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EDMONTON – Rick Tocchet s’est demandé s’il avait perdu la tête.

C’était le 22 janvier 2023. Il venait tout juste d’être nommé entraîneur-chef des Canucks de Vancouver, en remplacement de Bruce Boudreau. Il a quitté un emploi qu’il aimait à titre d’analyste de hockey pour le réseau TNT afin de prendre les rênes d’une équipe qui présentait alors le sixième pire dossier de la LNH (18-25-3).

« Je ne vais pas vous mentir, a dit Tocchet à LNH.com. Lors des premiers jours, je me demandais : “Mais qu’est-ce que j’ai fait?” »

Ce qu’il a fait, c’est prouver qu’il avait pris la bonne décision. Depuis qu’il a pris la relève, les Canucks montrent une fiche de 70-35-13 en saison régulière – 50-23-9 cette saison.

Le dossier a été suffisamment bon pour mériter le premier rang de la section Pacifique et pour lui valoir une nomination au trophée Jack-Adams, remis à l’entraîneur de l’année dans la LNH.

Encore mieux, les Canucks sont toujours en vie, luttant pour la conquête de la Coupe Stanley. Leur série de deuxième ronde face aux Oilers d’Edmonton est égale 2-2 et le match no 5 aura lieu à Vancouver jeudi (22 h HE; TNT, CBC, TVAS, SN, truTV, MAX). Ils tentent d’atteindre la finale de l’Association de l’Ouest pour la première fois depuis la saison 2010-11, quand ils se sont inclinés en finale de la Coupe Stanley contre les Bruins de Boston.

Malgré tout, s’approcher du but n’est pas suffisant pour le natif de Scarborough, en Ontario. Et à la façon Tocchet, il va vous faire savoir le fond de sa pensée, peu importe ceux qui pourraient être ébranlés, y compris les joueurs de sa propre équipe.

L’exemple parfait est survenu après la défaite de 3-2 des Canucks dans le match no 4 au Rogers Place mardi, quand ils ont accordé le but gagnant avec 39 secondes à jouer en temps réglementaire.

« Quelques gars jouent du hockey récréatif, et tu ne peux pas gagner si tu as cinq ou six passagers, a lancé Tocchet lors de sa conférence de presse d’après-match. Il y avait au moins une demi-douzaine de passagers ce soir. »

Il a lui-même été assez direct pendant sa carrière de 1144 matchs dans la LNH, amassant 952 points (440 buts, 512 passes) et 2970 minutes de pénalité (10e rang de l’histoire). Que ce soit dans les coins de la patinoire ou sur la feuille de pointage, il s’arrangeait pour faire passer son message.

Exactement comme il le fait aujourd’hui en tant qu’entraîneur.

Cette fois, c’est par les paroles. Dans une entrevue exclusive avec LNH.com cette semaine, il a parfaitement expliqué pourquoi.

« C’est toute une question de communication, a-t-il dit. Dis ce que tu as à dire. Fais valoir ton point. Fais-leur savoir ce que tu veux et ce à quoi tu t’attends pour qu’il n’y ait pas de malentendus. »

C’est un credo qu’il suit depuis qu’il est arrivé derrière le banc des Canucks, même au début, alors qu’il régnait un certain chaos autour de l’équipe, admet-il.

« Encore une fois, je ne vous mentirai pas, a-t-il dit. J’ai passé vraiment du bon temps avec Turner. Les gars étaient géniaux. Turner Broadcasting - TNT - a été incroyable pour moi. Et ils m’ont rendu la vie difficile pour mon départ. Comme vous le savez, j’étais pour signer un nouveau contrat avec eux. »

Puis est venu l’appel des Canucks. Du président des opérations hockey, Jim Rutherford, plus précisément. Tocchet était entraîneur adjoint avec les Penguins de Pittsburgh quand Rutherford était directeur général, et il a remporté la Coupe Stanley en 2016 et en 2017. Il y avait déjà une bonne relation existante entre les deux hommes.

Il a quitté Pittsburgh pour diriger les Coyotes de l’Arizona de 2017 à 2021. Il a également été entraîneur du Lightning de Tampa Bay en 2008-09 et 2009-10.

Son côté compétitif ne lui aurait jamais permis de refuser l’offre de Vancouver.

« J’aime les défis, a-t-il lancé. Et je savais que j’en aurais un en allant dans un marché canadien.

« Je me souviens d'avoir pensé : “Le marché de Vancouver, ça va être tout un défi”. »

Surtout qu’une partie des partisans espéraient voir l’équipe demeurer dans les bas-fonds du classement quand il a accepté le poste afin d’avoir de meilleures chances d’obtenir le premier choix du repêchage 2023 qui allait devenir Connor Bedard. Le fait que Bedard était originaire de North Vancouver encourageait davantage cette trame narrative.

Tocchet savait que pour que le destin des Canucks change, il fallait également que la culture change.

« Quand je suis arrivé, la chose que nous voulions d’abord faire en équipe était de faire fi du bruit extérieur, a-t-il relaté. Nous devions ignorer ce qui se disait à l’extérieur.

« Tu arrives et tu entends les gens dire : “Ils devraient perdre et tenter d’avoir Bedard, alors pourquoi gagnent-ils? Pourquoi font-ils cela? Et pourquoi ne mettent-ils pas sous contrat leurs meilleurs joueurs?” Il y avait beaucoup de distractions qui affectaient nos joueurs. Je pense que nous avons réussi à instaurer un environnement plus clos autour de notre vestiaire. »

Comment fait-on ça?

