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Les Stars de Dallas connaissent une saison remarquable. Au coude à coude avec les Blackhawks de Chicago, devancés clairement par les seuls Capitals de Washington, on oublie facilement que cette équipe n'avait, il y a un an, même pas réussi à se qualifier pour les séries éliminatoires.
L'équipe n'était pas, il faut le dire, totalement démunie d'entrée de jeu. L'attaque était et demeure le mode d'être de cette formation. Toutes situations confondues, les Stars étaient l'an dernier comme cette année l'attaque la plus explosive de la ligue, marquant 3,1 buts à l'heure (les données suivantes sont tirées de War-on-ice.com) l'an dernier et 3,2 cette saison. Les Stars ne jouissent pourtant pas de taux de conversion hors du commun; avec des taux de 8,8 pour cent l'an dernier et 8 pour cent cette saison, ils sont dans la grosse moyenne de la LNH à forces égales. Idem pour l'avantage numérique, qui va chercher des buts sur 14 pour cent des tirs au but depuis deux saisons.

En gros, la recette des Stars reste la même depuis deux ans : on tente une quantité massive de tirs vers le filet (62 à l'heure lors des deux saisons), quitte à ouvrir le jeu au point de laisser l'adversaire prendre lui aussi ses chances. Lorsqu'on regarde le nombre total de tirs qui surviennent dans un match, tant pour que contre une équipe donnée, les Stars sont l'équipe impliquée dans le plus grand nombre de tirs. En moyenne, c'est environ 110 tentatives de tirs qui sont effectuées à chaque heure jouée dans la LNH. Lorsque les Stars sont impliqués, c'est en moyenne 117 tentatives qui surviennent.
Dans ce contexte, il est intéressant de revisiter une des décisions les plus surprenantes prise l'été dernier, soit la mise sous contrat du gardien Antti Niemi. À 32 ans, l'ancien cerbère des Sharks de San Jose amorce la phase de déclin de sa carrière. Il était donc intéressant de le voir accepter un contrat de trois ans,
à raison de 4,5 millions $ par saison
, avec les Stars. Ceux-ci avaient déjà un autre vétéran de 32 ans sous contrat, Kari Lehtonen! Ce dernier ayant encore trois saisons à écouler à son entente de 5 ans (5,9 millions $ par année), les Stars se retrouvaient donc pris avec près de 11 millions $ en salaires consacrés à deux gardiens aux performances, au mieux, moyennes.
Il faudra voir combien de temps ce ménage à deux durera, mais pour l'instant, les résultats sont loin d'être mirobolants. L'an dernier, les Stars ont manqué les séries en grande partie à cause du fait que leurs gardiens ont, globalement, affiché le 29e pire taux d'arrêts de la ligue. Alors que le taux d'arrêts moyen, toutes situations confondues, se chiffrait à 0,911 pour la LNH, les gardiens des Stars n'avaient pu faire mieux que 0,895.
Cette saison, le tandem nouvellement formé s'est hissé au 20e rang de la LNH, un score pour le moins décevant vu les moyens investis. Mais c'est tout de même suffisant pour les Stars. Soulignons que ce score global de 0,907 les rapproche quand même beaucoup de la moyenne générale. Les Stars sont 20es, mais ils sont en fait dans le « paquet du milieu ».
Ça n'est probablement pas satisfaisant pour cette équipe au profil bien spécial. Parce qu'on accorde une tonne de tirs au but, on est par conséquent plus sensible à des gardiens vaguement médiocres. Mais, vu le nombre de saisons à couvrir par les contrats de ces deux joueurs, il est peu probable qu'on assiste à un échange d'ici la date limite des transactions.
J'aimerais quand même souligner un dernier aspect, souvent sous-estimé en cette ère de gardiens numéro 1 dominants. Le fait d'avoir deux « #1B » offre au club la possibilité de répartir plus équitablement la charge de travail. Parce que le club fait beaucoup travailler ses gardiens à chaque partie et parce que les deux sont vieillissants, il semble qu'on soit ainsi capable de maintenir un certain niveau de performances tout en évitant les blessures à cette position névralgique.
C'est à se demander si ça n'est pas là un élément sous-estimé de la stratégie adoptée par Jim Nill, le directeur général des Stars. Oui, on paye cher pour des performances moyennes. Mais on s'assure d'une constance dans ces mêmes performances et, surtout d'une redondance quasi absolue à cette position. Un gardien vedette qui se blesse sérieusement va parfois être remplacé par un substitut qui en profite pour se faire valoir, comme l'illustre le cas Cam Talbot et Henrik Lundqvist l'an dernier. Mais, trop souvent, on assiste plutôt au scénario inverse : ce sont des Dustin Tokarski, Mike Condon et Ben Scrivens qui, vaille que vaille, vont offrir à prix modique des performances parfaitement médiocres et ainsi torpiller les chances de qualification de leur club.
Si on est prêt à mettre le gros prix pour améliorer une position, ça n'est pas toujours possible de le faire grâce à l'ajout d'un joueur étoile. Il est parfois plus simple de le faire en s'assurant d'y éradiquer toute forme de médiocrité, quitte à faire son profit sur d'autres aspects du jeu.