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On assiste à une entrée en scène réussie à Las Vegas, où les Golden Knights ont jusqu'ici obtenu quatre victoires en cinq matchs. Ça n'est que cinq matchs et les adversaires n'ont pas toujours été les plus coriaces, mais le message est néanmoins lancé. Les hommes de Gerard Gallant n'ont pas l'intention d'être les souffre-douleur du reste de la ligue.
Les équipes d'expansion étant forcément constituées de mal-aimés, il n'était pas évident de projeter le début de saison des Golden Knights, mais on commence tranquillement à voir certains éléments émerger. En gros, des joueurs qui avaient ailleurs des rôles un peu plus mineurs peuvent ici faire valoir leurs talents en ayant plus de temps de jeu.

En défensive, Gallant a utilisé trois duos stables, Nate Schmidt et Luca Sbisa, Brayden McNabb et Deryk Engelland, Colin Miller et Jason Garrison. Schmidt et Sbisa sont clairement le premier duo, mais il est intéressant de voir que, si McNabb et Engelland passent plus de temps sur la glace, Garrison et Miller obtiennent en proportion plus de temps de jeu contre les top-6 adverses.

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Du côté des attaquants, c'est le trio de James Neal, Cody Eakin et David Perron qui ont fait le gros du boulot, obtenant 56 pour cent des tirs vers le filet en un peu plus de 100 minutes jouées à forces égales. Il est intéressant de constater que le trio ayant obtenu la plus grande part de mises en jeu en zone défensive n'est pas celui de William Carrier, Pierre-Edouard Bellemare et Tomas Nosek, mais bien celui de Reilly Smith, Oscar Lindberg et Jonathan Marchessault. Même s'ils n'ont disputé que 44 pour cent de leurs mises en jeu en zone offensive, ces trois joueurs ont néanmoins obtenu 49 pour cent des tirs tentés à forces égales.
Ce qui aide énormément les Golden Knights à tenir leur bout n'est pas tant leur jeu à forces égales que celui sur les unités spéciales. Dans l'ensemble, l'équipe n'obtient pas tout à fait la moitié des tirs tentés à forces égales (49 pour cent), mais se rattrape particulièrement en désavantage numérique.
Troisième équipe la moins punie
de la ligue, les Golden Knights y sont extrêmement efficaces.
Le site Corsica.Hockey
nous indique que ce sont eux qui concèdent le moins de chances à l'adversaire dans cette situation. La formule de buts anticipés du site, qui utilise la fréquence des tirs accordés, leur point d'origine et une série d'autres facteurs pour déterminer combien de buts une équipe devrait normalement accorder, montre que les Golden Knights ne sont pas seulement les moins pénalisés, mais aussi qu'ils ont donné une série de tirs permettant à leurs adversaires d'obtenir quatre buts par heure jouée, le plus bas total de la ligue.
Cette performance remarquable explique en partie celle des gardiens de l'équipe. Ceux-ci sont de toute évidence bien protégés par ce groupe de vétérans somme toute aguerris.
Les difficultés, évidemment, n'ont pas encore commencé, mais elles se pointent le bout du nez. D'abord, les blessures sont une fatalité dans la LNH. Ce qui permet aux Golden Knights de surprendre pour l'instant est aussi ce qui risque de leur coûter cher au fil de la saison. Si des joueurs comme Neal et Eakin, Sbisa et Schmidt se démarquent présentement, c'est en partie parce qu'on leur donne un temps de jeu que leurs anciennes équipes ne leur donnaient plus.
Ces joueurs, dans leurs anciennes équipes, étaient en quelque sorte l'armée de réserve, ceux vers qui on pouvait se tourner si les blessures frappaient les meilleurs éléments. Les Golden Knights n'ont pas, sur ce point, beaucoup de réserves. On vient bien de donner un coup de piston à l'attaque en rappelant Alex Tuch et Vadim Shipachyov, mais il ne reste plus beaucoup de ressources supplémentaires. Outre Shea Theodore, on est déjà pas mal au bout de la corde. Des blessures comme celles qui tiennent présentement Erik Haula et Jonathan Marchessault à l'écart, les Golden Knights ne peuvent pas s'en permettre beaucoup d'autres.
C'est pourquoi la commotion cérébrale subie par Marc-André Fleury représente tout un test. Le gardien de 32 ans n'en est pas à ses premiers problèmes du genre et on devra être prudent avec lui. Ça ouvre donc la porte à Malcolm Subban, mais ce dernier n'a pas encore fait ses preuves. Surtout, on l'a vu se faire supplanter tour à tour par Zane McIntyre et Jeremy Smith lors des deux dernières saisons jouées à Providence. C'est donc un gros pari qu'on prend avec lui. Mais c'est, justement, précisément le genre de risque qu'un club d'expansion peut prendre lors de sa première saison. Il y en aura d'autres.