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Bowen Byram n'avait clairement pas envie d'être là, mais son rôle de capitaine ne lui laissait pas le choix.

Posté au centre de la glace à côté du plateau de médailles d'argent, le défenseur avait la pénible tâche d'enfiler la pièce tant redoutée au cou de ses coéquipiers - pandémie oblige. Vers la fin du laborieux exercice, Byram n'a pu retenir ses larmes et a éclaté en sanglots.
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L'image démontrait à la fois toute la douleur et la volonté qu'avait cette équipe canadienne de mettre la main sur une deuxième médaille d'or en autant d'années. Les États-Unis se sont toutefois dressés sur leur chemin.
« Le plus important, je crois, c'est que même si nous n'avons pas gagné la médaille d'or et que nous avons perdu le dernier match, nous sommes quand même une excellente équipe qui a connu tout un tournoi », a-t-il fait valoir après avoir retrouvé ses esprits à la suite du revers de 2-0, mardi.
« Parfois, ça ne tourne juste pas en ta faveur. Ce match n'enlève rien à notre groupe. Nous sommes fiers de tout un chacun, et j'espère que les amateurs et toute la planète hockey pensent la même chose. C'est seulement une pilule qui est très difficile à avaler en ce moment. »
Ce qu'a dit l'espoir de l'Avalanche du Colorado n'est pas faux. La formation canadienne a conclu le tournoi avec une fiche de 6-1, marquant 41 buts au passage et n'en accordant que six. De parler d'une domination, ici, serait un euphémisme.
Mais déjà que chaque année, les amateurs du pays réclament l'or ou rien, les attentes envers cette équipe étaient encore plus élevées - si cela est possible. Avec 20 choix de première ronde au repêchage de la LNH sur un total de 25 joueurs, on a même évoqué l'idée qu'il s'agissait de la meilleure équipe de tous les temps.
« C'est un des groupes, sinon le groupe le plus uni que j'ai vu avec Équipe Canada junior », a fait valoir l'entraîneur-chef André Tourigny, qui avait agi comme adjoint à quatre occasions auparavant.
« Un tournoi à court terme comme celui-là, ce n'est jamais pareil comme une équipe qui se bat pendant quelques années ensemble. Mais ça commençait à ressembler à ça. C'est très émotif en ce moment et c'est difficile à accepter. C'est difficile de voir ce résultat quand les gars ont tellement pris ça à cœur. »
La défaite face aux États-Unis vient en effet ternir tout ce que l'équipe avait accompli avant la finale. Elle avait entre autres aisément disposé de la Finlande, médaillée de bronze, et de la Russie, quatrième au classement, avant son rendez-vous contre les Américains.
En fin de compte, la facilité désarmante avec laquelle elle s'est faufilée jusqu'en finale aura été un couteau à double tranchant. Le manque d'adversité sur la patinoire ne leur aura pas permis de se préparer convenablement à y faire face dans un match sans lendemain.
« Nous avions fait face à beaucoup d'adversité avec les quarantaines auxquelles nous avons dû nous soumettre », a rétorqué l'attaquant Dylan Cozens. « […] Je suis très fier de ce groupe. Nous avons passé 53 jours ensemble dans les hôtels et nous avons été confinés chacun dans nos chambres pendant 19 jours.
« Nous avons développé une chimie tellement rapidement sans même être en mesure de nous côtoyer. Nous avons bataillé les uns pour les autres. Nous avons tout donné chaque match, même si nous ne nous retrouvons pas du bon côté ce soir. »
Cette édition d'Équipe Canada junior n'aura pas été en mesure de terminer le travail et elle traînera longtemps avec elle un astérisque, malgré tout le talent qui y était rassemblé. Mais à l'interne, on se souviendra toujours de cette édition comme celle qui est passée à un gain de l'or dans un contexte absolument exceptionnel.
« C'est une expérience marquante, a conclu Tourigny, la gorge nouée. On a créé des liens pour la vie avec les joueurs, le personnel et tout le monde. On n'oubliera jamais ça. »