Mitchell Flynn 271016

Il se passe quelque chose dans la LNH. On voit ces jours-ci des quatrièmes trios s'illustrer un peu partout à travers la ligue. Si on ne se dirige pas nécessairement à un changement d'époque, le fait est qu'on est en présence d'un éventail de style qui dépasse désormais de beaucoup le traditionnel « trio d'énergie ».

Le gros du temps de glace revient encore aux top-6, qui accaparent en moyenne 58 pour cent des minutes jouées à travers la LNH depuis le début de la saison. On voit bien quelques quatrièmes trios avoir un peu plus d'importance, mais globalement les tendances restent similaires.

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C'est dans le rôle donné aux quatrièmes trios que les équipes se distinguent plus clairement. Pour le comprendre, je pense qu'on doit faire attention à deux éléments.
Premièrement, on sait tous que la composition des trios change d'un match à l'autre. Pour regarder les quatrièmes trios, peu importe leur composition, j'ai systématiquement distingué ceux-ci comme étant le groupe de trois joueurs ayant obtenu le moins de temps de jeu à 5 contre 5.
Deuxièmement, parce qu'il est difficile d'établir en tout temps qui joue avec qui, j'ai fait le choix de saisir match par match les performances individuelles des joueurs qui répondent à ce critère et de faire une moyenne, pour chaque club, de ces trois positions au fil de la saison. Le portrait perd en précision pour les individus, mais à l'échelle des équipes, il est remarquablement clair.
En utilisant l'attribution des mises en jeu comme indicateur du rôle (offensif ou défensif) qu'un entraîneur donne à des joueurs, on constate ainsi qu'il y a un très large éventail de rôles attribués aux quatrièmes trios, allant de l'ultra défensif (Pittsburgh, Vancouver, Montréal) au très offensif (Anaheim, Minnesota, Dallas).
Et si l'essentiel des trios fait moins bien que le reste de leurs clubs quant à la part des tirs obtenus, certains trios à vocation offensive font franchement mieux que leurs coéquipiers.

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On parle ici de la part des tirs obtenus, mais en matière de points obtenus, le portrait est un peu différent. À l'échelle de la LNH, la production de points par les membres de ces quatrièmes trios reste, à 5 contre 5, généralement marginale.

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J'ajoute immédiatement « à quelques exceptions près ». Si on reproduit le graphique ci-dessus, cette fois-ci en termes relatifs, on constate que certains trios, notamment ceux des Blue Jackets de Columbus et des Islanders de New York se sont accaparé une part disproportionnée des points de leurs équipes respectives.
Certains quatrièmes trios plus productifs en termes absolus sont ici moins prééminents. Je pense notamment à ceux des Canadiens de Montréal et des Rangers de New York, qui sont en fait partie prenante d'attaques capables de fournir des buts à tous les échelons.

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Il sera intéressant de voir, au fil de la saison, jusqu'à quel point cette diversité d'approches et de résultats va se perpétuer. À mon sens, il s'agit d'une évolution naturelle pour une ligue qui rajeunit rapidement. Les vétérans peu productifs sont graduellement remplacés par des jeunes aux dents longues et ceux qui sont capables de garder leur poste le font parce qu'ils donnent à leur entraîneur des options supplémentaires en défensive.
Est-ce que, à terme, les quatrièmes trios vont devenir plus souvent des unités à vocation offensive? Dur à dire. Mais il semble bien que l'époque des joueurs d'énergie soit révolue. On attend désormais des attaquants qu'ils remplissent, peu importe leur position dans la hiérarchie du club, des rôles précis et ceux des quatrièmes trios ressemblent de plus en plus à ceux des autres trios.