Pavel Datsyuk

BUFFALO - Ken Holland a sorti un lapin de son chapeau quand il a échangé le « Magic Man ».
Le directeur général des Red Wings de Detroit s'est départi du montant de 7,5 millions $ que représentait le salaire du joueur de centre Pavel Datsyuk aux fins du plafond salarial, vendredi, à l'occasion du repêchage de la LNH tenu au First Niagara Center. Il s'est ainsi dégagé une marge de manœuvre sur le plan financier qui lui permettra de renflouer sa formation au moyen d'autres transactions ou du marché des joueurs autonomes.

Pour y arriver, il a conclu un marché avec les Coyotes de l'Arizona qui l'a amené à reculer de seulement quatre rangs au premier tour et à faire l'acquisition d'un choix de deuxième tour, alors qu'il n'avait aucun choix de troisième tour. Il a mis la main sur l'attaquant Joe Vitale, qui a encore un an à écouler à son contrat à raison d'un montant de 1,1 million $ aux fins du plafond salarial. Mais Vitale n'a disputé qu'un match la saison dernière, en raison d'une commotion cérébrale. Si les Red Wings inscrivent son nom sur la liste des blessés à long terme, son salaire ne sera pas comptabilisé.
Pour les Red Wings, qui se retrouvaient dans une situation délicate, c'est là un dénouement heureux et un énorme soulagement.
« Évidemment, nous avons maintenant la flexibilité voulue pour faire ce que nous voulons faire, a noté Holland. On verra. »
Qu'est-ce que les Red Wings veulent faire au juste ?
Holland ne pouvait pas en dire trop là-dessus en raison des règles contre le maraudage. Mais il a indiqué que de façon générale, il est à la recherche d'attaquants. Parmi ceux qui risquent de devenir joueurs autonomes sans compensation d'ici une semaine, on retrouve le joueur de centre du Lightning de Tampa Bay Steven Stamkos. Il y a aussi David Backes, Frans Nielsen, Kyle Okposo et Troy Brouwer, entre autres.
Les équipes pouvaient commencer à discuter avec les joueurs autonomes après minuit vendredi soir. Lorsqu'on lui a demandé s'il prévoyait être au téléphone à minuit une minute, Holland a répondu : « Je ne sais pas si ce sera à minuit une, mais je ferai certainement des appels [samedi]. »
Holland s'est sorti d'une situation difficile.
Datsyuk avait fait sa place parmi les meilleurs joueurs dans la riche histoire des Red Wings. Il a remporté le trophée Lady Byng quatre fois, le trophée Selke trois fois et la Coupe Stanley à deux reprises. On l'avait surnommé le « Magic Man » en raison de ses feintes à la Houdini. Datsyuk était encore un des meilleurs joueurs des Red Wings à l'âge de 37 ans et il restait un an à son contrat.
Mais Datsyuk a décidé de retourner chez lui en Russie pour jouer dans la KHL et être plus près de sa fille. Et ce, même s'il savait que selon les modalités de la convention collective, les Red Wings allaient être obligés de comptabiliser le montant de 7,5 millions $ équivalant à son salaire annuel moyen aux fins du plafond salarial durant la prochaine saison. Il a annoncé le 18 juin qu'il quittait Detroit.
Holland semblait alors peu optimiste quant à ses chances d'échanger le contrat de Datsyuk. Peut-être cherchait-il à gérer les attentes. Peut-être qu'en parlant ainsi publiquement, il préparait le terrain en vue des négociations avec ses homologues. Ou peut-être était-il tout simplement réaliste, étant donné que peu d'équipes semblaient aptes, voire prêtes, à absorber le salaire de Datsyuk dans le cadre d'un marché raisonnable. Holland ne voulait pas laisser partir trop d'actifs, surtout s'il s'agissait de jeunes joueurs de premier plan.
Holland s'est aperçu qu'en fin de compte, le nombre d'équipes intéressées était plus important qu'il l'avait prévu. Sauf que plusieurs d'entre elles voulaient se départir d'un contrat mal avisé en retour. Holland aurait été disposé à conclure certaines transactions s'il avait eu besoin d'une plus grande marge de manœuvre au moment où le marché des joueurs autonomes allait s'ouvrir, le 1er juillet, mais le prix à payer aurait alors été plus important qu'il l'a été vendredi.
Le directeur général des Coyotes John Chayka a communiqué avec Holland durant le repêchage parce qu'un joueur qui les intéressait n'avait pas encore été réclamé. Les Red Wings avaient le 16e choix et les Coyotes, le 20e. Detroit a échangé Datsyuk et le 16e choix à Phoenix en retour du 20e choix, du 53e choix et de Vitale.
Ce n'est pas un mauvais marché pour les Coyotes. Ils ont sélectionné le joueur qu'ils voulaient, Jakob Chychrun, un défenseur du Sting de Sarnia dans la Ligue de hockey de l'Ontario. Ils ont cédé un choix de deuxième tour, mais ils avaient beaucoup d'espace sous le plafond salarial, ils n'auront pas à payer le salaire de Datsyuk et ils n'auront plus à payer le salaire de Vitale.
La transaction en soi est formidable pour les Red Wings. Mais il reste quand même à voir ce qui arrivera.
Comment se serviront-ils de cette marge de manœuvre accrue? S'entendre avec Stamkos est plus facile à dire qu'à faire, tout comme ça l'est pour les autres joueurs qu'ils pourraient cibler en priorité.
Quel impact auront les choix au repêchage? Après que les Coyotes eurent choisi Chychrun, les Predators de Nashville ont réclamé Dante Fabbro, un défenseur de Penticton de la British Columbia Hockey League (BCHL); les Jets de Winnipeg ont sélectionné Logan Stanley, un défenseur des Spitfires de Windsor dans la LHO; et les Islanders de New York ont mis la main sur Kieffer Bellows, un attaquant du programme de développement de l'équipe nationale des États-Unis. Les Red Wings se sont retrouvés avec Dennis Cholowski, un défenseur de Chilliwack dans la BCHL. Leurs dépisteurs adorent son coup de patin.
Mais maintenant, les Red Wings ont l'occasion de réaliser un coup d'éclat et peut-être même de remplacer Datsyuk, ce qu'ils allaient devoir faire de toute manière.
« Évidemment, c'est énorme, a reconnu Holland. C'est 7,5 millions de dollars. »
Et maintenant, la prochaine étape.
« J'espère les dépenser », a lancé Holland.