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MONTRÉAL -- Jusqu'au mois de décembre dernier, jamais Brandon Gignac n'avait été tenu à l'écart du jeu pour une longue période de temps. Sa carrière se déroulait rondement; il venait même de percer la formation du club-école des Devils à seulement 19 ans quand la malchance a décidé de frapper.
À son 21e match chez les professionnels - à quelques jours de Noël - l'attaquant québécois s'est complètement déchiré le ligament croisé antérieur du genou en tentant de déborder un défenseur des Sénateurs de Belleville.
Sa saison venait de se terminer.
Il allait passer sous le bistouri en janvier à Montréal, puis amorcer une longue réadaptation qui s'est avérée aussi éprouvante physiquement que mentalement. Pour la première fois de sa carrière, il allait devoir délaisser ses patins et son bâton durant quelques mois.

« C'était difficile au début. La dernière fois que je n'avais pas joué pendant aussi longtemps, je pense que ça datait de ma naissance, a-t-il lancé avec un sourire. Ça n'a pas de bon sang. J'ai toujours été habitué à être sur la glace.
« C'était difficile à gérer au début, mais j'ai fait affaire avec un psychologue qui m'a aidé - on se parlait toutes les semaines. Ça m'aidait à ne pas penser au hockey et à me concentrer sur ma réadaptation. »
Trois semaines après son opération, il était de retour dans le gymnase pour travailler le haut de son corps alors que sa jambe était toujours enflée et « drette comme une barre ». Deux mois plus tard, il a pu commencer à faire des exercices de stabilisation et de renforcement.
À travers le temps qu'il passait à la maison avec sa famille et les innombrables séances avec une physiothérapeute, Gignac a quand même eu l'occasion de faire quelques saucettes à Binghamton pour prendre des nouvelles de ses coéquipiers, mais surtout pour regarder du hockey.
« C'était frustrant parce que j'avais l'impression que j'avais encore des choses à prouver, a expliqué le choix de troisième ronde des Devils en 2016 (no 80). Je savais que ma saison allait de mieux en mieux au moment de ma blessure; je faisais bien, je faisais mon travail. C'était aussi de la frustration de ne pas pouvoir aider l'équipe à gagner.
« Mais il n'y a rien qui arrive pour rien. Un pas en arrière, deux pas en avant. »
Il n'aurait su mieux dire.
Un poste dès cette année?
Après neuf mois passés chez le physiothérapeute et dans le gymnase, Gignac s'est présenté au camp d'entraînement des Devils en sachant très bien que les yeux des dirigeants allaient être tournés vers lui.
Allait-il être plus craintif le long des rampes? Est-ce qu'il traînerait avec lui des traces de cette blessure? Gignac a effacé tous les doutes dès ses premiers jours au New Jersey.
Il a très bien fait lors des tests physiques - le résultat du temps qu'il a passé à travailler le haut de son corps pendant qu'il ne pouvait pas bouger son genou - et il a poursuivi sur sa lancée lors du tournoi des recrues. Plusieurs ont même remarqué qu'il était plus explosif que par le passé.
La surprise était de taille pour l'état-major des Devils, mais elle était tout aussi encourageante.
« Rater neuf mois, ce n'est pas évident pour n'importe quel joueur de hockey, mais surtout pour un jeune, a déclaré l'entraîneur adjoint des Devils, Alain Nasreddine. Ça démontre tout son sérieux et sa volonté de réussir. Il a pris les bouchées doubles et il était prêt. »
Ce qu'il est important de souligner, c'est que le jeune homme n'a pas seulement fait que rassurer ses patrons au cours de ce camp. Il est en train de démontrer sérieusement qu'il peut occuper un poste dans la LNH dès cette année.
« Absolument, il y a beaucoup de postes disponibles, a répondu Nasreddine sans hésiter. Nous voulons jouer d'une certaine manière et il amène exactement ce qu'on veut. Il joue avec de la vitesse et il met de la pression constamment. C'est un gars qui joue bas, qui est solide sur ses patins et qui a beaucoup de caractère.
« […] Pour lui, c'est de continuer à faire du mieux qu'il peut dans les prochaines semaines, mais c'est un gars que nous regardons sérieusement de très près. »
Quand on dit que rien n'arrive pour rien…