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On a vu bouger mardi la première pièce sur l'échiquier sur lequel s'activeront les équipes d'ici le 29 février. Les Jets de Winnipeg, en mettant Dustin Byfuglien sous contrat, ont par le fait même retiré une pièce importante du marché des échanges, qui ferme officiellement le dernier jour du mois présent.
Le choix était difficile pour cette franchise. Les Jets fonctionnent généralement avec un budget inférieur au plafond salarial, dépensant entre 60 et 63 millions $ par saison, alors que la limite s'élève ces jours-ci à 71,4 millions $. Sachant qu'ils opèrent avec un budget de presque 15 pour cent inférieur à celui des équipes de pointe, le fait de signer une entente à long terme avec un joueur, dominant, mais qui entame la trentaine, n'est pas une petite affaire.

Byfuglien achève cette saison son troisième contrat. Le fait qu'on l'ait pendant un certain moment utilisé à l'attaque semble avoir contribué à abaisser sa valeur lorsqu'il était dans la vingtaine. À l'image d'un autre défenseur robuste qui noircit aujourd'hui la feuille de pointage, Brent Burns, Byfuglien avait ces dernières années en poche une entente lui valant un salaire d'un peu plus de 5 millions $, soit le prix qu'on paye aujourd'hui pour un bon « top-4 » lorsqu'on les signe à l'aube de la trentaine. Des joueurs comme Jeff Petry, Andrej Sekera, Matt Niskanen et Johnny Boychuk ont signé des ententes de ce genre au cours des dernières saisons.
Le cap de la trentaine est critique, on le sait désormais mieux grâce aux données plus nombreuses disponibles. En paraphant un contrat de cinq saisons couvrant les campagnes où il sera âgé entre 31 et 35 ans, les Jets courent manifestement un risque. Seulement voilà, l'ami Byfuglien est exceptionnellement productif :

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Qu'il soit le septième défenseur le plus productif depuis la saison 2013, Byfuglien le doit en grande partie à son excellent travail sur les unités spéciales. Avec 55 points dans cette situation, il se classe 7e dans le groupe de 15 défenseurs ci-dessus.
Lorsqu'on observe de plus près l'âge et les salaires des joueurs ici listés, un autre élément ressort : la plupart d'entre eux ont signé leur contrat soit immédiatement après leur contrat de recrue, soit dans les saisons menant à l'autonomie complète. Les joueurs les plus susceptibles de se comparer à Byfuglien sur le marché sont, pour l'instant, Brent Seabrook et Keith Yandle.
Seabrook a signé une nouvelle entente qui entre en vigueur l'an prochain. Valide pour huit saisons, ce contrat le mènera à l'âge de 38 ans pour une somme annuelle moyenne de 6,8 millions $. Ça n'est même pas un million d'économies annuelles sur le contrat de Byfuglien. Sachant que Seabrook est six ans plus jeune et, dans une équipe bien plus puissante, obtient ces dernières saisons des points à un rythme similaire à celui d'Andrei Markov, on peut comprendre que ce contrat est bien plus susceptible de mal vieillir.
De même, il semble bien que Keith Yandle ira cet été sur le marché des joueurs autonomes. Encore là, il sera intéressant de voir ce qu'il réussira à aller chercher. On peut soupçonner qu'une équipe comme les Oilers d'Edmonton (je lance un nom au hasard), qui cherche désespérément un défenseur offensif de premier plan pour accompagner ses jeunes prodiges sur le jeu de puissance, sera prête à ériger un point d'or à Yandle.
Dans ce contexte, on a de toute évidence réussi à amenuiser les risques du côté des Jets. Mais Byfuglien n'a pas fait de cadeaux non plus. Il s'établit définitivement dans la LNH en 2008-09 (il fait des séjours dans la Ligue américaine de hockey au cours des trois saisons précédentes) et manque un nombre significatif de matchs à deux reprises, soit 16 matchs en 2010-11 et 13 matchs l'an dernier. Sans être un homme de fer absolu, il demeure néanmoins passablement durable.
La question est de savoir comment tout ça va se transposer lorsque l'usure des saisons va réellement commencer à se faire sentir. Ralentira-t-il? Deviendra-t-il plus fragile? On roule les dés.
Autre élément à souligner, cette signature signifie dans les faits que, si on garde le jeune Jacob Trouba à Winnipeg, ce sera pour lui faire signer un contrat de quelques saisons seulement. On ne voit pas comment, avec Toby Enstrom et Tyler Myers dans le club, on pourrait accorder d'emblée à Trouba un contrat à long terme. Les deux prochaines saisons sont pour ainsi dire les deux dernières au cours desquelles il ne coutera pas cher. Va-t-on en profiter pour l'échanger contre un peu plus de punch à l'attaque? Ou cherchera-t-on plutôt à profiter de la frénésie du 29 février pour « sortir » Enstrom ou Myers? Ce dernier, est-il besoin de le rappeler,
sera payé 4, 3,5 et 3 millions