Trotz

Forts d'une neuvième victoire consécutive, les Capitals de Washington ont arraché dimanche après-midi le premier rang de leur section, de leur association et de la ligue aux Blue Jackets de Columbus. Qu'est-ce qui se cache derrière cette poussée?
Premièrement, il semble que les Capitals ne s'appuient plus comme avant sur un des aspects traditionnellement associés à leur succès, soit une unité d'avantage numérique particulièrement dominante. Entre le début de la saison écourtée de 2012-13 et la fin de la saison 2015-16, les Capitals obtiennent pas moins de 227 buts en avantage numérique, 20 de plus que la deuxième équipe, les Flyers de Philadelphie.

On ne peut en dire de même de leur unité de désavantage numérique, qui accorde au cours de la même période le 11e plus haut total de buts en désavantage numérique. À forces égales, les Capitals ont la 16e meilleure défensive et la 9e meilleure attaque. Les Capitals ont vécu et péri par l'épée au cours de cette période.
Les choses semblent avoir quelque peu changé cette saison. Les Capitals sont 23e pour le nombre de buts marqués en avantage numérique, mais troisièmes pour les buts marqués à 5-contre-5 et, surtout, premiers pour le nombre de buts accordés à 5-contre-5 et 12e pour les buts accordés en désavantage numérique. Tout un retournement de situation!
Mais les buts ne disent, évidemment, pas tout. Les hommes de Barry Trotz ont jusqu'ici quelque peu sous-performé en avantage numérique et, au contraire, joué au-dessus de leur tête en désavantage.
En effet, lorsqu'on distingue le total des buts marqués et obtenus dans ces situations par rapport aux buts « attendus » (
une formule développée sur le site corsica.hockey
), il s'avère que les Capitals ont, jusqu'ici, « manqué » un peu plus de cinq buts à 5-contre-4, mais qu'ils ont « sauvé » environ quatre buts à 4-contre-5. Bref, entre les performances hors de l'ordinaire de leurs gardiens et le manque d'opportunisme des tireurs, les unités spéciales ont au bout du compte essentiellement fourni ce qu'on est en droit d'attendre d'elles. Pas de phénomène particulier ici, contrairement à ce qu'on retrouve par exemple
du côté des Blue Jackets de Columbus
.
C'est une autre paire de manches à 5-contre-5. Braden Holtby et Philipp Grubauer connaissent jusqu'à présent une saison exceptionnelle, stoppant pas moins de 94 pour cent des rondelles dirigées sur le filet des Capitals dans cette situation.
Le jeu de l'équipe devant les gardiens y est pour quelque chose. Toujours selon Corsica.hockey, les Capitals ont accordé le cinquième plus bas taux de chances de marquer par heure jouée de la LNH. Mais Grubauer et Holtby excèdent par plus de 2 pour cent leur taux d'arrêts attendu, le meilleur score de la LNH. À cela s'ajoute le fait que l'équipe obtient le septième plus haut total de chances de marquer de la ligue par heure jouée à 5-contre-5, ce qui donne au bout du compte une formation capable de dominer aux deux extrémités de la patinoire dans la situation qui représente l'essentiel du temps de jeu à chaque match.
Les séquences heureuses ne sont pas bâties que sur de bons taux de possession. Une solide dose de chance entre aussi en ligne de compte. Si c'est bien sur le jeu à 5-contre-5 que la présente séquence se bâtit, il faut savoir que, depuis une vingtaine de matchs, on voit que les Capitals excèdent massivement la part prévue de buts qui leur revient.

Bouchard Capitals 160117

Le modèle de Corsica.hockey montre qu'en fait, les Capitals ont pendant un bon moment surfé sur l'excellence de leurs gardiens, peinant à garder l'avantage aux tirs obtenus et, si on se fie aux formules de buts prévus, cédant à leurs adversaires la part du lion des tirs dangereux. Mais Holtby et Grubauer n'ont jamais, sur une moyenne de 10 matchs, arrêté moins de 93 pour cent des rondelles.
Depuis le 30e match de la saison, on semble avoir trouvé le moyen de redresser la barre. Encore mieux, l'équipe convertit plus de 10 pour cent de ses tirs en buts au cours de cette période remontant à la mi-décembre.
Le détail du déploiement des joueurs de l'équipe nous montre qu'un changement majeur est survenu à ce moment dans la défensive du club, qui est illustré par une série de graphiques publiés sur le site hockeyviz.com. Premièrement, on constate que le temps de glace du défenseur numéro 1un du club, John Carlson,
baisse significativement à partir du 30e match
. Cette baisse correspond à un changement de partenaire : on cesse de l'associer à Dmitry Orlov et on
le fait maintenant jouer avec Karl Alzner
. Orlov, lui,
joue désormais avec Matt Niskanen
.
C'est le principal changement qu'on peut trouver. Dans le groupe d'attaquants, le top-6 reste tel quel, les quatre ailiers principaux (Alex Ovechkin, T.J. Oshie, Marcus Johansson et Justin Williams) alternant aux côtés des deux premiers centres (Nicklas Backstrom et Evgeny Kuznetsov). Tout au plus peut-on voir qu'on semble avoir enfin trouvé des ailiers stables pour Lars Eller,
qu'on associe depuis la mi-décembre à Andre Burakovsky et Brett Connolly
.
Il semble que les Capitals récoltent les fruits d'un long travail de recherche des bonnes associations. Ces ajustements et cette séquence heureuse placent les Capitals dans un club très sélect. En tête du classement général, ils sont, avec le Wild du Minnesota et les Blue Jackets de Columbus, la seule équipe à avoir un différentiel de buts supérieur à plus-40. Comme ces deux autres formations, on doit s'attendre à ce qu'ils fassent beaucoup de bruit lors du tournoi printanier.