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À l'approche du Repêchage 2020 de la LNH, alors que le Québécois Alexis Lafrenière devrait être sélectionné au tout premier rang, LNH.com vous offre à nouveau sa série d'articles écrits après avoir discuté avec plusieurs joueurs francophones qui ont été repêchés au premier rang au total. Ces joueurs ont offert des conseils à Lafrenière et sont revenus sur la journée de leur propre repêchage.
Aujourd'hui, Denis Potvin, premier choix au total en 1973.
Denis Potvin conserve des souvenirs impérissables de sa sélection au tout premier rang de la séance de repêchage de la LNH en 1973.
« Je me souviens de plusieurs choses. C'était, dans le temps, la journée la plus palpitante de ma vie! », affirme en entrevue à LNH.com le Franco-ontarien natif d'Overbrook, aux portes de l'Outaouais.

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Âgé de 19 ans et demi, le talentueux défenseur à la solide carrure venait de compléter sa cinquième saison dans les rangs juniors, avec les 67's d'Ottawa. À l'époque, on repêchait les joueurs à un âge plus élevé que 18 ans.
Celui qu'on identifiait comme le successeur de Bobby Orr se savait depuis longtemps dans la mire des Islanders de New York, détenteurs du premier choix.
« La perspective de joindre les Islanders m'emballait, même si j'avais grandi en étant un partisan des Canadiens de Montréal et de leur capitaine Jean Béliveau, avoue-t-il. C'était une jeune équipe en plein développement. Je me disais que je pourrais rapidement jouer avec eux. »
Il dit ne pas trop l'avoir réalisé sur le coup, mais les Canadiens ont essayé fort de ravir aux Islanders leur premier choix.
« Le directeur général Bill Torrey m'a raconté l'histoire plus tard, confie Potvin, qui est âgé de 66 ans. Sam Pollock des Canadiens voulait vraiment m'avoir et il lui a fait plusieurs offres alléchantes impliquant des joueurs qui venaient de remporter la Coupe Stanley. Le repêchage avait lieu à Montréal, à l'Hôtel Mont-Royal, et Bill m'a conté que toutes les fois qu'il croisait Pollock autour de l'hôtel, il lui proposait un nouveau joueur. »
La séance de repêchage était beaucoup plus sobre qu'aujourd'hui, quoique la séance 2020 devrait avoir des relents de celle du 15 mai 1973 en raison de la pandémie de la Covid-19.
« L'événement se déroulait dans une grande salle de l'hôtel, sans public. J'étais présent avec ma famille. J'étais même assis à la table des Islanders avant qu'ils me sélectionnent. »
Potvin relate la scène comme si elle s'était déroulée hier.
« Le président de la ligue Clarence Campbell s'est présenté au podium, prêt à annoncer le début du repêchage. Mais on a alors vu Pollock se lever de la table des Canadiens, passer devant Campbell et venir à la table des Islanders afin de parler avec Bill Torrey une dernière fois. Je me souviendrai toujours. J'étais nerveux en "tabarouette". Je les voyais discuter, mais je n'entendais rien. Puis, Pollock est retourné à la table des Canadiens et M. Campbell a procédé à l'ouverture du repêchage. C'est là que les Islanders ont confirmé mon choix. Ç'a été un moment extraordinaire. »
Potvin a dit que Torrey, l'architecte de la dynastie des Islanders au début des années 1980 de regrettée mémoire, lui avait toujours dit qu'il n'avait jamais envisagé de ne pas le repêcher.
« Mon entraîneur pour la dernière saison à Ottawa a été l'ancien défenseur Léo Boivin. Il m'a beaucoup aidé. Il m'enseignait ce que je devais faire afin d'avoir du succès chez les professionnels. Il a vraiment été bon pour moi. Il était souvent en contact avec Bill (Torrey) et l'entraîneur des Islanders Al Arbour. Je sais qu'il leur avait fortement suggéré de me garder et Bill m'a toujours dit qu'il n'a jamais eu en tête d'échanger son premier choix.
« J'imagine que j'aurais dû faire mes classes pendant quelques saisons dans la Ligue américaine, si les Canadiens m'avaient repêché », glisse-t-il avec un sourire dans la voix.
La tradition d'enfiler le chandail de l'équipe qui vous repêche n'était pas encore en vogue en 1973.
Potvin garde plutôt le souvenir d'une photo l'illustrant en compagnie des deux espoirs réclamés après lui, soit dans l'ordre Tom Lysiak des Flames d'Atlanta et Dennis Ververgaert des Canucks de Vancouver.
« Je ris encore aujourd'hui en revoyant la photo. La mode était flyée en 1973, mais mon père m'avait dit : "Tu ne porteras pas un veston coloré, il faut que tu ressembles à un homme d'affaires". Le veston noir classique, ça ne m'emballait pas trop, mais j'ai écouté mon père. Quand j'ai vu Ververgaert vêtu d'un complet à carreau, je me suis dit qu'il avait raison. C'est une magnifique photo. Lysiak porte un énorme nœud papillon et moi une moustache "Fu Manchu". Puis, regardez les souliers qu'on avait. Ça fait style "Miami Vice" », décrit-il en s'esclaffant.
L'habit ne fait pas le moine, dit-on. Potvin allait connaître une fantastique carrière de 15 saisons, qui a été jalonnée de plusieurs récompenses individuelles et de quatre conquêtes de la Coupe Stanley à titre de capitaine des Islanders.