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La date limite des transactions a ceci d'intéressant qu'elle rend évidentes les particularités de l'actuel régime salarial de la LNH. Parce que si une équipe doit dépenser en salaires une somme se situant entre le plafond et le plancher salarial de la LNH, elle dispose quand même d'une réelle marge de manœuvre quant à la distribution de ces dépenses.
Si une équipe a réussi à se rendre à la date limite avec une liste de paye relativement restreinte, l'argent non dépensé peut alors être reporté sur des contrats beaucoup plus couteux. Ainsi, les Devils du New Jersey pourraient,
selon General Fanager
, ajouter des contrats d'une valeur annuelle de 38 millions $ à la date limite des transactions.

Outre les Devils, les Predators de Nashville (43 millions $), l'Avalanche du Colorado (35 millions $), les Ducks d'Anaheim (33 millions $), les Panthers de la Floride (27 millions) et les Islanders de New York (26 millions $) sont les équipes qualifiées jouissant d'une immense marge de manœuvre salariale.
Quand même, la plupart de ces équipes ont des limites internes; les Ducks et l'Avalanche, notamment, ne dépensent jamais beaucoup plus de 63 à 65 millions $ par saison. Qui plus est, il n'est vraiment pas assuré que le plafond salarial augmente l'an prochain. En fait, la baisse rapide du dollar canadien laisse entendre que ce n'est qu'au prix d'une dure négociation avec l'Association des joueurs qu'on pourra le garder stable. Si on n'arrive pas à une entente avec les joueurs, le plafond pourrait baisser. C'est peu probable, mais c'est une possibilité.
Dans ce contexte, une catégorie de joueurs prend une valeur particulièrement importante : ceux qui, au terme de la saison, deviennent agents libres sans compensation. Même si leur salaire annuel est important, on peut s'assurer de leurs services sans pour autant compromettre l'équilibre comptable de l'équipe lors de la prochaine saison.
La chose est particulièrement évidente chez les attaquants d'expérience. En voici quelques-uns qui sont, selon moi, susceptibles de représenter les meilleures affaires pour les équipes en mode acquisition. En fait, il semble y avoir cette année quelques jeunes vétérans particulièrement intéressants.
Mikkel Boedker, Coyotes de l'Arizona
Celui-là
sort un peu beaucoup du champ gauche
. À 26 ans, il arrive à l'autonomie complète fort d'une séquence de trois saisons au cours desquelles il a produit à un rythme de 0,6 point par match, un rythme d'environ 50 par 82 parties jouées. On ne sait pas trop si Boedker a définitivement mis derrière lui ses problèmes de blessures (seulement 48 matchs en deux saisons à 20-21 ans, 45 l'an dernier), mais il est clairement capable de disputer des campagnes complètes; il se dirige vers sa troisième campagne de 82 matchs. En plus d'avoir disputé tous les matchs de la saison écourtée de 2013, il a disputé 78 matchs à 19 ans.
Boedker est intéressant dans la mesure où il se veut un joueur offensif complémentaire, le genre d'attaquant qu'on greffe à un noyau bien établi pour une poussée de quelques saisons. Les Coyotes n'en sont manifestement pas là et vivent sur un budget restreint. Quitte à le perdre à l'été, on semble vouloir tâter d'emblée le terrain et faire monter les enchères.
Fait intéressant dans le cas de Boedker : non seulement est-il au faite de sa carrière, il n'a pas été gâté par les pourcentages. Il n'a converti que 4,7 pour cent de ses tirs en avantage numérique. Pourtant, il obtient près de 15 tirs non bloqués par heure jouée dans cette situation. De même, à forces égales, son équipe n'a obtenu des buts que sur 6,2 pour cent des tirs au but. Une bonne équipe offensive pourrait être agréablement surprise par sa production offensive.
Kris Versteeg et Eric Staal, Hurricanes de la Caroline
Il sera intéressant de voir si on cherche à se débarrasser du capitaine des Hurricanes. À 31 ans, Staal marque encore, mais ses volumes de tirs obtenus par heure jouée à 5 contre 5 (11,3) et en avantage numérique (12,1) sont ceux d'un attaquant de deuxième, voire de troisième trio. L'expérience et le leadership sont manifestes, mais les indices sous-jacents ne sont pas terriblement encourageants.
Versteeg, éternel mal-aimé, semble être un meilleur choix. D'une part, seule la moitié de son salaire annuel de 4,4 millions $ est présentement défrayé par les Hurricanes, ce qui rend son coût monétaire insignifiant pour un mois et des poussières. S'il est gâté par les pourcentages à forces égales (il a obtenu des points sur 85 pour cent des buts de son équipe), il a généré près de 20 tirs non bloqués par heure jouée en avantage numérique. Une équipe qui cherche un peu de punch sur ses unités spéciales trouvera probablement en Versteeg un collaborateur utile.
Radim Vrbata, Canucks de Vancouver
On a un peu oublié le vieux Radim, ces derniers temps. Mais il est loin d'avoir ralenti : près de 14 tirs obtenus par heure jouée à forces égales, plus de 23 en avantage numérique… Discrètement, il demeure le meilleur tireur disponible. On peut s'interroger sur la chute de ses taux d'efficacités (globalement, il est à 6,2 pour cent), mais ce genre de passage à vide ne lui est pas étranger :
il a connu quelques saisons du genre au cours de sa carrière
. À 34 ans, on n'en fait pas un projet à long terme, mais il semble clairement supérieur aux autres attaquants disponibles.
Mark Arcobello, Maple Leafs de Toronto
PA Parenteau va certainement rapporter plus, mais personnellement, c'est Arcobello qui m'intrigue. Incapable de se frayer un chemin dans un alignement de la LNH, il y a pourtant démontré de
fort belles choses au taux de possession de rondelle lorsqu'on lui a laissé le temps
. Dans la Ligue américaine de hockey, il a cumulé 144 points en 124 matchs au cours des trois dernières saisons. Quelqu'un, quelque part, qui cherche un peu de punch à l'attaque, pourrait taper dans le mille avec ce petit joueur particulièrement dynamique en avantage numérique (presque 30 tirs tentés par heure jouée dans cette situation!). Ça ne coûte rien et ça pourrait payer un joli dividende. À 27 ans, c'est le moment où jamais.