Johnson-Komarov-Beagle-badge-Bouchard

On parlait hier des bons coups réalisés sur le marché des joueurs autonomes. Nous nous attarderons maintenant aux équipes ayant connu un dimanche plus difficile. Nombre de ces décisions, prises individuellement, ne sont pas si terribles. Mais accumulées les unes après les autres, elles finissent par faire une différence.
Nous utiliserons encore l'indice des buts ajoutés
développé par le blogueur Chace McCallum
pour nous orienter. Cet indice, je le rappelle, fait la somme de différents indicateurs et donne un aperçu global de la contribution d'un joueur donné à une échelle qui permet de le comparer avec les joueurs qu'il remplace.

À LIRE : Bouchard : Les Blues ont-ils trop donné pour O'Reilly? | Liste complète des joueurs autonomes de la LNH | Liste des ententes conclues depuis le 1er juillet 2018
Selon moi, trois équipes ont connu un 1er juillet plus éprouvant : les Penguins de Pittsburgh, les Islanders de New York et les Canucks de Vancouver.
Johnson, une signature qui soulève des questions
À Pittsburgh, si l'on se fie à l'échelle salariale des Penguins, Jack Johnson est désormais leur cinquième défenseur, derrière Kris Letang, Brian Dumoulin, Justin Schultz et Olli Maatta. Si on regarde cette défensive par la lentille des buts ajoutés, on comprend mal ce qui a poussé le directeur général Jim Rutherford à faire l'acquisition du gaucher. Après avoir oscillé autour de trois buts ajoutés au cours des deux saisons précédentes, Johnson s'est effondré l'an dernier, cumulant un taux négatif de buts ajoutés, ce qui le place dans une position gênante par rapport à ses nouveaux coéquipiers.

Bouchard-070318-FigureA

J'ajoute immédiatement une mise en garde, qui vaut aussi pour les autres joueurs dont nous parlerons dans cette chronique. La formule des buts ajoutés ne tient pas compte du jeu en désavantage numérique (McCallum s'explique dans l'article placé en lien un peu plus haut).
Or, Johnson a beaucoup joué dans cette situation. Ce qu'on voit des données brutes illustrées sur le site Hockeyviz.com montre que
Johnson n'a pas été particulièrement transcendant
, mais il s'agit quand même une corde à son arc.
Johnson semble entrer dans la phase de sa carrière où il décline rapidement et on vient de le mettre sous contrat pour cinq ans. J'ai de la difficulté à comprendre la logique derrière ce geste.

Ça n'est pas une énorme erreur en soi, mais la défensive des Penguins, on le voit, est lourdement dépendante de Letang. À cause des lourds investissements faits dans le groupe d'attaquants, Pittsburgh doit compter ses sous quand vient le temps de gérer sa brigade défensive. En donnant pareil contrat à Johnson, on vient de brûler une partie significative de la marge de manœuvre financière de l'équipe. Sachant que les meneurs du groupe ont tous 30 ans ou plus, c'est une bien drôle de décision.
Les Islanders ont-ils paniqué?
La question est embêtante, surtout parce que le DG Lou Lamoriello vient de prendre les rênes de l'équipe, mais elle se pose : à la suite du départ de Tavares, a-t-on été pris de panique?
On ne remplace pas un joueur comme Tavares, qui met une quantité astronomique de buts sur la table. Mais l'an dernier, les attaquants Mathew Barzal et Jordan Eberle ont eux aussi connu des saisons sensationnelles, contribuant tous deux 15 buts ajoutés.
Parce qu'Eberle aura bientôt 28 ans et Barzal 21 ans, on peut raisonnablement croire que ces deux joueurs vont continuer à transporter l'équipe. De même, Josh Bailey (29 ans) et Anders Lee (28) sont de solides attaquants, produisant à la lisière de joueurs de premier trio.
Il semble pourtant que l'on ait cédé à la panique et décidé de boucher des trous avec des vétérans connus, plutôt que de donner la chance à d'autres jeunes des filiales de se faire valoir dans le sillage de Barzal. On a donc conclu des ententes avec les attaquants Valtteri Filppula et Leo Komarov.

Or, ces deux joueurs ont, aux buts ajoutés, offert une contribution d'une valeur négative l'an dernier. Filppula n'est sous contrat que pour un an, mais Komarov, âgé de 31 ans, a signé une entente de quatre saisons.
On se serait contenté de renouveler le contrat du défenseur Thomas Hickey et la journée aurait été bonne, vu les circonstances. Il est parfois préférable de ne rien faire.
Les Canucks semblent se chercher
Où vont les Canucks? Tant que les jumeaux Sedin étaient de l'alignement, il était compréhensible qu'on cherche à les appuyer le mieux possible dans l'espoir de trouver un moyen de tirer profit de leur talent considérable. Mais puisque les Suédois sont maintenant à la retraite, on serait en droit de croire que l'heure de la reconstruction a sonné.
Or, on s'est plutôt empressé de mettre sous contrat les attaquants Antoine Roussel (cinq buts créés l'an dernier), Tim Schaller (0,8 but créé) et Jay Beagle (-0,5 but créé). Roussel est un excellent joueur de soutien, mais il aura 29 ans en novembre et on lui a consenti une entente de quatre ans. Schaller, qui aura 28 ans en novembre, est polyvalent et a paraphé une entente plus raisonnable de deux ans.

Plus que tout autre, c'est le contrat de Jay Beagle qui me mystifie. Certes, Beagle a été le joueur le plus utilisé des Capitals de Washington en désavantage numérique depuis trois ans. Mais est-ce que cette seule spécialité vaut vraiment, pour une équipe en reconstruction, un contrat de quatre ans qui le mènera à l'âge de 36 ans? J'ai du mal à le croire.
De manière plus mineure, c'est un peu aussi la même question qui se pose dans le cas de Roussel. Les Canucks ne sont pas au stade où ajouter quelques buts sur leurs troisième ou quatrième trios va changer drastiquement les choses, alors pour quelle raison investir ainsi dans le Français?
Je n'ai certainement pas la science infuse et je n'ai certainement pas accès aux informations que possèdent les Canucks. Je dois donc leur donner le bénéfice du doute, mais non sans souligner que, vue de l'extérieur, cette organisation semble encore en déni face aux tâches qui l'attendent.