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Il captivait l'attention des gens dès qu'il entrait dans la salle.
L'ascendant qu'avait le regretté Pat Quinn était attribuable autant à sa carrure imposante de six pieds trois pouces qu'à la grandeur de l'homme, alors qu'il était capable de faire ressortir l'excellence chez les gens de son entourage en les organisant, en les dirigeant et en leur faisant confiance.
Celui qui a été entraîneur, directeur général et dirigeant avec les Flyers de Philadelphie, les Kings de Los Angeles, les Canucks de Vancouver, les Maple Leafs de Toronto, les Oilers d'Edmonton et Hockey Canada fera son entrée au Temple de la renommée du hockey en tant que bâtisseur, lundi, après avoir guidé et inspiré une multitude de gens à faire de grandes choses.

« Il était un véritable général », a déclaré le chef de la direction et vice-président du conseil de Oilers Entertainment, Bob Nicholson, qui a déjà été le président de Hockey Canada. « Il concevait un plan et il laissait tout le monde travailler dans le cadre de ce plan. Ça se résumait à comment il amenait les gens à se sentir autour de lui, de façon à ce qu'ils soient prêts à passer à travers les murs pour lui. »
Le vice-président principal des Flyers de Philadelphie et membre du Temple de la renommée Bob Clarke a joué contre Quinn dans la LNH de 1968 à 1977, puis il a joué pour lui quand Quinn s'est greffé au personnel d'entraîneurs des Flyers après sa retraite.
« Pat menait, a noté Clarke. Il te parlait de façon directe et honnête. C'est difficile de bien décrire le charisme qu'il avait. Physiquement, c'était un homme costaud, il s'habillait de façon impeccable et il entrait toujours dans une salle avec l'attitude d'un homme qui savait ce qu'il faisait.
« Il n'y allait jamais par quatre chemins. Tu savais exactement à quoi t'en tenir et il t'abordait toujours de façon à ce que tu reçoives ce qu'il dit sans te sentir critiqué. »
Quinn est décédé le 23 novembre 2014 à la suite d'une bataille contre la maladie. Il était âgé de 71 ans.
Il a disputé 606 matchs au poste de défenseur pour les Maple Leafs, les Canucks et les Flames d'Atlanta. En tant qu'entraîneur, il a dirigé 1400 rencontres du calendrier régulier en 20 saisons, affichant un dossier de 684-528-34 avec 154 nulles. Ses 684 victoires lui donnent le septième rang de tous les temps chez les entraîneurs de la LNH.

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Quinn a piloté 183 matchs des séries éliminatoires de la Coupe Stanley et il en a remporté 94. Il a atteint la Finale de la Coupe Stanley en 1980 avec les Flyers et en 1994 avec les Canucks.
Derrière le banc de l'équipe canadienne à l'échelle internationale, Quinn est le seul à avoir décroché des médailles d'or aux Jeux olympiques (2002), à la Coupe du monde de hockey (2004) et au Championnat du monde junior (2009). Il a également raflé l'or au Championnat du monde des moins de 18 ans de la FIHG (2008) et il a remporté la Coupe Memorial dans le rôle de joueur à Edmonton (1963) et de propriétaire à Vancouver (2007).
Les équipes de la LNH qu'il a dirigées ont atteint le cap des 100 points au classement à cinq reprises, dont trois à Toronto, et il était l'entraîneur des Flyers quand ceux-ci ont un connu une séquence record de 35 matchs sans défaite (25 victoires, 10 nulles) en 1979-80. Quinn s'est vu attribuer le trophée Jack Adams, remis à l'entraîneur de l'année dans la LNH, en 1980 et 1992.
Né à Hamilton, en Ontario, il a été président du conseil du Temple de la renommée du hockey du 1er août 2013 jusqu'à sa mort. Il a par ailleurs reçu l'Ordre du Canada le 23 novembre 2012.
