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Brad Marchand connaît une saison remarquable, lui qui fait partie des meneurs dans la course aux trophées Maurice Richard (meilleur buteur) et Art Ross (meilleur pointeur). Il est surprenant de voir l'ailier gauche des Bruins de Boston dans la course pour ces deux honneurs prestigieux, mais force est de l'admettre, celui qu'on s'est souvent contenté de décrire comme une petite peste (je plaide coupable) est en fait un redoutable joueur offensif depuis plusieurs saisons. Marchand, en fait, a connu une considérable montée en régime depuis trois ans.
Le premier indice de cette augmentation de production se trouve du côté des tirs tentés. Marchand joue dans toutes les situations depuis le début de sa carrière, on peut donc se dispenser des habituelles distinctions entre avantage, désavantage et égalité numérique. Dans tous les cas, il est le premier envoyé au front en compagnie de Patrice Bergeron.

Comme ailier attitré de l'excellent centre no 1 des Bruins, Marchand n'est pas le plus prolifique. Parmi les 500 attaquants ayant joué au moins 2000 minutes depuis 2009-10, Marchand est 161e au total, avec une production de 13,8 tirs tentés par heure jouée. Sa montée des dernières saisons, qui le situe sur le plateau des 16 tirs tentés, le fait remonter entre le 50e et le 75e rang. Un ailier de premier trio, sans contredit, mais on voit que sa production d'élite ne vient pas de là.

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C'est vraiment par la qualité de son tir que Marchand se démarque. La formule des buts prévus du site Corsica.Hockey nous permet de bien le voir. Depuis le début de sa carrière, les tirs obtenus par Marchand auraient dû lui rapporter un but sur 7,05 pour cent de ses lancers, un taux qui le place au 362e rang des 500 attaquants en question, alors que la distance moyenne de ses tirs (28,8 pieds) le place au 343e de ce même groupe.
Mais, saison après saison, la production du numéro 63 des Bruins surpasse systématiquement le modèle, une tendance qui va en s'accentuant depuis deux ans, alors qu'il a presque doublé les totaux prévus.

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C'est assez simple, Marchand est depuis son arrivée dans la LNH le deuxième tireur le plus précis de la ligue, derrière Steven Stamkos. Il outrepasse de 4,6 pour cent le taux de conversion prévu par le modèle de Corsica.hockey.

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Voilà pour le trophée Maurice Richard. Mais le Art-Ross, lui? Il semble sur ce point que Marchand bénéficie d'un contexte plus favorable. La LNH divise les passes en deux catégories. La première passe est celle qui mène directement au but, la deuxième est celle qui a mené à la première passe. Marchand obtient depuis plusieurs années maintenant une quinzaine de premières passes par saison. Mais cette saison, son butin de deuxièmes mentions d'aide a explosé.

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Reporté sur un taux horaire, cela donne un taux de 0,7 passe par heure jouée, ce qui le situe au 158e rang du groupe des 500. Mais d'où viennent ces deuxièmes mentions d'aide?
L'an dernier, cinq des neuf deuxièmes passes obtenues par Marchand l'ont été sur des buts de Patrice Bergeron. Or, son centre a connu cette saison une importante baisse de régime, n'ayant pas même encore franchi le cap des 20 buts (il en a obtenu 32 l'an dernier).
Marchand a encore « tiré » cinq deuxièmes passes de Bergeron cette saison, mais il en a aussi obtenu six sur des buts de David Pastrnak et trois sur des buts de David Backes, les deux joueurs qui ont remplacé Brett Connolly, Lee Stempniak et Matt Beleskey à l'aile droite du premier trio des Bruins.
On a donc affaire à une tempête parfaite. Marchand, au sommet de son art, connaît une séquence exceptionnelle comme buteur, et ce depuis quelques saisons. Ce qui a changé, lors de la présente campagne, c'est que lui et Bergeron ont bénéficié d'ailiers droits d'une qualité inégalée depuis le départ de Tyler Seguin. Les deux compères ont, à eux deux, obtenu pas moins de 23 mentions d'aide sur les buts du jeune no 88.