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BOSTON – Dans une saison au cours de laquelle il a pourchassé le plateau des 70 buts, Auston Matthews a raté très peu d’occasions comme celle qui s’est présentée à lui lors du premier match de la série entre les Maple Leafs de Toronto et les Bruins de Boston, samedi.

Une sortie hasardeuse du gardien Jeremy Swayman lui a offert une chance en or d’inscrire son premier but des séries en début de deuxième période. Mais son tir vers la cage abandonnée a finalement abouti sur le poteau. Une minute 16 secondes plus tard, les Bruins portaient leur avance à 2-0. Crève-cœur.

« Cette séquence a été énorme pour nous, a souligné l’entraîneur des Bruins, Jim Montgomery. J’étais certain que c’était 1-1 quand Matthews s’est présenté devant le filet ouvert. Nous devons faire mieux. On ne peut pas lui donner trop d’occasions comme ça. Il est tout simplement trop bon. »

Ce fut ce genre de soirée pour Matthews et sa bande. Une soirée où leur manque d’opportunisme et leur indiscipline leur ont coûté le premier duel de la série par la marque de 5-1, samedi, dans un TD Garden explosif qui s’est même permis de célébrer avec un « Olé! Olé! Olé! ». Allez savoir pourquoi.

Il est vrai qu’il y avait des choses à célébrer, cependant. 

Les Bruins ont joué avec émotion et robustesse, et ils ont été en mesure de générer plusieurs bonnes chances de marquer en contre-attaque. Il y a aussi eu les deux buts de Jake DeBrusk sur le jeu de puissance, plutôt efficace en cinq déploiements, et le brio de Swayman, solide comme le roc devant 36 tirs.

À part sa petite mésaventure devant Matthews et le but accordé à David Kampf en début de troisième période, l’homme masqué a connu une excellente soirée au boulot.

« C’est un privilège de jouer dans cette ligue et pour cette ville, a lancé le portier. Le fait d’obtenir ce départ et d’entendre cette foule rugir m’a rendu émotif. Je sais à quel point c’est difficile de se rendre ici et je comprenais l’ampleur de l’opportunité. J’ai eu le sourire au visage tout au long de la soirée. »

Ce sourire devait être bien large après l’excellent début de match qu’il a connu.

Malgré l’absence de l’attaquant de pointe William Nylander, blessé, les Torontois sont sortis des blocs avec aplomb, dirigeant pas moins de quatre tirs vers son filet en 1 min 30 s. Sur la dernière de ces quatre offrandes, Swayman a étiré la jambière pour voler un but à Nicholas Robertson. 

La bruyante foule aurait pu s’éteindre à ce moment et le dénouement de la rencontre aurait été bien différent. Au lieu de ça, John Beecher ouvrait la marque à l’autre bout, 56 secondes plus tard. La réplique a été immédiate et très opportuniste. Exactement comme sur le deuxième but.

« Ces arrêts à bout portant ont été importants, a analysé Montgomery. Après ça, on a trouvé notre rythme. »

Le pilote avait laissé planer le doute sur l’identité de son gardien partant au cours des derniers jours. Il a finalement décidé d’y aller avec Swayman, et le jeune homme de 25 ans l’a bien fait paraître. L’idée d’une rotation avec Linus Ullmark semble désormais moins probable, mais pas impossible.

« Ce sera difficile de ne pas y aller avec Swayman, a-t-il avoué. Il a joué un match incroyable. Cela dit, si nous décidons d’envoyer Ullmark dans la mêlée, je suis à l’aise avec la décision et l’équipe est à l’aise avec la décision. Le choix du gardien n’a aucun effet dans notre vestiaire. »

De l’énergie

Les Bruins ont aussi démontré l’importance de compter sur un quatrième trio doté d’une identité bien définie en séries. L’unité formée par Beecher, Jesper Boqvist et Pat Maroon a non seulement donné le ton avec le premier but, mais elle a soulevé la foule grâce à des présences endiablées – surtout en première.

