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Le capitaine des Sénateurs d'Ottawa Erik Karlsson connaît une saison tout simplement sensationnelle. Meilleur pointeur parmi les défenseurs et troisième à l'échelle de la LNH, il est en passe de remporter non seulement le trophée Norris, remis au meilleur défenseur du circuit, mais aussi le trophée Hart, remis au joueur le plus utile. Et si Patrick Kane devait se blesser d'ici la fin de la saison, il pourrait même avoir sa chance pour le trophée Art Ross. Une saison qui passera assurément à l'histoire.

Les statistiques de Karlsson sont, il faut le souligner, dopées par une quantité impressionnante de « deuxièmes passes », 24 au moment d'écrire ces lignes. Ce nombre particulièrement important de points dut à ce que Micah Blake McCurdy, tenancier du site Hockeyviz.com, appelle avec humour du « bruit », n'a pas pour effet de donner à Karlsson une place indue au classement actuel des compteurs.
Parmi les défenseurs, il demeure en effet premier pointeur, même absent le fameux bruit, quoi qu'il soit talonné,
selon cette mesure épurée, par Roman Josi et Brent Burns
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Karlsson donne d'abord et avant tout à son équipe par son exceptionnelle disponibilité. Il est, cette saison, le défenseur le plus utilisé de la LNH, jouant une moyenne de 28:56 par match. Seuls Ryan Suter (28:48) et Drew Doughty (28:00) s'approchent de ce score.
Le Suédois se démarque des autres en ce qu'il joue d'abord et avant tout à forces égales et en avantage numérique. Si, traditionnellement, on associe les défenseurs d'élite à de ces joueurs qui contribuent dans toutes les situations, je considère que nous sommes ici en présence d'un authentique cas d'exception. Karlsson est, de toute évidence, doué dans toutes les phases du jeu, on cherche clairement à l'utiliser d'abord et avant tout dans les situations où il est susceptible de faire valoir au maximum ce qui le distingue des autres, soit une incroyable propension à accumuler des points.
Seul Oliver Ekman-Larsson joue plus que Karlsson en avantage numérique (5:23 par match, contre 4:49), et seul Ryan Suter joue plus à forces égales (23:14 contre 22:54). Mais Suter joue une minute de moins en avantage, alors qu'Ekman-Larsson joue presque trois minutes de moins à forces égales.
J'ouvre une parenthèse : si les joueurs de la LNH participent aux prochains jeux Olympiques, le Canada en aura pour son argent à essayer de défendre sa médaille d'or. Entre Karlsson, Ekman-Larsson, John Klingberg, Victor Hedman et Niklas Hjalmarsson, la défensive suédoise sera pour ainsi dire inexpugnable.
Mais revenons à Karlsson. J'aimerais simplement montrer ici comment, en termes relatifs, la présente campagne est simplement une itération légèrement supérieure à ce qu'il donne à son équipe depuis plusieurs saisons déjà.
J'ai recensé à partir des données de war-on-ice.com, pour chacune des saisons jouées par Karlsson, quatre indicateurs :
J'ai ensuite ramené ces indicateurs à des différences par rapport à la moyenne des défenseurs. Dans les graphiques ci-dessous, un chiffre supérieur à 1 indique que le score de Karlsson est supérieur à celui de 68 pour cent de ses congénères. Un score de 2 est supérieur à 95 pour cent des autres, et vice-versa pour les chiffres négatifs.
À forces égales, trois tendances me semblent particulièrement instructives.

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D'abord, dès sa seconde saison, la part de points primaires sur le nombre de buts surpasse quasi systématiquement la part de points tout court. Cela démontre, selon moi, à quel point Karlsson est directement impliqué dans la production offensive de son équipe. Plus encore, les scores extrêmement élevés (quatre saisons sur cinq sont égales ou supérieures à 2!) montrent qu'il n'est pas que parmi l'élite des défenseurs offensifs à forces égales, il en est à l'avant-garde.
Deuxièmement, tant par le taux de réussite que par les points primaires, il me semble que l'actuelle saison sert un peu de révélateur. Parce que la chance lui sourit plus qu'à l'habitude, on ne peut tout simplement pas passer à côté de ce qu'il y a de normalement exceptionnel dans la production offensive de Karlsson.
Troisième constat : arrivé dans la LNH à 19 ans, Karlsson a réellement pris son erre d'aller à 21 ans. On le dit souvent, la LNH est aujourd'hui une ligue de jeunes. C'est encore plus vrai chez les défenseurs offensifs et Karlsson est en quelque sorte l'archétype de son époque.
Ses performances en avantage numérique sont, en quelque sorte, l'équivalent, à une nuance près.

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Relativement à ses pairs de la période 2009-16, Karlsson n'a jamais bénéficié d'un avantage numérique convertissant à un rythme effréné. C'est dire que, pour peu qu'il tombe sur une saison un peu plus chanceuse en avantage numérique, il pourrait augmenter encore plus sa production de points.
Les Sénateurs ont encore trois saisons à jouer avant d'avoir à renouveler le contrat de celui qui sera, sans l'ombre d'un doute, reconnu comme un des grands de son époque. On ne gâche pas les meilleures saisons de ce genre de joueur à reconstruire et on doit comprendre que c'est fort de ce constat qu'on a décidé dernièrement de faire l'acquisition d'un joueur comme Dion Phaneuf. À savoir si les éléments nécessaires seront rassemblés l'an prochain (pour cette saison, il est trop tard), ça reste à voir. Mais on semble au moins déterminé à ne pas laisser Karlsson vivre une gloire seulement individuelle.