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SAINT-AGAPIT -David Desharnais est prêt à vivre un choc culturel afin de retrouver le plaisir de jouer au hockey. Son baluchon est presque prêt, dans environ un mois le vétéran joueur de centre joindra les rangs du Lokomotiv de Yaroslavl dans la KHL, en Russie, pour la prochaine saison.
« Ce sera une expérience de vie. Je m'en vais là-bas avec ma conjointe et notre enfant en ayant l'esprit ouvert », a-t-il mentionné en entrevue en fin de semaine dernière. « Je n'ai pas pris trop d'informations au sujet de l'équipe et de la ville, à part l'endroit où nous habiterons. C'est le plus important pour moi. Pour le reste, c'est du hockey, ça devrait aller. Je n'ai aucune idée du calibre de jeu dans la KHL, mais je ne devrais pas être dépaysé. Le langage du hockey est universel. »

L'ancien des Canadiens de Montréal quitte la LNH la tête haute, à l'âge de 31 ans, après y avoir disputé 524 matchs, incluant 89 dans les uniformes des Oilers d'Edmonton (18) et des Rangers de New York (71) au cours des deux dernières saisons. La décision qu'il a prise a été le fruit d'une réflexion qui s'est intensifiée à la suite de la date limite des transactions, en février.
Voyant que les Rangers n'avaient pas trouvé preneur pour ses services à l'approche des séries éliminatoires, il s'est dit que l'intérêt des équipes n'irait pas en augmentant d'ici à l'ouverture du marché des joueurs autonomes, le 1er juillet.

« Les Rangers ont échangé tous leurs joueurs qui en étaient à leur dernière année de contrat, sauf moi », a-t-il raconté dans le cadre de la Classique de golf des Étoiles, un tournoi caritatif auquel il prête son nom dans son patelin sur la rive-sud de Québec. « Mon conseiller m'a dit qu'ils avaient essayé, mais qu'il y avait peu d'intérêt. J'ai pensé qu'il n'y en aurait pas davantage le 1er juillet. Je sentais que le tapis pouvait me glisser sous les pieds. J'aurais peut-être pu obtenir un contrat à deux volets et courir le risque d'être cédé dans les rangs mineurs. Je ne voulais pas ça pour ma famille. »
Talbot, l'intercesseur
Desharnais s'est immédiatement montré ouvert à l'idée de s'expatrier en Russie quand le Lokomotiv l'a contacté. L'attaquant québécois Maxime Talbot, qui est membre de l'équipe depuis deux saisons, a agi comme intercesseur.
« Max et moi nous n'avons jamais joué ensemble, mais nous nous connaissons depuis longtemps, a-t-il expliqué. Il ne m'a parlé qu'en bien de l'organisation et de la ville. Il sera de retour avec l'équipe pour une troisième saison, avec sa conjointe et leurs trois enfants. Il sera mon guide. C'est sûr que ç'a pesé dans la balance.
« Après mûres réflexions, je me suis dit : "Pourquoi pas? Nous découvrirons un nouveau pays". »
Desharnais a dit être rendu au stade de sa carrière où il souhaite réoccuper un plus grand rôle au sein d'une équipe.
« J'étais quelque peu tanné de moins jouer. Je ne veux pas dire que je mériterais plus de temps de jeu, mais je veux jouer davantage. J'estime que je pourrais encore tenir mon bout dans la LNH, mais je veux retrouver le plaisir de jouer. »
Il veut réintégrer le top-6 des attaquants d'une équipe, ce qu'il croit possible en Russie. Il juge que son style de jeu va bien cadrer sur les grandes patinoires européennes.
« Le jeu est moins physique, il y a moins de matchs. Ce sera moins dur pour le corps. »
Il a paraphé une entente d'une seule saison, en ne cachant pas que la Suisse pourrait être une prochaine destination. Desharnais a porté les couleurs du Fribourg-Gottéron lors du dernier conflit dans la LNH en 2012. Il a grandement apprécié l'expérience.
« La Suisse sera toujours une possibilité. L'équipe pour laquelle j'ai joué me connaît très bien. »
Content pour Eller
Desharnais s'est intéressé aux séries éliminatoires de la Coupe Stanley avant de faire ses bagages. Il s'est dit « bien content » pour son ancien coéquipier Lars Eller, qui a remporté la Coupe Stanley avec les Capitals de Washington.

« Nous sommes arrivés en même temps chez les Canadiens, a mentionné Desharnais. Lars est un travaillant, si seulement on l'avait laissé dans son rôle au lieu d'essayer… », a-t-il ajouté sans compléter sa phrase. « Lars est super bon dans un rôle de troisième centre qui peut venir frapper en relève sur un des premiers trios. Il avait été excellent pour nous en séries, il l'a de nouveau été cette année. Il aurait fallu le garder dans son rôle. »
Chez les Canadiens, on aurait voulu le voir éclore davantage à l'attaque. Eller lui-même aurait souhaité apporter une plus grande contribution. L'équipe lui a peut-être causé du tort en l'utilisant souvent à l'aile.
« C'est plus facile pour lui d'accepter son rôle quand tu vois que les centres des deux premiers trios sont indélogeables.
« Avec les Canadiens, il y avait Tomas Plekanec et moi comme joueurs de centre des deux premiers trios. Il se disait : "Pourquoi je ne serais pas capable de les remplacer?" À Washington, il ne se pose pas de questions avec Evgeny Kuznetsov et Nicklas Backstrom devant lui. Il s'impose moins de pression en sachant qu'il est à sa place. Ça ne l'empêche pas de faire du bon travail quand on fait appel à ses services dans un des premiers trios.
« C'est ce qui fait la différence. Il a également gagné en maturité j'imagine. Ça vient avec l'expérience. »