« Dès le départ, ils nous ont procuré beaucoup d’énergie, a observé le défenseur Brandon Carlo, auteur d’un but. Ils fournissent l’effort tous les soirs et ils ont une attitude très positive. C’est bien de voir ces gars se lever comme ils l’ont fait. Je suis très fier d’eux. »

La présence la plus marquante s’est amorcée avec quelques revirements causés par l’échec avant sans relâche de Beecher en zone adverse et s’est conclue avec Maroon qui renverse le pauvre Timothy Liljegren sur le banc des Bruins – au grand plaisir de la foule bostonnaise, vous l’imaginez.

Blessé lors de son acquisition à la date limite des transactions, Maroon n’en était qu’à son troisième match avec les Bruins. Il est déjà un favori de la foule, et un favori dans le vestiaire.

« Il y a une raison pour laquelle ce gars a gagné trois fois la Coupe Stanley, a conclu Beecher. Il sait comment jouer de la bonne façon et comment gérer les émotions d’un match de séries. Son arrivée a été bénéfique pour moi et pour Boqvist. »

EN PROLONGATION

Le chiffre du match : 8

C’est le nombre de mises en échec distribuées par le défenseur des Leafs, Simon Benoit – un sommet parmi les deux équipes. Pas moins de 100 coups d’épaule ont été donnés dans ce match, 50 de chaque côté.

Une perte qui fait mal

William Nylander n’a pas raté un seul match au cours des deux dernières campagnes, mais une blessure l’a forcé à s’absenter, samedi. Mauvais timing, direz-vous. L’absence du deuxième pointeur de l’équipe en saison n’explique pas tous les déboires des Leafs, mais elle s’est fait sentir sur le jeu de puissance.

Les Leafs ont été blanchis en trois occasions, dont un avantage numérique à 4-contre-3 en tout début de deuxième période alors que les Bruins ne menaient que par un but.

« C’est un très bon joueur qui fait une différence dans notre équipe, a dit Keefe. Nous n’avons pas bien géré son absence ce soir. Il aurait eu un impact en avantage numérique, mais son absence n’est pas l’histoire du match. […] Notre jeu de puissance n’était pas bon. Trop lent et déconnecté. »

Dérangeants, mais à quel prix?

Les Maple Leafs ont fait les acquisitions des pestes Tyler Bertuzzi et Max Domi via le marché des joueurs autonomes, l’été dernier, en se disant que leur présence changerait le visage de l’équipe une fois en séries.

En théorie, l’idée se tient. En pratique, il y a encore des choses à prouver. Domi a été chassé à deux reprises et sa deuxième pénalité, un coup de bâton inutile à l’endroit de Brad Marchand, a coûté un but aux siens. Bertuzzi a quant à lui été envoyé au cachot une fois pour une punition en zone offensive, sans dommage.

« Nous avons été négligents avec nos bâtons, a résumé Keefe. La punition de Domi en était une d’indiscipline. Je comprends ce qu’il essayait de faire, mais il a franchi la ligne sur ce jeu. À ce temps-ci de l’année, on ne peut pas se permettre ça. »

Contribution secondaire

Comme tout le monde l’avait prévu – ou pas – Beecher et Carlo ont inscrit les deux premiers buts de ce parcours éliminatoire des Bruins. Ensemble, ils ont totalisé 11 buts en 128 matchs, cette saison. Une autre preuve que le tournoi printanier est une tout autre bête à dompter.

Si Beecher a marqué à son premier match éliminatoire en carrière, Carlo a touché la cible pour la troisième fois en séries, son premier en 37 matchs au printemps – son dernier but remontait au 9 juin 2019, en finale face aux Blues de St. Louis.

« Je ne m’attendais pas à marquer à ma première présence en séries, mais Pat (Maroon) a fait un beau jeu dans le coin, et Jesper (Boqvist) m’a fait une belle passe sur le 2-contre-1, a raconté Beecher. J’étais heureux de battre le gardien et de lancer les gars en avant aussi tôt dans le match. »