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Les Blackhawks de Chicago, après avoir connu une autre excellente saison régulière, se sont fait éviscérer par les Predators de Nashville dès la première ronde le printemps dernier, soulevant des doutes sur leur capacité à continuer à appartenir à l'élite de la ligue. Toutefois, après deux matchs disputés cette saison, ces increvables Blackhawks ont marqué pas moins de quinze buts.
À Chicago, il était intrigant de voir comment l'équipe amorcerait l'année après avoir effectué quelques gros bouleversements pendant l'été. Le défi, dans la ville des vents, est le même depuis que Jonathan Toews et Patrick Kane ont obtenu leurs faramineux contrats : trouver des éléments qui, vaille que vaille, vont effectuer à faible prix le travail des joueurs d'élite de la formation. Ça n'est pas toujours évident et parfois, on se doit de sacrifier des joueurs établis pour faire de la place au sang neuf. Mais cette saison, on a particulièrement fait preuve d'imagination.

Tout d'abord, on a échangé Niklas Hjalmarsson aux Coyotes de l'Arizona contre Laurent Dauphin et Connor Murphy. Pilier des éditions championnes de la Coupe Stanley, Hjalmarsson, avec son salaire de 4,1 millions par saison, demeurait encore échangeable.
On a donc décidé d'aller chercher Murphy. Ce dernier reçoit un salaire similaire, mais est beaucoup plus jeune et est sous contrat pour encore cinq saisons. On s'assure ainsi au moins de stabiliser l'assiette salariale de la défensive.
Toujours en défensive, on est revenu à d'anciennes recettes, en se tournant massivement vers les vétérans Duncan Keith et Brent Seabrook.
Réunis systématiquement
pour la première fois depuis plusieurs années, ces deux-là sont évidemment les principaux leveurs de fonte de la défensive. Mais on a su faire preuve d'imagination en allant chercher dans la ligue tchèque un défenseur, Jan Rutta, qui s'est d'office taillé une place avec le grand club. Avec Gustav Forsling, Rutta forme jusqu'ici la deuxième paire de défenseurs la plus utilisée du club. Si la tendance se maintient, c'est toute une trouvaille qu'on aura faite de ce côté.
La transaction de Brandon Saad pour Artemi Panarin suivait la même logique que celle de Hjalmarsson : un joueur un peu plus jeune, sous contrat pour le même montant, mais pour plus longtemps. Saad apportait de plus le boni d'être un sbire parfait pour Jonathan Toews, qui semblait quelque peu esseulé depuis la baisse de régime de Marian Hossa.
Mais encore ici, c'est du côté des jeunes joueurs qu'on semble avoir encore une fois trouvé suffisamment de sang neuf. Il y a évidemment Alex Debrincat, qu'on a d'emblée choisi d'associer
aux vétérans Artem Anisimov et Patrick Sharp
. Magicien avec la rondelle, Debrincat est attendu, après des saisons de 51, 51 et 65 buts (cette dernière en 63 matchs!) dans les rangs juniors. De petite stature, mais dynamique, il n'a pas encore obtenu beaucoup de points, mais n'a que 19 ans.
Surtout, à ma connaissance pour la première fois de sa carrière, il semble qu'on demande à Patrick Kane de transporter un trio à lui seul. Bon, c'est un peu gratuit comme expression, sachant que ses compagnons de trios sont Nick Schmaltz et Ryan Hartman, deux anciens choix de première ronde, mais le fait est que ces deux attaquants dans la jeune vingtaine sont encore en train de faire leurs preuves. Kane, qu'on a traditionnellement associé à un centre capable de prendre soin du côté défensif des choses, est désormais seul meneur de jeu sur ce trio. Ça n'est certainement pas un mauvais pari. Andrew Berkshire, du réseau Sportsnet, soulignait il y a une semaine que, parmi les ailiers droits de la ligue, Patrick Kane est le plus dominant non seulement à l'attaque,
mais aussi en transition
. Cette capacité à organiser la relance est un point souvent mésestimé de la contribution du numéro 88.
Un dernier élément en terminant. Un autre départ significatif cet été fut celui de Marcus Kruger, spécialiste des mises en jeu en zone défensive. En l'absence de Kruger,
c'est à Anisimov et Sharp
qu'on semble pour l'instant vouloir donner ces responsabilités. Je ne sais pas combien de temps ça va durer et, surtout, ce que ça va avoir comme impact sur la production de Debrincat, qui va certainement perdre du temps de glace à cause de ces affectations. Mais Joel Quenneville a toujours aimé s'appuyer sur un trio de spécialistes défensifs pour le travail dans sa zone, et il ne semble pas vouloir changer de tactique. Seulement, plafond salarial oblige, on n'a plus les moyens de se payer un spécialiste dans la force de l'âge pour ce genre de tâches. C'est maintenant à deux vétérans historiquement connus pour leur contribution offensive qu'on demande de remplir ces tâches. Aux jeunes, donc, de compenser sur le plan offensif.