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BROSSARD -Le prochain directeur général des Canadiens de Montréal ne sera nommé qu'après la période des Fêtes, comme l'a fait savoir le nouveau patron des opérations hockey, Jeff Gorton, en conférence de presse, vendredi matin.

Gorton a dit être au fait de l'intérêt marqué que l'ancien gardien vedette des Canadiens Patrick Roy porte pour le poste.
« J'ai entendu parler de lui », a-t-il rétorqué quand on l'a amené sur l'incontournable sujet.
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Gorton n'a pas voulu dire s'il allait rencontrer Roy ou pas, indiquant que le propriétaire Geoff Molson et lui n'avaient pas encore établi de liste de candidats potentiels à la succession de Marc Bergevin.
« J'ai le plus grand respect pour lui et pour tout ce qu'il a accompli dans le hockey, a-t-il poursuivi. Il a toujours été un homme émotif, qui dit ce qu'il pense. Écoutez, je viens d'arriver et je suis à me familiariser avec l'organisation. Je dois discuter avec Geoff, mais nous n'écartons aucune candidature. Je suis au courant de l'intérêt de Patrick et je sais que c'est un passionné. Je connais des gens qui le connaissent bien et je le respecte énormément. »
Précisant qu'il ne craint aucune situation ni personne, Gorton a précisé qu'il sera à la recherche de son complément.
« Nous voulons trouver quelqu'un qui a une perspective différente de la mienne. Nous pourrions aller hors cadre, ce pourrait être un agent ou un (ancien) joueur, quelqu'un de différent. J'ai entendu des noms et j'ai reçu des appels, mais nous voulons prendre le temps. »
Gorton tirera assurément les ficelles, mais il a assuré que le prochain DG ne sera pas que le porte-voix francophone. Il s'est dit prêt à lui attribuer beaucoup de pouvoirs.
« Le DG aura son mot à dire. J'ai déjà été DG. Je n'aurais pas accepté d'être un faire-valoir », a-t-il souligné.
« Il mènera les discussions avec les autres directeurs généraux de la Ligue. Mon rôle sera de le guider. Avec le bagage que je possède, j'estime que je pourrai être un très bon atout pour lui.
« Je n'ai pas un grand ego, a-t-il ajouté plus tard. Je n'accorde pas d'importance aux titres. Les décisions se prennent en collégialité dans toutes les organisations. C'est ce que nous voulons implanter ici. »
« La tempête parfaite »
Les Canadiens sont en totale déroute, avec 19 défaites en 25 matchs. Le constat initial de Gorton, c'est que l'équipe a été secouée par la « tempête parfaite », avec les blessures et tout ce qui peut mal aller qui s'empile.
« Le manque d'énergie est palpable dès qu'on met les pieds dans le Centre Bell, a-t-il opiné. J'espère que je pourrai en insuffler un peu et ramener une pensée positive chez les joueurs. C'est mon objectif à court terme.
« Je vais parler aux gars et essayer de comprendre ce qui se passe afin que nous allions de l'avant. »
Jeudi, pendant la troisième période du match contre l'Avalanche du Colorado, un partisan dégoûté a même lancé son chandail et sa casquette sur la patinoire.
« C'est décevant de voir ça, a-t-il commenté. Ma première pensée est allée aux joueurs. Ils font de leur mieux, c'est dur à voir. Je dirais que ça n'aide pas la situation, mais c'est hors de notre contrôle. »
Reconstruction « à la Rangers »?
Gorton a été au centre de la reconstruction des Rangers, il y a quelques années. Les dirigeants avaient affiché leurs couleurs dans une lettre envoyée aux partisans. Il n'a pas écarté la possibilité qu'on privilégie la même voie pour les Canadiens.
« Si c'est la conclusion à laquelle nous arrivons, nous serons transparents avec les partisans », a-t-il déclaré.
Pour le moment, Gorton veut tout connaître des rouages de l'organisation avant de tirer des conclusions.
« Donnez-moi du temps, vous verrez ma philosophie », a-t-il précisé, en confirmant que le poste de Dominique Ducharme à la barre n'était pas en danger.
Gorton a parlé d'améliorer les départements de développement des joueurs et des statistiques avancées.
« L'organisation a déjà deux hommes qui font du bon travail au chapitre du développement. Il en faut plus. Les jeunes ont besoin de soutien de diverses façons dès que nous les repêchons ou que nous les mettons sous contrat », a-t-il soutenu.
Le fait français
Gorton s'est dit sensible au caractère unique de la concession. Pour avoir œuvré chez les Bruins de Boston et les Rangers de New York, qui mettaient l'accent sur les joueurs de la place, il a mentionné être au fait de l'importance pour le Tricolore de recruter des joueurs québécois.
L'Américain âgé de 53 ans a fait la promesse d'essayer fort d'apprendre le français, sans offrir l'assurance qu'il y parviendra avec succès.
« Il y a 30 ans, je me suis mis au golf et je suis encore très mauvais », a-t-il lancé à la blague. « Je vais faire de mon mieux et on verra le résultat. »
Il a amorcé la conférence de presse avec un message dans la langue de Molière.
« Bonjour à tous, c'est avec beaucoup de fierté que j'ai accepté le rôle de v.-p. aux opérations hockey avec les Canadiens de Montréal, la plus grande franchise dans l'histoire du hockey, avec le but de ramener la Coupe Stanley à Montréal. Merci Geoff Molson pour sa confiance. »
« J'espère que c'était correct », a-t-il enchaîné en anglais. « Soyez indulgents, je vais essayer d'apprendre. »
Plus tard, il a dit que son épouse lui avait déjà déniché des leçons de français sur Internet.
Même s'il a grandi dans la région de Boston comme partisan des Bruins, Gorton a dit réaliser un rêve en joignant l'organisation rivale.
« Les Canadiens sont une des équipes du "Original 6". On dirait que c'est mon destin de travailler pour des équipes du "Original 6", après Boston et New York, a-t-il relevé. La ville de Montréal et l'histoire de la concession m'emballent.
« Après avoir discuté des enjeux de l'organisation avec Geoff Molson, je suis vite arrivé à la conclusion que c'est un défi fait sur mesure pour moi. »