Lemieux_Jagr_92Cup

Note de la rédaction : La liste des meilleures équipes de la LNH est réduite à 10 à la suite de trois rondes de scrutin auprès des partisans. Au cours de la Finale de la Coupe Stanley, les 10 meilleures équipes championnes de la Coupe Stanley de tous les temps seront dévoilées. Au deuxième rang, on retrouve les Penguins de Pittsburgh de 1991-92.
Un joueur des Blackhawks de Chicago après l'autre a essayé de le freiner, trois en tout, et ils ont tous eu l'air fous, comme s'ils patinaient dans la mélasse. On était vers la fin du premier match de la Finale de la Coupe Stanley 1992 disputée entre les Blackhawks et les Penguins de Pittsburgh. Quand Jaromir Jagr, le prodige de 20 ans des Penguins, a eu fini de manœuvrer jusqu'au filet adverse, il a dirigé le disque du revers au-delà du gardien des Blackhawks Ed Belfour, inscrivant alors un but qui n'était pas seulement un des jeux individuels les plus époustouflants dans les annales des séries éliminatoires de la Coupe Stanley - le capitaine des Penguins Mario Lemieux l'a qualifié de plus beau but qu'il ait jamais vu -, mais aussi peut-être le fait saillant d'un printemps qui s'est pourtant avéré fort spectaculaire grâce aux Penguins de 1991-92.

« Quand tu l'emportes une fois, les gens se posent des questions, a fait remarquer l'attaquant Kevin Stevens à Sports Illustrated. Quand tu l'emportes deux fois, ce n'est plus un coup de chance. »
En défendant avec succès leur titre de champions de la Coupe, les Penguins ont montré qu'ils maîtrisaient l'art d'atteindre le sommet de leur forme au bon moment, affichant en cours de route une détermination implacable autant sur le plan mental que physique. En effet, au mois de novembre 1991, quelques semaines après le début de la saison, les Penguins avaient pleuré le décès de leur entraîneur qu'ils adoraient tant, Bob Johnson, celui qui les avait menés à leur première conquête de la Coupe six mois plus tôt.
« On a beaucoup appris de Bob - on a appris comment gagner, a affirmé Lemieux. On a une équipe très difficile à diriger, une équipe qui était reconnue pour son offensive, mais il nous a appris comment jouer en défensive. C'est surtout grâce à lui qu'on a remporté la Coupe Stanley.
« Personne ne croyait qu'on pouvait l'emporter… mais Bob nous a amenés à croire que tout était possible. »
Scotty Bowman, le directeur du personnel des joueurs chez les Penguins, a été nommé au poste d'entraîneur. Bien qu'il ait pris en mains une équipe qui comptait Lemieux, considéré par la majorité des gens comme le meilleur joueur dans la LNH, l'électrisant Jagr et des joueurs de premier plan comme Stevens, le défenseur Paul Coffey ainsi que les attaquants Ron Francis et Joe Mullen, rien ne leur était facile. Lemieux a été le meilleur marqueur avec une récolte de 131 points (44 buts, 87 aides), mais des maux de dos l'ont gêné pendant toute la saison. En demi-finale de la section Patrick, les Penguins se sont retrouvés en déficit de 3-1 dans la série contre les Capitals de Washington avant de s'imposer en sept rencontres. Ils se sont inclinés dans deux de leurs trois premiers matchs de la finale de section contre les Rangers de New York, perdant les services de Lemieux jusqu'à la fin de la série après qu'il eut subi une fracture à la main, victime d'un coup de bâton donné par l'attaquant Adam Graves durant le deuxième affrontement.
Les Penguins ont rebondi et remporté les trois derniers matchs avant de balayer les Bruins de Boston en Finale de l'Association de Galles, ce qui leur a permis d'amorcer la Finale de la Coupe Stanley forts d'une séquence de sept victoires.
« Nous évitions de nous laisser emporter par les émotions et nous faisions ce qu'il fallait pour gagner », a noté Stevens.

Et à ce moment-là, alors que la foule au Civic Arena à Pittsburgh avait à peine eu le temps de s'installer en vue du premier match de la Finale, les Penguins ont eu besoin de ce calme olympien plus que jamais. Les Blackhawks ont marqué après seulement 6:34 de jeu, ont pris les devants 3-0 en première période et 4-1 au milieu du deuxième engagement.
L'attaquant des Penguins Rick Tocchet, que l'équipe avait obtenu en fin de saison des Flyers de Philadelphie, a marqué tard en deuxième période pour un score de 4-2. Lemieux a réduit l'écart à 4-3 près d'une minute plus tard en tirant d'un angle impossible, de la ligne de but, et puis Jagr y est allé de son effort en solo alors qu'il restait un peu moins de cinq minutes à faire en troisième. C'était donc l'égalité 4-4, puis Lemieux a réussi le but vainqueur, poussant dans le filet le retour d'un tir frappé de Larry Murphy pendant un jeu de puissance, alors qu'il y restait 13 secondes à disputer au troisième engagement.
Les Penguins ont vu Lemieux inscrire deux autres filets dans le deuxième match, alors qu'ils ont eu le dessus 3-1, puis ont profité d'une prestation étincelante de 27 arrêts de leur gardien Tom Barrasso dans un gain de 1-0 lors de la troisième rencontre.
Au cours du match no 4, c'était l'égalité en troisième période à la suite d'un tour du chapeau de l'attaquant des Blackhawks Dirk Graham quand Murphy et Francis ont tour à tour trouvé le fond du filet pour permettre aux Penguins de s'imposer 6-5. C'était là leur 11e victoire de suite - la plus longue séquence du genre par une équipe au cours des mêmes séries éliminatoires, un record que Pittsburgh partage avec les Blackhawks de 1991-92, justement, et les Canadiens de Montréal de 1992-93.
Lemieux, sans surprise, a obtenu un deuxième trophée Conn Smythe d'affilée en tant que joueur le plus utile à son équipe dans les séries, lui qui a récolté 34 points (16 buts, 18 aides) en 15 matchs éliminatoires.
On lui a demandé si les Penguins pouvaient désormais être considérés comme une dynastie.
« C'est un mot plutôt fort quand on parle de dynastie, a dit Lemieux. On verra le printemps prochain. »
Les Penguins ont ensuite commencé à célébrer la conquête de leur deuxième championnat de la Coupe Stanley, heureux, mais aussi soulagés, savourant les reprises du formidable but de Jagr et rendant hommage à Johnson, que le monde du hockey avait surnommé « Badger Bob ».
« J'ai pensé à lui à chaque match des séries, a fait savoir Murphy. Ce n'est pas une situation où quelqu'un dit tout haut, "Allons gagner pour Bob". Mais chacun des joueurs dans cette équipe sait que si nous avons pu atteindre un tel niveau de jeu, c'est grâce à Bob Johnson. »