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Les Blue Jackets de Columbus ont connu un fort début de saison.
J'en ai discuté ici en novembre
, cette réussite était en grande partie redevable aux performances exceptionnelles de leur unité d'avantage numérique, pourtant constituée de joueurs aux réputations médiocres.
Les hommes de John Tortorella n'ont pas levé le pied depuis et se trouvent désormais confortablement installés au troisième rang de la section Métropolitaine, devançant de huit points les deux clubs immédiatement exclus d'une participation aux séries, soit les Devils du New Jersey et le Lightning de Tampa Bay.

Les pourcentages expliquaient en grande partie le début sulfureux du club. Non seulement l'équipe convertissait plus d'un tir sur trois en buts en avantage numérique, mais en plus, les gardiens des Blue Jackets refusaient de donner quoi que ce soit à l'adversaire lorsque celui-ci avait l'avantage.
Les pourcentages ont depuis régressé vers les normes de la LNH, mais il faut souligner qu'ils sont encore à l'avantage de Columbus. Dans l'ensemble, le club convertit plus de tirs en buts que la moyenne de la ligue et empêche l'adversaire de faire de même. On verra où se stabiliseront les choses.

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Les pourcentages jouaient aussi à forces égales, mais en sens inverse : on peinait à convertir à un taux similaire à celui de la ligue alors que l'adversaire faisait mal paraître les gardiens. Ici, les tendances se sont inversées : l'équipe a graduellement redressé ses taux de réussite et les gardiens ont pris le dessus sur l'adversaire.
Toujours, dans ces situations, on doit traiter les taux de réussite avec circonspection. Mais les taux d'arrêts, eux, sont plus significatifs : après quelques saisons en demi-teinte, marquées par les blessures, Sergei Bobrovsky semble reparti pour la gloire. Si son corps tient le coup (il n'a que 28 ans), ça n'est pas une petite nouvelle.

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Mais c'est à forces égales que les choses se jouent habituellement dans la LNH. S'il est possible de s'en tirer avec des unités spéciales moyennes, toutes les équipes qui ont du succès à long terme annoncent leurs couleurs par leur capacité à tenter plus de tirs que l'adversaire.
La logique derrière cette affirmation est simple. On constate, saison après saison, que les équipes de la LNH se situent dans un mouchoir de poche quant aux taux de conversion de tirs en buts. Encore et encore, on retrouve 22, 23, 24 équipes dans une fourchette allant de 7,5 à 8,5 pour cent. Et les équipes qui réussissent à dépasser systématiquement ce taux ne le font pas par des marges ahurissantes.
En fait, depuis 2007, le meilleur taux de réussite global a été obtenu par les Stars de Dallas,
avec un score de 8,9 pour cent
, alors que les Coyotes de l'Arizona et les Hurricanes de la Caroline ont obtenu un taux global de 7,6 pour cent. Sur une saison de 3000 tirs, ça n'est pas rien, mais pour les autres équipes, la marge descend rapidement.
Dans ce contexte où personne ne réussit à obtenir avec constance un taux de réussite massivement supérieur à la moyenne, les équipes ont tout intérêt à s'assurer de ne pas gaspiller leurs tirs et de chercher à obtenir le plus grand nombre de chances de marquer. On ne peut pas se contenter d'attendre l'occasion en or, on doit forcer le jeu.
C'est pourquoi on attache autant d'importance à la capacité qu'un club a à déclasser ses adversaires aux tirs. C'est la marque d'une équipe qui, au bout du compte, sera capable de passer à travers les séquences de malchance et d'empêcher ses opposants de menacer ses gardiens.
Sur ce point, les Blue Jackets ont connu une trajectoire intéressante depuis le début de la saison. Après un départ canon, le club s'est graduellement enlisé pour ensuite relever la tête. On peut tracer un parallèle direct entre la blessure subie par Seth Jones et ce coup de barre. Lorsqu'il s'absente, l'équipe s'écrase. Sitôt qu'il revient, les choses partent en grand.

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Le taux cumulatif de 51 pour cent des tirs obtenus est des plus intéressant, mais c'est le taux sur 10 matchs qui accroche l'œil; les Blue Jackets ne se contentent pas, ces jours-ci, d'échanger coups pour coups avec leurs adversaires, ils les dominent, obtenant plus de 56 pour cent des tirs à forces égales.
Une partie de ces succès s'explique certainement par la qualité des adversaires affrontés. On a, au cours de ces 10 matchs, affronté deux fois l'Avalanche du Colorado, les Coyotes de l'Arizona et le Lightning de Tampa Bay (qui ne sont pas l'ombre du club de l'an dernier), en plus d'un affrontement contre les pauvres Islanders de New York. Bref, on a fait le plein.
Mais les bonnes équipes, justement, savent profiter des mauvais adversaires pour mettre les points. Avec sept victoires en dix matchs (dont six de suite depuis le 25 novembre), les Blue Jackets ont livré la marchandise.
Ils ont encore quatre matchs à disputer contre des clubs de l'Ouest, avec les Canucks de Vancouver comme seule proie facile, puis deux matchs en deux soirs contre les Penguins de Pittsburgh et les Canadiens de Montréal. Ces derniers vont certainement arriver à Columbus sur le pied de guerre, décidés à venger l'humiliante rossée subie le 4 novembre. On va bientôt savoir si Tortorella et ses hommes ont bel et bien réussi à relancer cette franchise depuis trop longtemps moribonde.