Jackets

Dans l'Association de l'Est, le ciment semble déjà être en train de prendre. La section Atlantique peut encore être le théâtre de revirements spectaculaires, mais du côté de la section Métropolitaine, les équipes qui ne sont pas présentement qualifiées vont avoir besoin d'un sérieux coup de piston pour resserrer l'écart.

Le nombre de points jusqu'ici obtenus est évidemment extrêmement important, surtout lorsqu'on tient compte des matchs joués. Mais le différentiel de buts obtenus est lui aussi extrêmement instructif, pour peu qu'on le mette correctement en contexte.
Une manière simple et efficace de le faire est de comparer le différentiel de buts réel avec celui estimé par la formule des « expected goals » (« buts estimés » ou encore « buts prévus ») du site corsica.hockey, que j'ai aussi utilisée la semaine dernière pour
l'impact des meilleurs gardiens de la LNH
. Attention aux données ci-dessous : pour identifier les tendances lourdes, j'ai ciblé les situations à 5 contre 4, 4 contre 5 et 5 contre 5. Ça recouvre l'essentiel du temps de jeu des équipes, mais ça implique aussi que les différentiels qu'on trouve ici ne sont pas tout à fait ceux qu'on voit cumulés sur le site de la LNH.
L'objectif est d'identifier rapidement les équipes qui doivent leur position à des situations exceptionnelles et de voir si elles sont susceptibles de décrocher, d'un côté ou de l'autre.
Dans l'Est, le classement relu en fonction de ces indicateurs se lit comme suit.

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Les Blue Jackets de Columbus sont la formation qui a surpris l'ensemble de la LNH jusqu'ici. Ils ne sont pas que premiers au classement général avec 50 points, ils sont aussi, de toutes les formations du circuit, une des deux seules à n'avoir joué que 32 matchs !
Évidemment, avec un différentiel de buts estimés de 40 buts inférieur à ce qui est effectivement en banque à ce stade-ci, un immense voyant rouge s'allume : les Blue Jackets vogueraient donc sur un immense nuage d'air chaud ? Pas tout à fait. Leur différentiel de buts est dopé par les performances de leurs gardiens, d'une part, et leur première vague d'avantage numérique, d'autre part.
J'ai parlé de Sergei Bobrovsky la semaine dernière et Curtis McElhinney a lui aussi fort bien fait lorsque le grand Russe a besoin de repos. Quant à l'avantage numérique, c'est d'abord et avant tout du premier quintette qu'il s'agit. Alex Wennberg, Nick Foligno, Sam Gagner, Cam Atkinson et Zach Werenski. De ces joueurs, Werenski est le plus bas au classement des joueurs sur la glace pour le plus grand nombre de buts prévus à 5 contre 4, au 16e rang. Cette unité de choc terrorise la ligue et personne n'a encore trouvé de solution à ce qu'ils mettent en jeu lorsqu'on les lance à l'assaut. Si, à l'orée du mois de Janvier, on est encore à chercher comment les ralentir, c'est qu'on risque de les voir continuer sur leur lancée pour un bon moment. La question, pour Columbus, est de savoir jusqu'à quel point ces avantages se transposeront en séries. Mais l'avance cumulée jusqu'ici fait que la saison régulière, à moins d'un dérapage monumental, semble déjà appelée à être un succès remarquable.
Derrière les Blue Jackets, on retrouve un bloc de quatre clubs de la division ayant cumulé au moins 44 points, loin devant les Hurricanes de la Caroline qui, avec 37 points au 9e rang, semblent condamnés à manquer les séries. Seuls les Flyers, sur qui ils ont trois matchs en main, peuvent possiblement échapper leur position, mais vu le retour en forme de Steve Mason après un début de saison pénible, ainsi qu'une première vague d'avantage numérique aussi menaçante que celle des Blue Jackets, la pente est raide.
Ce blocus métropolitain sur les deux places de clubs repêchés complique drôlement les choses pour les équipes de la section Atlantique.
Les Canadiens de Montréal traînent encore le souvenir douloureux de l'extraordinaire effondrement de l'an dernier, mais il est peu probable qu'on voit pareil scénario se répéter. Même si Carey Price se blesse, Al Montoya a démontré pouvoir offrir des performances dans la bonne moyenne de la ligue. Aussi, le dérapage de l'an dernier était, à pareille date, déjà solidement entamé. Enfin, l'équipe actuelle, malgré une série de blessures à des éléments importants, continue à tenir le coup grâce à ce qui fût historiquement une faiblesse sous la gouverne de Michel Therrien, soit le jeu à 5 contre 5. Les Canadiens y obtiennent en effet plus de 53 pour cent des tirs depuis de début de la saison.
Les Sénateurs d'Ottawa et les Bruins de Boston semblent en position plus précaire. Ottawa a fait preuve d'un opportunisme rare en convertissant un différentiel négatif de tirs en fiche largement positive. Les hommes de Guy Boucher n'obtiennent que 47 pour cent des tirs, ne sont pas vraiment malchanceux dans la conversion des chances qu'ils ont et leurs gardiens n'ont pas, jusqu'ici, offert de performances largement supérieures à celles de la moyenne de la ligue. Bref, ça sent la régression à plein nez. Je suppose que si tout continue à tomber du bon côté pendant encore un mois, les Sénateurs peuvent se faufiler, mais ils vont autant avoir besoin de chance que de poursuivants malchanceux.
Le cas des Bruins est moins inquiétant. Leurs problèmes se résument au fait que leurs tireurs (outre David Pastrnak !) manquent cruellement d'opportunisme. Ce genre de chose arrive et ne dure pas. Les attaquants vont retrouver leurs marques et, alors, le fait que les Bruins obtiennent 55 pour cent des tirs à forces égales devrait leur permettre d'assurer leur position.
Reste que la marge est mince, parce qu'ils ont déjà 36 matchs disputés et seulement 40 points. Derrière eux, trois clubs de l'Atlantique ont au moins un match en main et ne sont qu'à quelques points.
Le Lightning de Tampa Bay n'est qu'à trois points et possède un match en main. Mais les blessures n'en finissent plus d'accabler le Lightning et le temps pourrait finir par manquer.
Les Panthers de la Floride et les Maple Leafs de Toronto sont accablés du même mal que les Bruins : un manque d'opportunisme des tireurs qui masque deux équipes capables de faire bien mieux que leur classement actuel. Les Maple Leafs sont ici négligés à première vue, mais attention. Ils n'ont joué que 33 matchs et sont donc les seuls à avoir un match en main sur les Sénateurs.
Les jeunes loups de la ville Reine sont donc en position de causer toute une surprise d'ici la fin de la saison. Pour une équipe qu'on annonçait encore en reconstruction pour quelques saisons, ça ne serait pas banal.