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Charlie McAvoy est en train de faire flèche de tout bois avec les Bruins de Boston. Âgé de 20 ans à peine, McAvoy s'impose rapidement dans une équipe qui semble en phase de réussir un virage jeunesse à la volée.
Repêché au 14e rang en 2016, McAvoy a joué deux ans à l'Université de Boston avant de faire le saut chez les professionnels lors des séries éliminatoires au printemps dernier. Cette saison, on s'attendait certes à ce qu'il fasse ses classes tranquillement, mais il n'en fut rien. Profitant d'une blessure à Torey Krug en début de saison, McAvoy a fait sa marque sur l'avantage numérique puis s'est rapidement imposé à forces égales.

On l'y a en effet rapidement associé à Zdeno Chara et ainsi envoyé d'office dans les minutes dures, un choix hardi qui, jusqu'ici, paye. Lorsqu'il est sur la glace, l'équipe voit son
taux de tirs vers le filet dopé de 2,5 pour cent.
Mais on n'envoie pas pour autant McAvoy au front de manière indiscriminée, comme en témoigne le coefficient d'adversité de son temps de jeu à forces égales. Calculé à partir de la part de temps passé contre les meilleurs éléments de l'adversaire, relativement au reste de son équipe, ce coefficient permet de voir si un joueur est redirigé vers des confrontations plus difficiles ou si, lorsqu'il chute sous la barre des 100 pour cent, on cherche à lui éviter ce genre de situation.

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La montée rapide du coefficient d'adversité du temps de jeu de McAvoy correspond à son passage sur le flanc droit de Zdeno Chara. La descente marquée à partir du 15e match correspond au passage dans l'Ouest américain de son équipe. On a alors de toute évidence cherché à lui éviter les excellents premiers trios des clubs californiens.
Je trouve particulièrement révélateur le fait que si les assignations de McAvoy ont varié, il est tout de même resté associé à Chara. On peut en déduire qu'à 40 ans bien sonnés, le capitaine des Bruins n'est plus systématiquement utilisé en situation difficile. On a préféré, en Californie, le laisser dans son rôle de mentor, quitte à ce qu'il occupe un rôle un peu plus secondaire.
Mais on ne doit pas pour autant conclure que ces deux joueurs ne sont pas le premier duo défensif du club, à l'échelle de la saison des Bruins. Malgré ce passage dans l'Ouest américain, on s'est énormément appuyé sur eux, notamment
pour défendre les avances obtenues par l'équipe
. Contrairement à d'autres jeunes défenseurs comme Mikhail Sergachev et Will Butcher, on a continué à faire confiance à McAvoy peu importe le score.
Sur les unités spéciales, McAvoy est encore appelé à jouer un rôle secondaire. En avantage numérique, où les Bruins jouent à quatre attaquants, il fait partie de la deuxième vague. Et en désavantage numérique, on lui a donné un solide banc d'essai à la fin octobre et au début novembre, mais on a depuis décidé de le laisser plus en arrière-plan, même s'il continue à obtenir des présences dans cette situation à chaque match.

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À regarder les variations du contexte de son temps de jeu, il me semble donc clair qu'on amène graduellement ce jeune défenseur à jouer un rôle de premier plan, en s'assurant de bien l'entourer et de ne pas trop lui demander de tâches où il ne peut réussir. Il est remarquable de constater que, dans ce contexte,
McAvoy est déjà le deuxième défenseur le plus utilisé de la LNH à forces égales
. Tout nous indique que les Bruins ont su dénicher un des prochains défenseurs dominants de la LNH, juste au moment où Chara arrive au crépuscule de sa carrière. C'est une bonne raison de croire que le virage jeunesse de l'équipe sera un succès.