« Pat a été un des plus grands et plus importants Canadiens tout au long de sa carrière, a souligné Clarke. Il n'était pas un joueur du niveau du Temple de la renommée, mais son ascendant et sa capacité à remporter les matchs cruciaux, autant comme entraîneur que dirigeant, avec les équipes nationales et olympiques… Il a été un des dirigeants canadiens les plus marquants du hockey. »
Sa réalisation la plus importante a été la victoire du Canada aux Jeux olympiques de 2002 à Salt Lake City.
Confronté au défi de mettre fin à une disette de 50 ans du Canada sans médaille d'or olympique, Quinn a dû composer avec une pression énorme alors que l'équipe et lui tentaient de faire amende honorable à la suite de la déception vécue aux Jeux de Nagano en 1998.
« Je n'ai jamais vu une situation où il y avait autant de pression, a déclaré Nicholson. Quand Pat a pris ça en mains, j'ai vu pour la première fois à quel point il avait du caractère et quel genre d'homme il était.
« Pat a navigué là-dedans comme un véritable chef de file. Il a été le capitaine de cette équipe, et c'est ce qu'il faut quand tu te retrouves avec toutes ces superstars. »
Selon Wayne Gretzky, qui était le directeur exécutif de l'équipe canadienne en 2002, Quinn a été à la hauteur à tous les égards alors qu'on lui avait confié une tâche des plus difficiles.
« Pat était un de mes favoris, a dit Gretzky. Nous avons eu la chance de vraiment bien nous connaître l'un l'autre en 2000, quand j'ai pris l'équipe olympique en mains. Kevin Lowe [son adjoint], Bob Nicholson et moi, nous nous sommes assis et nous avons conclu qu'il fallait trouver un entraîneur qui allait laisser nos joueurs être eux-mêmes, qui allait les rassembler, qui allait leur montrer la direction à suivre, et il fallait y arriver en neuf jours.
« Nous estimions qu'il n'y avait personne d'autre de mieux placé pour le faire.
« C'était un homme merveilleux. »

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Clair dans ses propos et confiant dans sa façon d'agir, Quinn a été en mesure de bâtir des liens véritables, surtout avec les joueurs qu'il dirigeait.
« Les joueurs lui faisaient confiance », a indiqué Rick Ley, qui a été entraîneur adjoint sous les ordres de Quinn à Vancouver et à Toronto. « C'est là quelque chose de très important. Il ne cherchait jamais des boucs émissaires. »
Brian Burke, qui a eu Quinn comme mentor à Vancouver, en 1987, quand il a amorcé sa carrière comme dirigeant dans le hockey, a déclaré que les joueurs « aimaient sans réserve » un entraîneur comme lui, qui ne les mettait jamais dans l'embarras.
« Il n'a jamais oublié que lorsqu'il était un joueur, il ne voulait pas être [mis dans l'embarras], a souligné Burke. Il avait une approche moderne, intellectuelle, à une époque où bien des entraîneurs étaient encore de l'ancienne école. »
Selon Burke, le respect qu'on affichait à l'endroit de Quinn était évident « partout où nous allions ».
« Je me souviens du premier voyage à l'étranger que j'ai fait avec lui, a dit Burke. À l'aéroport à Vancouver, même si nous avions une heure d'avance, Pat est arrivé à la porte d'embarquement juste avant le décollage. Ç'a lui a pris tout ce temps pour se rendre de la sécurité jusqu'à la porte d'embarquement. Tout le monde voulait lui parler. Il s'est arrêté pour tout le monde. Je lui ai dit que nous allions rater notre vol un des ces jours à cause de ça. Il disait, 'Ces gens-là paient nos salaires. Nous nous arrêtons pour chacun d'entre eux.' »
Quinn a innové dès ses premiers moments dans le rôle d'entraîneur.

