Carlo McAvoy badge Bouchard

Les Bruins de Boston, après avoir manqué les séries éliminatoires à deux reprises en 2015 et 2016, semblent maintenant avoir complété un virage jeunesse. C'est un peu le Saint-Graal de la LNH : reconstruire à la volée. Comment ont-ils réussi leur coup?
Parce qu'il y a bel et bien eu changement de la garde à Boston. Les jeunes prennent depuis deux ans de plus en plus d'importance, mais pas où on pourrait le croire. Les Bruins ont en effet choisi de conserver leurs vétérans les plus efficaces et de remplacer des joueurs dans la force de l'âge par de plus jeunes joueurs.

En effet, c'est le groupe des 23 à 27 ans qui a perdu en importance depuis quelques années dans cette formation.

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Une partie de l'explication est bien sûr due au fait que des joueurs importants comme Brad Marchand ou encore David Krejci vieillissent, mais il y a plus. On a greffé à l'équipe des joueurs de soutien comme Riley Nash, Kevan Miller ou encore David Backes pour consolider le groupe de vétérans.
Reste que le développement de jeunes joueurs est un aspect clé des succès récents des Bruins. David Pastrnak, Charlie McAvoy, Danton Heinen et Brandon Carlo ont rapidement fait leur place dans ce groupe de joueurs et semblent aujourd'hui faire partie du noyau dur de l'équipe.

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Fait à noter, ces joueurs ont certes été obtenus au repêchage, mais ne sont pas le résultat de choix extrêmement élevés. McAvoy a été repêché au 14e rang au total, Pastrnak au 25e, Carlo est un choix de deuxième ronde et Heinen de quatrième ronde. En fait, on pourrait écrire tout un papier sur les occasions manquées par les Bruins au repêchage, notamment en 2015, alors qu'après avoir échangé (entre autres) Dougie Hamilton, Boston semble avoir tiré à blanc sur trois choix consécutifs de première ronde, passant du même coup outre sur une série de joueurs qui se sont depuis établis dans la LNH.
Les Bruins ont été à la fois patients, audacieux et chanceux. Patients, parce qu'ils n'ont pas cherché à dynamiter leur fondation, se gardant bien d'échanger des vétérans vieillissants comme Patrice Bergeron ou encore Krejci. Audacieux, parce qu'ils n'ont pas hésité à marcher sur la peinture en rachetant ou en enterrant dans les mineures des contrats mal avisés concédés à des vétérans dans la force de l'âge. Chanceux, parce qu'il est plus rare qu'on le pense que des joueurs repêchés au rang de McAvoy et Pastrnak deviennent aussi bons aussi rapidement. McAvoy, notamment, s'annonce selon moi comme l'un des vols de l'encan 2016.
La reconstruction des Bruins en est-elle vraiment une? La question se pose, je pense. On a continué à s'appuyer sur les mêmes vétérans et on s'est surtout contenté de remplacer des joueurs complémentaires payés au prix fort (Loui Eriksson, Matt Beleskey, Jimmy Hayes, Dennis Seidenberg) par de jeunes joueurs moins dispendieux et tout aussi performants.
Surtout, lorsqu'on regarde les variations des performances du club au fil des ans, on constate qu'une part importante des déboires du club s'explique par les performances des gardiens chargés d'appuyer l'un des piliers du club, Tuukka Rask. Celui-ci a bien connu des baisses de régime entre 2015 et 2017, mais continue à afficher un taux d'arrêts de ,915. Ses suppléants, par contre, peinent au cours de ces mêmes saisons à toucher la barre du ,900. Ajoutez à ça des taux de conversion ordinaires et soudainement, même si les Bruins ne connaissent pas nécessairement de passages à vide sur le plan du taux de possession au cours de ces saisons, l'équipe a peiné à faire les séries. Cette saison, tout est rentré dans l'ordre et des jeunes prometteurs continuent à pousser. C'est peut-être ça, finalement, le secret de la reconstruction : ne pas s'attacher inutilement à des vétérans de second plan et ne pas hésiter à confier leurs tâches à des jeunes prometteurs. Un plan à la portée de toutes les équipes.