Souvenirs des Mondiaux juniors : Martin Lapointe
par Staff Writer / Montréal CanadiensMONTRÉAL – Représenter le Canada au Championnat du monde de hockey junior est un privilège auquel plusieurs jeunes hockeyeurs n’ont pu goûter. Martin Lapointe a, quant à lui, obtenu cette opportunité, pas une, pas deux, mais bien trois fois.
Faisant flèche de tout bois dès son entrée dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec, l’attaquant originaire de Ville Saint-Pierre a fait des prouesses qui ne sont pas passés inaperçues, attirant au passage l’attention des dirigeants de l’équipe nationale. Favorisant habituellement les jeunes âgés de 18-19 ans, le personnel d’entraîneurs d’Équipe Canada Junior n’a pas hésité à faire appel à l’ailier de 17 ans pour représenter son pays aux Mondiaux junior de 1991, à Saskatoon.
Martin Lapointe est l’un de seulement sept joueurs dans l’histoire à avoir représenté le Canada à trois reprises au Championnat du monde de hockey junior. |
« En 1991, j’étais entouré de gars plus âgés que moi et je n’ai pas joué souvent durant le tournoi », raconte l’actuel directeur du développement des joueurs du Tricolore. « J’avais un rôle sur un quatrième trio. C’était malgré tout une de mes plus belles expériences au niveau junior. Jouer avec des gars plus vieux était un peu intimidant, mais c’était aussi très amusant. »
L’un des meilleurs marqueurs du Titan de Laval à l’aube du tournoi du temps des Fêtes, Lapointe a dû s’adapter à une nouvelle réalité au sein d’Équipe Canada junior. Avec six joueurs ayant participé à l’édition précédente de retour avec la formation, certains ont dû céder leur place et accepter de nouvelles responsabilités qu’on ne leur avait jamais confiées jusqu’à présent au cours de leurs jeunes carrières.
« Je formais un bon quatrième trio avec Brad May et Dale Craigwell et nous avions pris notre place sur l’équipe. Quand j’avais l’opportunité de jouer, je ne manquais pas ma chance », indique Lapointe, qui a obtenu trois points en six matchs au tournoi de 1991. « Il faut que tu apprennes à accepter le rôle qu’on te donne et faire le travail. Si tu essayes de changer de rôle, c’est là que la chimie de l’équipe se perd. »
Puisqu’il était utilisé de façon sporadique, Lapointe avait donc une place de choix lorsqu’il a été témoin de l’un des plus célèbres buts dans l’histoire de ce tournoi. Faisant face à l’U.R.S.S. lors du tout dernier match, les Canadiens se devaient de l’emporter puisque leurs adversaires n’avaient besoin que d’une nulle pour soutirer l’or.
« Je vais toujours me souvenir que lors de ce dernier match, notre trio n’avait pas joué depuis presque le début de la troisième période », confie Lapointe, lorsqu’il se remémore du but de John Slaney en toute fin de rencontre qui a procuré l’or à son équipe. « On se tenait la main sur le banc parce qu’on savait qu’on ne jouerait pas et on voulait absolument gagner. Je me sentais comme Superman sur le banc!
« Nous ressentions une pression additionnelle vu que c’était au Canada et nous ne voulions pas décevoir nos partisans », admet-il. « Juste le fait d’y penser me donne des frissons et je ne jouais même pas! »
Le dévouement et la passion qu’a démontrés Lapointe en 1991 lui ont valu une invitation pour représenter de nouveau son pays l’année suivante. Toutefois, les jeunes canadiens, menés par Eric Lindros, ont connu un tournoi catastrophique et sont revenus bredouilles d’Allemagne, concluant le tout au sixième rang.
Mais Lapointe allait obtenir une chance de faire oublier ce décevant résultat en 1993. Après avoir amorcé la saison dans la LNH avec les Red Wings, l’attaquant de 19 ans fut retourné à son équipe junior, lui permettant une fois de plus de revêtir le chandail unifolié. Par contre, son chandail comportait cette fois un nouvel élément : la lettre « C » sur le devant.
« Le fait que nous avions terminé 6e en 1992 m’a aidé. Ça m’a permis de voir qu’est-ce que ça prenait pour gagner. J’ai eu la chance d’être capitaine en 1993, j’étais donc davantage impliqué dans le processus pour former l’esprit d’équipe », admet Lapointe qui est l’un de seulement sept joueurs dans l’histoire à avoir représenté le Canada à trois reprises à cette classique.
« Nous comptions sur des gars comme Alexandre Daigle et Martin Gendron qui étaient vraiment bons dans les juniors », poursuit Lapointe. « Ils étaient habitués d’être les meilleurs de leur équipe, mais j’essayais de leur faire comprendre que ce n’était pas si grave de jouer sur le quatrième trio. Cette situation était nouvelle pour eux, mais ils l’ont acceptée en raison du leadership que notre équipe avait. »
Faisant face à de redoutables adversaires, notamment la Suède qui était le pays hôte et qui comptait sur Peter Forsberg et Markus Naslund qui avaient réécrit le livre des records du tournoi cette année-là, le Canada a fourni un effort collectif pour reprendre là où il avait laissé. Comptant sur une équipe équilibrée à tous les niveaux, la troupe dirigée par Perry Pearn a réussi un parcours presque sans faute, comme le témoigne sa fiche de 6-1-0. Bien que les Suédois aient présentés un dossier identique, leur unique défaite a été subie aux mains des Canadiens, octroyant à ces derniers la plus haute marche du podium à l’issue des deux semaines de compétition.
« En 1993, c’était spécial parce que j’étais le capitaine de l’équipe et parce que tout le monde avait mis l’épaule à la roue », insiste Lapointe, qui avait terminé en tête des marqueurs canadiens avec ses cinq buts et neuf points. « On se foutait de qui allait marquer les buts. Ce n’est pas un tournoi individuel. Les Suédois étaient les favoris avec Forsberg et Naslund, surtout que nous jouions chez eux. Mais tu ne peux pas gagner ce tournoi avec seulement deux ou trois gars. »
Lapointe est sorti grandi de ces expériences, poursuivant son chemin vers la LNH où il y a remporté deux coupes Stanley en 14 saisons. Bien que rien ne puisse supplanter ses conquêtes du Saint Graal du hockey, il conserve encore à ce jour un précieux souvenir de ses passages avec Équipe Canada junior.
« Quand tu joues junior, tout le monde est pareil », affirme Lapointe. « Personne ne fait d’argent, tout le monde a le même objectif et c’est de remporter l’or pour son pays. »
Hugo Fontaine écrit pour canadiens.com.
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