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« Quand Pat s'est amené à Philadelphie comme entraîneur [le 30 janvier 1979], il a aussitôt changé des choses et c'était le changement le plus important dans le hockey à l'époque, a noté Clarke. Il y avait toujours eu du jeu nord-sud en Amérique du Nord et il a commencé à demander aux ailiers de s'éloigner des bandes et de couper vers le milieu avec le joueur de centre qui le remplaçait. Et soudainement, une équipe très moyenne à Philadelphie s'est rendue jusqu'en Finale de la Coupe Stanley. Évidemment, d'autres équipes l'ont imité. Il a été le premier à faire ça.
« [Scotty] Bowman l'a fait à Montréal avec Guy Lafleur, qui pouvait aller partout sur la patinoire, mais il était le meilleur joueur de la Ligue. Avec nous, Pat a demandé à toute l'équipe de le faire, d'occuper toute la surface. C'était un entraîneur pour qui tu adorais jouer, un entraîneur qui mettait l'emphase sur l'attaque.
« Il était bien en avance sur son temps. »
Burke a vu les mêmes qualités chez Quinn quand il a travaillé sous ses ordres.
« L'image qu'il projetait, c'était celle d'un dur, d'un gros Irlandais de la vieille école, mais c'était tout le contraire, a affirmé Burke. C'était un homme merveilleux, il était un innovateur, un pionnier. Il disait, 'Si tu trouves une idée qui va nous aider à gagner des matchs, je me fous si c'est nouveau ou si c'est copié sur ce que d'autres font ; nous allons recueillir tous les renseignements possibles qui vont nous rendre meilleurs'.
« J'ai assisté aux camps d'entraînements de quatre équipes de la NFL. Il voulait voir leur façon de faire les choses. Pat ne voulait pas ce qui se faisait de mieux dans la LNH, il voulait ce qui se faisait de mieux dans le monde du sport professionnel. »
Selon Bill Watters, qui était adjoint au directeur général chez les Maple Leafs quand Quinn était à Toronto, celui-ci ne cédait pas à la tentation d'utiliser des schémas défensifs populaires.
« Je vais me souvenir de lui comme d'un homme qui faisait les choses à sa façon, a dit Watters. Pat disait toujours que la beauté du hockey ne devrait jamais être ternie par la trappe ou le 'left-wing lock'… que nous ne nous abaisserions jamais à utiliser des ruses ou des trucs, que le hockey est un beau sport et qu'en tant qu'entraîneur, il avait le devoir de protéger sa beauté. Il parlait souvent de la beauté du hockey. Si je devais utiliser une seule expression pour le décrire, c'était qu'il se disait partisan du beau hockey. »
Quand Quinn est devenu président, D.G. et éventuellement entraîneur des Canucks, Stan Smyl était le capitaine de l'équipe. Voir comment Quinn enseignait et communiquait lui a ouvert les yeux, a affirmé Smyl.
« Il était aussi un des gars les plus drôles qu'il m'ait été donné de rencontrer, a dit Smyl. Les histoires qu'il racontait et les blagues… Il y en avait plusieurs après les matchs et avec son cigare, ça rendait le contexte encore plus cocasse. »
Nicholson a déclaré que c'était là un des faits saillants de son amitié avec Quinn, alors que leurs deux familles ont passé beaucoup de temps ensemble l'été à Penticton, en Colombie-Britannique.
« Les meilleurs moments, c'est quand nous étions assis au bout du quai de Stan à fumer le cigare, à raconter des histoires avec Pat », a-t-il affirmé.
Trevor Linden a succédé à Smyl à titre de capitaine pendant sept des 19 saisons qu'il a disputées dans la LNH. Le 9 avril 2014, il est devenu président des Canucks.
« C'était un grand homme, a dit Linden de Quinn. Nous parlons de ses qualités comme entraîneur, comme joueur, ce qu'il représentait pour le hockey, mais pour moi c'est surtout l'homme qui compte. J'y pense tous les jours parce que 30 ans après qu'il eut occupé le poste à Vancouver, son empreinte se fait toujours sentir au sein de l'organisation. La culture d'entreprise qui nous guide aujourd'hui est celle que Pat a bâtie. C'est une partie importante de ce que nous sommes. C'est une partie de ce que je suis. »