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L'histoire de la dynastie des Islanders de New York au début des années 1980, c'est celle de deux acolytes indissociables et complémentaires comme le poivre et le sel : le directeur général Bill Torrey et l'entraîneur Al Arbour.

Torrey, dit l'architecte au nœud papillon, et Arbour, avec sa bouille de professeur d'anthropologie, nous ont quittés il y a quelques années, mais on ne les a pas oubliés.

« C'est toujours très agréable quand nous nous retrouvons, les joueurs, comme ç'a été le cas en février pour les cérémonies de retraits des chandails de John Tonelli et de Butch Goring », évoque l'ancien capitaine Denis Potvin en entrevue à LNH.com. « On se rappelle de beaux moments et d'anecdotes, mais on pense beaucoup à nos anciens dirigeants.

« Bill et Al ont été les bâtisseurs de la concession, reprend Potvin. Les gars leur vouent beaucoup de respect et de gratitude pour ce qu'ils ont accompli.

« Bill avait une foi inébranlable en Al. Ce ne sont pas tous les directeurs généraux qui auraient gardé leur entraîneur en poste après notre deuxième élimination hâtive de suite en séries éliminatoires en 1979. Ce n'est pas qu'on y pensait dans le temps, mais ça montre toute la confiance que Bill avait pour Al. »

L'ancien attaquant Mike Bossy mentionne que les joueurs ont toujours su qu'Arbour était l'homme de Torrey.

« Je n'ai jamais cru que le poste d'Al pouvait être en danger en raison de l'amitié et de la complicité qui les unissait. Je craignais davantage pour l'avenir de certains joueurs dans l'équipe. »

Torrey, qui était incidemment natif de Montréal, avait amené Arbour à la barre des Islanders en 1973. La grande force du duo a été d'assembler une formation championne incluant 16 joueurs qui ont savouré les quatre conquêtes d'affilée - d'Anders Kallur à Wayne Merrick en passant par Dave Langevin à Bob Bourne. C'était à une autre époque, on ne reverra plus ça.

Parce que justement c'était la première, la première conquête a été la plus difficile à obtenir, selon Bossy.

« Nous avons eu des parcours plus faciles dans les deuxième et troisième conquêtes en raison de la confiance qui nous habitait et de notre force. Sans leur manquer de respect, j'avais le sentiment que nous étions supérieurs à nos adversaires en Finale, les North Stars du Minnesota (1981) et les Canucks de Vancouver (1982). »

Bossy et Potvin ne cachent pas que le quatrième sacre acquis contre les redoutables Oilers d'Edmonton en 1983 leur a fait un grand velours.

« La quatrième Coupe, c'est ma préférée parce nous n'étions pas censés gagner, relève Bossy. Non seulement nous avons gagné, nous l'avons fait en balayant la Finale en quatre matchs. »

Comme les Islanders en 1978 et en 1979, les Oilers ont alors réalisé qu'il fallait apprendre à marcher avant de courir. L'année suivante, la « bande à Wayne Gretzky » a montré qu'elle avait bien retenu la leçon, en mettant fin à la quête d'un cinquième championnat des Islanders.

« Les Oilers avaient compris que jouer en Finale de la Coupe Stanley n'avait rien à voir avec un match de la saison régulière en novembre », illustre Potvin, qui est le seul capitaine de l'histoire de la LNH à avoir mené son équipe à la victoire dans 19 séries d'affilée et à cinq Finales consécutives.

« Ils ont bien appris parce qu'ils nous ont dominés », note Bossy en parlant de la revanche en cinq matchs des Oilers, en suggérant que le poids de la fatigue des quatre années précédentes avait rattrapé les Islanders.

« C'était pour nous une 20e série en cinq ans et il ne faut pas oublier que plusieurs joueurs avaient vu leur été écourté par des participations aux tournois de la Coupe Canada en 1981 et en 1984 », indique-t-il.

Une initiative saluée

L'organisation des Islanders fait une plus grande place à ses anciens héros dernièrement et Potvin salue l'initiative.

« On a plus d'occasions de se revoir depuis l'arrivée des nouveaux propriétaires, fait-il remarquer. J'encourage ça, j'aimerais voir les Islanders imiter des équipes comme les Canadiens de Montréal et les Maple Leafs de Toronto. Elles n'hésitent pas à accorder une place importante à leurs grands joueurs du passé : les Yvan Cournoyer, Guy Lafleur, Darryl Sittler et Wendel Clark.

« Les partisans des Islanders nous considèrent comme des membres de leurs familles. Ç'a été une période extraordinaire pour l'organisation et les joueurs dans les années 1980. Ça ne peut être qu'une bonne chose qu'on nous ramène dans le giron de l'équipe. Les Rangers de New York le font avec une vingtaine d'anciens qui contribuent à promouvoir l'équipe. Je pense que les Islanders pourraient faire la même chose. »