était tellement un match qui allait d'un bord et de l'autre, s'est souvenu Roy. Une équipe avait le momentum, et tout de suite après, c'est l'autre qui l'avait. »
Après leur troisième but, les Américains avaient clairement en leur possession ce fameux concept abstrait qu'est le momentum. Et ce qui devait arriver arriva.
Un peu plus de trois minutes après le but de Joseph, le défenseur Adam Fox a dirigé un tir-passe vers Colin White à l'embouchure du filet et le tour était joué. Égalité 4-4. Silence radio dans le Centre Bell.
« Ç'a été crève-coeur quand ils ont fait 4-4 », a simplement dit Gauthier.

Assommés, mais pas morts, les Canadiens ont tenté de se relever. Ils ont obtenu des chances - dont une cage béante ratée par Pierre-Luc Dubois - avant la fin du temps réglementaire et le gardien Carter Hart a fait des petits miracles en prolongation pour finalement forcer la tenue des tirs de barrage.
« Les tirs de barrage, c'est un gardien et un joueur qui contrôlent ça, a rappelé Chabot. C'est comme si tu tirais un 25 cennes dans les airs et que tu attendais de voir de quel côté il va tomber. »
Vous connaissez le reste de l'histoire. La pièce de 25 cennes est tombée du côté de l'aigle plutôt que celui du caribou. Les États-Unis ont quitté Montréal avec l'or au cou et les Canadiens avec le moral dans les talons.
Même si les souvenirs de ce douloureux revers font encore mal aujourd'hui, on sent qu'il ne sera pas survenu en vain pour ces jeunes hockeyeurs qui aspirent tous à jouer dans la LNH. Déterminés à ne pas revivre cet échec, Chabot, Gauthier et Joseph se sont notamment servis de la déception encore vive pour remporter la Coupe du Président, quelques mois plus tard.
« C'est sûr que ce n'est pas la fin que l'on désirait, a affirmé Gauthier. Mais c'est probablement un des meilleurs matchs de finale de l'histoire du Championnat mondial. J'en garde beaucoup de beaux souvenirs.
« J'aurais aimé gagner, mais nous en avons retiré un beau bagage d'expérience. »
Un bagage sans médaille d'or, mais un bagage certainement aussi formateur.
Avec la collaboration d'Anthony Marcotte, collaborateur LNH.com