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Les Golden Knights de Vegas n'en finissent plus de faire mentir ma tribu, celle des experts patentés. J'ai souvent eu recours, au fil des années, à une expression : « Dans le conte de fées, Cendrillon ne se rend pas à la dernière danse ». Cette fois par contre, les Golden Knights semblent sur le point de mettre les formidables Jets de Winnipeg dans les câbles. Que se passe-t-il?
Commençons par rappeler une évidence pour mieux l'appuyer par des données : le gardien de Vegas Marc-André Fleury n'est pas que spectaculaire, il est fumant d'efficacité. On est loin de la Coupe Stanley remportée par les Kings de Los Angeles en 2014, alors que Jonathan Quick, toujours très spectaculaire, avait accordé 69 buts en 26 matchs, « fort » d'un pourcentage d'arrêts de 0,911. C'était en rupture avec ses performances des printemps précédents, je le concède immédiatement, mais j'évoque ce souvenir pour souligner qu'on a vu des équipes se tirer d'affaire en séries avec des gardiens parfaitement mélangés, car ils ont été spectaculaires dans le détail.

Le site Hockey-Reference.com
nous rappelle d'ailleurs que Fleury lui-même
est un peu, beaucoup, en train d'exorciser son lourd passé. Incluant son sensationnel tournoi de 2018, Fleury est en effet titulaire d'un pourcentage plus qu'ordinaire de 0,912 en carrière lors des tournois éliminatoires, sa conquête de la Coupe Stanley en 2009 ayant été accomplie avec un pourcentage de 0,908.
En fait, Fleury est en train de connaître ses meilleures séries depuis 2007-08, alors qu'il avait perdu en finale contre les formidables Red Wings de Detroit.

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Cette contribution est non négligeable contre les Jets qui, contrairement aux autres adversaires de Vegas en séries, ont été capables de déclasser les Golden Knights aux tirs lorsque le score était égal ou serré. L'avantage n'est pas monstrueux, 149-130 aux tirs tentés à forces égales pour Winnipeg, 70-58 lorsque le score est serré, mais c'est assez pour que de gros matchs de la part du gardien viennent donner du temps à son équipe.

L'autre évidence, c'est l'importance du trio de William Karlsson. Il n'y a qu'une véritable confrontation dans cette série, le reste des affrontements étant laissé au hasard des changements de trios : contre le premier trio des Golden Knights, les défenseurs Jacob Trouba et Josh Morrissey joignent leurs efforts aux attaquants Blake Wheeler, Mark Scheifele et Kyle Connor.
Ce duel à cinq contre trois (Gallant ne semble pas chercher à appuyer Karlsson avec un duo défensif particulier) est jusqu'ici un jeu égal, 1-1 aux buts marqués, mais le trio de Vegas a jusqu'ici un avantage de 17-9 aux tirs tentés. Entendre par là que le blocus défensif imaginé par l'entraîneur des Jets Paul Maurice semble vivre sur du temps emprunté.
Après Anze Kopitar et Joe Pavelski, le premier trio de Vegas est donc en train de traverser le plus formidable quintette que les Jets, qui ont pourtant des ressources à revendre, sont capables de leur opposer.
On va devoir trouver rapidement une solution du côté de Winnipeg, solution qui ne peut probablement venir que de l'attaquant Patrik Laine. L'attaquant Nikolaj Ehlers, après avoir obtenu près de trois tirs par match en saison régulière, n'en a obtenu que 21 en 13 matchs en séries, avant de déclarer forfait mercredi soir.

Laine, de toute évidence, s'ennuie de ce partenaire de jeu explosif, que le centre Paul Stastny ne peut faire oublier à lui seul. L'attaquant Brandon Tanev, qu'on leur a associé mercredi soir, fait bien son possible, mais il n'a tout simplement pas le génie offensif nécessaire pour ouvrir des portes à Laine. Or, un buteur de la trempe de Laine, pour faire son travail, a parfois besoin de se faire oublier, ce qui implique qu'un autre de ses coéquipiers s'occupe de la rondelle.
On va donc devoir trouver quelqu'un d'autre. Mathieu Perrault? Jack Roslovic? Un retour en force d'Ehlers? Les Jets ont besoin d'une étincelle.