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Les Predators de Nashville viennent de conclure une autre entente à long terme avec un de leurs joueurs clés, Viktor Arvidsson. Le petit ailier droit, en signant un pacte de sept saisons, recevra en moyenne 4,25 millions $ par an jusqu'à l'âge de 31 ans.
Vu le montant obtenu, on peut croire qu'Arvidsson a choisi de signer au rabais pour obtenir un maximum de sécurité. Les contrats de la LNH étant garantis, il est assuré de toucher la totalité de son argent, soit 29,75 millions $, si son contrat n'est pas racheté. Sinon, pour peu qu'on ne le rachète pas dès l'an prochain, il est assuré de toucher plus des deux tiers de l'argent promis.

On doit présumer que cette sécurité a joué gros pour un joueur comme Arvidsson. Repêché en quatrième ronde en 2014 à l'âge de 21 ans, il sort du champ gauche. Mais son ascension fut météorique.
Il dispute 87 matchs dans la Ligue américaine de hockey entre 2014 et 2016, au cours desquels il obtient 30 buts et, surtout, 357 tirs au but. Un joueur qui obtient plus de quatre tirs par match à un jeune âge dans cette ligue annonce de belles choses, surtout si, comme Arvidsson, il possède un bon coup de patin.
Il dispute au cours de ces deux mêmes saisons 64 matchs dans la LNH, ou ses succès sont plus mitigés, 16 points, dont huit buts. Mais il obtient encore sa large part de tirs, soit 148, plus de deux par match.
Il n'est alors pas encore utilisé en avantage numérique et, lorsqu'il atteint définitivement la grande ligue à l'hiver 2016, HockeyViz.com nous indique
qu'il joue sur le troisième trio
des Predators, en compagnie de Mike Fisher et Colin Wilson.
En 2016-17, Arvidsson monte sur le premier trio,
en compagnie de Ryan Johansen et Filip Forsberg
, en plus d'être lancé sur le jeu de puissance. L'explosion est immédiate et impressionnante, 31 buts et 30 mentions d'aides. Et il joue aussi en désavantage numérique!
Il faut le souligner, le contexte a été favorable à Arvidsson. En sa présence, les Predators ont converti 10 pour cent de leurs tirs en buts à 5 contre 5 au cours de la dernière saison, un taux dévastateur parce que l'équipe a aussi, en sa présence, obtenu pas moins de 69 tirs et marqué près de quatre buts par heure jouée.
Pour bien situer ces performances, le graphique ci-dessous le fait en fonction du pourcentage d'attaquants ayant eu un score inférieur à Arvidsson dans chacune de ces catégories l'an dernier.

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Le taux de conversion était remarquable, mais le nombre de tirs générés par l'équipe l'était plus encore.
Sur le plan plus strictement individuel, toujours à 5 contre 5, Arvidsson a obtenu des points sur 63 pour cent des buts marqués par son équipe en sa présence, un taux dans la bonne moyenne des attaquants de la ligue. Mais surtout, il a tenté près de 19 tirs, obtenu 2,4 points par heure jouée. La part des points obtenus peut laisser entendre qu'il n'était peut-être pas le plus impliqué, mais en fait, il a créé 27 pour cent des tirs de son équipe! Tout ça en obtenant en moyenne le cinquième plus haut total de temps de jeu à 5 contre 5 parmi les attaquants de son équipe. Encore une fois, relativement à la ligue, les résultats sont éloquents :

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On vient donc, chez les Predators, de réaliser un autre coup fumant. Pour tout dire, je suis surpris qu'un joueur comme Arvidsson ait accepté de signer à si long terme. Autonome sans compensation dans trois ans, il aurait assurément fait sauter la banque. Mais en terminant son contrat à 31 ans, dans un contexte où les ententes payantes sont de plus en plus rares pour les joueurs de plus de 30 ans, il vient probablement de boucler l'essentiel de ses gains en carrière avec ce contrat. On en revient à la sécurité : avec une entente garantie, même si la chance tourne (elle ne le favorisera pas toujours comme l'an dernier), les revenus sont bien assurés.
Le directeur général David Poile a bien compris l'enjeu et en a tiré le maximum. L'alignement des Predators est peuplé de joueurs excitants, dans la force de l'âge et sous contrat pour l'essentiel de leurs meilleures années. Ne reste qu'à boucler le dossier de Johansen et l'équipe pour encore un bon moment. Le gros centre risque par contre d'être un dossier plus coûteux qu'Arvidsson. S'il a le même âge que ce dernier, il a par contre déjà six saisons d'expérience derrière la cravate et termine un contrat de trois ans. C'est dire qu'il est à un an de l'autonomie complète. S'il devait se rendre sur le marché des joueurs autonomes, il ferait sans aucun doute sauter la banque. Poile n'a donc pas de rabais à espérer de ce côté.