« Je pense que tu dois créer un environnement sécuritaire pour le joueur qui arrive, a estimé Tocchet. Il sait qu’il peut se sentir à l’aise, qu’il peut baisser sa garde. Je ne dis pas que c’est juste à cause de moi. Mais je sentais que les joueurs étaient encore sur leurs gardes.

« À mesure que l’année a progressé, les gars ont commencé à être plus à l’aise, à être davantage eux-mêmes. C’est un facteur de confiance. Quand tu as un joueur qui est toujours sur ses gardes et qui ne fait pas confiance à personne, c’est difficile de diriger un gars comme ça. Il n’absorbera pas d’information. Mais je sentais que les joueurs devenaient plus à l’aise et qu’ils achetaient plus les rôles. Et soudainement, je n’avais plus besoin de le dire parce qu’ils se le disaient entre eux. »

Déjà familiers avec leur entraîneur franc qui prêchait une recette de structure et de discipline d'équipe, les Canucks ont adhéré à ce que Tocchet leur vendait comme plan.

Ils ont terminé la saison avec une fiche de 20-12-4, ratant les séries par 12 points, puis ont entamé la présente campagne avec sept victoires à leurs 10 premiers matchs et n’ont plus jamais regardé derrière. Soudainement, le concept des partisans qui espéraient voir l’équipe perdre pour Bedard, un an plus tôt, semblait plutôt ridicule.

Particulièrement pour les joueurs des Canucks qui n’avaient connu que très peu de succès collectif à Vancouver.

« Je pense qu’il régnait de la confiance quand nous avons commencé à gagner en raison de la façon dont nous essayions de jouer, a noté Tocchet. Et nous connaissions du succès. Je pense que ç’a aidé.

« Et je sentais que les Quinn Hughes, les J.T. Miller, les Elias Pettersson et les Thatcher Demko avaient atteint un stade où assez c’est assez. Ils n’en pouvaient plus de perdre, peu importe les circonstances. Ils avaient besoin de pouvoir s’accrocher à quelque chose. »

Tocchet s’est avéré être ce quelque chose.

La victoire en six matchs contre les Predators de Nashville au premier tour a fait grimper la frénésie entourant l’équipe à Vancouver. Mais cette victoire n’est pas venue sans ses propres drames.

Le gardien partant Demko et le réserviste Casey DeSmith étant incapables de jouer après les trois premiers matchs en raison de blessures, la recrue Arturs Silovs a été appelée en renfort pour le match no 4 contre les Predators dans ce qui allait lancer un parcours Cendrillon. Le jeune homme de 23 ans a conservé une fiche de 4-3 avec une moyenne de buts alloués de 2,71 et un pourcentage d’arrêts ,907, tout en affichant le calme d’un vétéran de la LNH.

« Quand Casey est venu nous voir après le match no 3 pour nous faire part d’un problème, il n’y avait pas beaucoup de choix, a admis Tocchet. Nous nous disions que Casey allait éventuellement être en mesure de retourner devant le filet. »

Mais Silovs a tellement bien joué que la décision de continuer à lui faire confiance allait de soi pour Tocchet.

« Avec la façon dont il a joué, il a mérité de reprendre le filet même quand Casey a recouvré la santé. Il profite de son temps, a dit Tocchet. Et il ne semble jamais ébranlé. Même après un mauvais but ou une mauvaise situation. Il a toujours bien rebondi. »

Maintenant, la série de deuxième tour contre les Oilers se décidera avec celui qui réussira à gagner deux des trois prochains matchs. Et le plus grand défi reste à trouver comment venir à bout d’une équipe qui compte sur un duo composé de Connor McDavid et Leon Draisaitl, qui ont combiné 16 points dans les quatre premiers duels de la série.

Tocchet a joué avec plusieurs membres du Temple de la renommée, dont Wayne Gretzky avec les Kings de Los Angeles, Mario Lemieux avec les Penguins de Pittsburgh, Raymond Bourque avec les Bruins de Boston et Eric Lindros avec les Flyers de Philadelphie. Il a également dirigé le futur membre du Temple Sidney Crosby, quand il était entraîneur adjoint à Pittsburgh.

Il demande d’ailleurs fréquemment conseil à Gretzky.

« Je suis chanceux de pouvoir me fier à une personne comme 'Gretz' pour avoir des informations ou des conseils. Il peut me raconter la fois où telle ou telle chose l’a aidé, lui ou l’équipe, a mentionné Tocchet. Il y a d’autres gars aussi – Craig Berube, Travis Green, Kelly Chase – c’est bon d’avoir une autre perspective à l’occasion. »

Au bout du compte, cependant, c’est la voix de Tocchet qui règne en maître chez les Canucks ces jours-ci, peu importe qui l’aime ou la déteste.

« C’est du travail, mais j’aime le travail, a-t-il dit. Et c’est une excellente organisation et un excellent marché de hockey. C’est vraiment 'cool' de voir l’engouement autour de l’équipe. J’adore voir les gens être fébriles.

« En ce qui concerne le chemin qu’on pourrait faire, voici l’affaire. Nous croyons en nos chances de revenir même quand on tire de l’arrière. Et je pense que ça te permet de former une équipe dangereuse.

« Quand tu crois en tes moyens, tout peut survenir. »

Surtout si tu crois en Rick Tocchet, à en juger par les 16 derniers mois.

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