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Alors que les Canadiens de Montréal se fendent, pour une deuxième fois en trois ans, d'une fin de saison consacrée à la préparation de la prochaine campagne, certaines questions continuent à hanter le club. La plus préoccupante demeure celle du statut de centre no 1 de l'équipe.
L'histoire du poste de centre no 1 des Canadiens, c'est aussi celle d'Alex Galchenyuk, qui a été repêché comme joueur de centre. Mais on a choisi d'amener Galchenyuk dans la LNH dès l'année suivant son repêchage et, au sein d'une équipe de vétérans qu'on voulait voir gagner immédiatement, on a rapidement choisi de le muter à l'aile.

La décision se comprenait. Lars Eller, Tomas Plekanec et David Desharnais étaient bien installés au centre et en l'envoyant sur le flanc gauche, on se donnait l'option de donner plus de glace à ce joueur talentueux qui a toujours su produire à l'attaque.
Mais c'est, en quelque sorte, un pacte faustien qu'on a alors signé : au nom de résultats immédiats, on a retardé, retardé et retardé encore son passage à la position qui devait être la sienne. Résultat, ce n'est qu'en 2015-2016, alors qu'il avait déjà près de 200 matchs d'expérience dans la LNH, qu'on a décidé de lui confier le poste de centre.

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La saison 2015-16 a, on s'en souvient, viré au cauchemar à la suite de la blessure subie par Carey Price. Aux prises avec une spirale infernale, Michel Therrien a fini par renoncer, au mois de janvier, à laisser Galchenyuk jouer au centre pour y ramener Lars Eller. Le Danois, qu'on va plus tard échanger aux Capitals de Washington, revenait ainsi à sa position naturelle après avoir été tassé aux ailes par Galchenyuk. Une fois la saison définitivement gâchée, on a ramené le no 27 au centre, pour de bon cette fois-ci.
Du moins c'est ce qu'on croyait. Blessé un peu avant la mi-saison l'an dernier, Galchenyuk semble être revenu un peu trop rapidement au jeu et, à la suite de l'arrivée de Claude Julien, on l'a renvoyé à l'aile. Encore.
On n'a pas dérogé depuis, l'associant principalement à Jonathan Drouin au nom d'une association qui se veut, en théorie du moins, fructueuse.
En pratique, rien n'est moins sûr. Le chroniqueur Eric Engels, du réseau Sportsnet, le soulignait hier encore : Drouin connaît un passage pénible au poste de centre, une transition dont la difficulté peut, selon le principal intéressé, remonte en partie à sa préparation physique de l'été dernier.
Ces propos de Drouin ont de quoi rassurer l'administration de l'équipe. Un problème, pour être réglé, se doit d'abord et avant tout d'être clairement identifié, ce que Drouin fait avec éloquence et assurance. On n'a jamais entendu pareille analyse de Galchenyuk et il y a lieu de croire que c'est en partie pourquoi on a fini par perdre confiance en sa capacité à s'imposer à cette position.
Mais quand même, un doute se doit de subsister. À voir le prix payé pour les services de Paul Stastny et Derick Brassard à la date limite des échanges, à voir aussi l'absence de joueurs de premier plan disponibles à cette position sur le marché des joueurs autonomes, il est peu probable qu'on pourra acquérir un joueur de la trempe désirée en échangeant, par exemple, Max Pacioretty. Entre Drouin et Danault, donc, un trou béant subsiste.
Et c'est pourquoi on doit (encore) revenir au cas de Galchenyuk. Les progrès de ce dernier sont, Engels le souligne dans son article, évidents, surtout depuis l'arrivée de l'an 2018.
À voir cette progression, il est utile de rappeler quelles furent les performances passées de Galchenyuk au centre.
En 2012-13, il occupe surtout cette position entre Brendan Gallagher et Brandon Prust. L'année suivante, il n'y joue pour ainsi dire pas. En 14-15, un séjour de quelques matchs, en compagnie de Gallagher et Max Pacioretty. En 2015-16, c'est surtout avec Gallagher, Pacioretty et Sven Andrighetto (!) qu'il patrouille ce poste. L'an dernier, on le verra surtout entre Alexander Radulov et Paul Byron, puis parfois entre Pacioretty et Gallagher.
Galchenyuk, donc, a bien été entouré. Mais on doit savoir qu'à l'aile, il accompagne principalement Tomas Plekanec et Lars Eller. Il n'a donc pas vraiment été, depuis quelques années maintenant, à l'aile en compagnie d'un centre aux aptitudes défensives déficientes. Il est donc intéressant de voir, selon la position qu'il a occupée, quel fut son impact sur la part des tirs obtenus. Comment le sort de l'équipe était-il affecté par sa présence?

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La qualité des ailiers y joue pour beaucoup, évidemment, mais il est quand même saisissant de voir que Galchenyuk a, au fil des saisons, su contribuer de manière plus positive aux succès de l'équipe à forces égales. Il est loin d'être parfait, c'est une évidence. Mais à voir la collection d'ailiers capables de contribuer aux quatre coins de la patinoire accumulée par l'équipe depuis deux ans, il ne serait peut-être pas mauvais de ramener Galchenyuk à sa position d'origine. On ne pourra pas éternellement faire jouer Nikita Scherbak sur le quatrième trio, et quelqu'un va devoir lui faire une place. Quitte à ramener Jacob de la Rose sur le quatrième trio.