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Choix de première ronde des Nordiques de Québec au repêchage 1993 de la LNH, Jocelyn Thibault a disputé 586 matchs au cours de sa carrière de 15 saisons dans la LNH. Il a porté l'uniforme des Nordiques, de l'Avalanche du Colorado, des Canadiens de Montréal, des Blackhawks de Chicago, des Penguins de Pittsburgh et des Sabres de Buffalo, signant 238 victoires. Il a été entraîneur des gardiens de l'Avalanche pendant deux saisons. Il occupe en ce moment le poste de directeur général de Hockey Québec, poste qu’il quittera en juin, en plus d’être actionnaire du Phoenix de Sherbrooke dans la LHJMQ. Il a accepté de collaborer avec l'équipe de LNH.com pour traiter des dossiers chauds devant les 32 filets de la Ligue.

Gare au Lightning de Tampa Bay et à Andrei Vasilevskiy, qui jouent probablement leur meilleur hockey de la saison au moment le plus opportun.

La troupe de Jon Cooper a signé la victoire à ses cinq derniers matchs et elle n’a qu’un revers en sept rencontres depuis le début du mois de mars. À un mois du début des séries éliminatoires de la Coupe Stanley, le Lightning a le vent dans les voiles.

Si la tendance se maintient, c’est à titre de première équipe de quatrième as que le Lightning va entrer en séries éliminatoires. Il affronterait ainsi le gagnant d’une des deux sections de l’Association de l’Est. Ce serait les Rangers de New York si les séries commençaient aujourd’hui.

Votre récompense pour votre titre de section? Un affrontement contre Tampa Bay au premier tour. Ouch!

Ça me rappelle ma deuxième saison avec les Nordiques de Québec, en 1994-95. Nous avions terminé cette campagne écourtée par un lock-out au sommet de l’Est et avions affronté au premier tour les Rangers, qui avaient gagné la Coupe Stanley la saison précédente. Ils avaient une équipe expérimentée et nous avaient éliminés en six parties. Disons que nous ne nous étions pas fait de cadeau en terminant au premier rang.

Dans le cas de Vasilevskiy, il excelle depuis le début du mois de mars avec une fiche de 6-1-0, une moyenne de buts alloués de 2,55, un pourcentage d’arrêts de ,913 et un blanchissage. Celui qu’on surnomme le Gros Chat (Big Cat) a été particulièrement dominant dans une victoire de 5-3 contre les puissants Panthers de la Floride samedi dernier, avec 47 arrêts sur 50 tirs.

Mais Vasilevskiy n’a pas toujours été aussi étincelant durant la saison, qui a déraillé avant même de commencer pour lui. Il a subi une opération au dos en plein camp d’entraînement et il a dû attendre au 24 novembre avant de faire ses débuts.

Ce n’est pas évident de commencer deux mois après tout le monde quand tu n’as pas eu de camp d’entraînement. Vasilevskiy a été jeté dans la gueule du loup et on lui a immédiatement demandé d’aider les siens à gagner, alors que son équipe vise les grands honneurs de surcroît.

Il ne faut donc pas se surprendre que sa saison ait été parsemée de hauts et de bas. J’ai en tête une séquence du 27 décembre au 27 février. Le Lightning a maintenu une fiche respectable de 15-11-0, mais Vasilevskiy a montré un taux d’efficacité de ,889 et une moyenne de 3,12 avec quelques séquences difficiles. C’est d’ailleurs la première fois de sa carrière que son pourcentage d’arrêts sur une saison complète est inférieur à ,900.

Il ne faut jamais oublier que Vasilevskiy a joué beaucoup de hockey par les années passées. Non seulement il jouait beaucoup en saison régulière, mais le Lightning est allé loin en séries, en remportant la Coupe Stanley en 2020 et 2021, et en atteignant la finale en 2022. C’est normal que ça le rattrape. Jouer 60, 70 et même 80 matchs par saison est extrêmement exigeant physiquement, mais aussi mentalement.

Cette année par contre, le Lightning devrait entrer en séries éliminatoires avec l’un des meilleurs gardiens au monde reposé et en plein contrôle. C’est extrêmement positif pour Tampa Bay, qui n’a plus la même profondeur, mais qui a tout de même conservé son noyau de joueurs vedettes. Tout est interrelié : quand Vasilevskiy va, tout va. La même logique va s’appliquer en séries.

Je n’irais pas jusqu’à dire que cette saison plus difficile est le début d’une pente descendante pour Vasilevskiy. Il n’y a aucun doute qu’il a encore plusieurs bonnes années devant lui. Cependant, est-ce qu’il devra composer avec l’usure du temps? Assurément. À 29 ans, tu n’as plus le corps que tu avais à 20 ou 22 ans, et c’est normal. Tous les gardiens passent par là.

Le fléau des hanches

La saison de Vasilevskiy nous rappelle à quel point la position de gardien est exigeante physiquement, mais cette semaine, la blessure à l’auxiliaire des Flames de Calgary Dan Vladar a particulièrement résonné chez moi.

Vladar va rater le reste de la saison parce qu’il devra être opéré à une hanche, un problème qui guette beaucoup de gardiens. La liste des cerbères qui ont dû passer sous le bistouri pour soigner une blessure à une hanche est longue : Tuukka Rask, dont la carrière a pris fin à cause de ça, Matt Murray, Robin Lehner, Anton Khudobin, pour ne nommer que ceux-là… Et moi, lorsque je jouais.

En 2003-04, je connaissais une très bonne saison avec les Blackhawks de Chicago et j’étais parmi les meneurs de la LNH dans plusieurs catégories. Ça faisait un certain temps que j’avais des douleurs à la hanche, et du jour au lendemain, je n’étais plus capable de marcher.

En novembre, on m’a diagnostiqué une importante déchirure à la hanche, et c’est un médecin québécois qui m’a opéré à Pittsburgh, Marc Philippon. Il a inventé l’arthroscopie de la hanche, qu’il avait déjà pratiquée sur Mario Lemieux et des golfeurs, notamment, mais jamais sur un gardien. J’ai donc été le premier à subir ce type d’opération.

Les problèmes de hanche ont fait surface chez les gardiens de ma génération dans les années 1990 avec la popularisation du style papillon. Auparavant, dans les années 1980, les gardiens avaient plutôt des blessures aux genoux ou au dos. Avec le style papillon, la tête de ton fémur vient frotter dans la cavité de ta hanche lors de tes mouvements, ce qui crée de l’usure et des déchirures.

Aujourd’hui, l’arthroscopie de la hanche chez les gardiens est un peu comme l’opération Tommy John chez les lanceurs au baseball. La grande majorité des gardiens devra passer par là.

Bon voyage au gentil géant

C’est avec une immense tristesse que j’ai appris le décès de l’ancien attaquant Chris Simon, mardi dernier.

J’ai bien connu Chris parce qu’il a été mon premier co-chambreur avec les Nordiques, alors qu’il en était à sa deuxième saison dans la LNH et que j’étais une verte recrue. D’ailleurs, nous avons tous les deux fait partie de la transaction entre les Nordiques et les Flyers de Philadelphie impliquant Eric Lindros – lui comme joueur et moi comme choix au repêchage.

Je garderai le souvenir d’un gentil géant, qui était doux, respectueux et généreux en dehors de la glace, en plus d’avoir de belles valeurs familiales. Sur la glace, il a été l’un des plus intimidants durs à cuire de sa génération, mais il était un bon joueur de hockey. Il pouvait parfaitement compléter un troisième trio avec de bons joueurs.

Repose en paix, Chris.

Propos recueillis par Hugues Marcil, pupitreur LNH.com.*