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Victor Hedman se rapproche du record de buts marqués par un défenseur lors de la même après-saison, et celui qu'il pourchasse espère qu'il y parviendra.

« J'espère qu'il va y arriver », a affirmé Paul Coffey, membre du Temple de la renommée qui a inscrit 12 buts avec les Oilers d'Edmonton lors des séries éliminatoires de la Coupe Stanley 1985.
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Mais Coffey est loin d'être la seule personne à avoir remarqué le défenseur du Lightning de Tampa Bay dernièrement. Hedman s'est attiré les éloges de ses coéquipiers, de ses adversaires et d'autres légendes depuis le début du tournoi estival.
« Il s'est transformé en monstre et il est maintenant un gars sur qui on compte énormément, a noté l'attaquant du Lightning Tyler Johnson. Dieu merci, il est dans notre équipe. »
Hedman est une des principales raisons qui expliquent pourquoi Tampa Bay a l'avance 2-1 dans la série de la Finale de la Coupe Stanley face aux Stars de Dallas. Il aura l'occasion de poursuivre sur sa lancée à l'occasion du match no 4, vendredi (20 h HE: NBC, CBC, SN, TVAS).
Son impact s'est fait ressentir dans la victoire de 5-2 du Lightning mercredi, alors que c'est lui qui a inscrit le but gagnant après 54 secondes en deuxième période. Il s'agissait de son 10e but des séries. Il lui en faut maintenant un pour rejoindre Brian Leetch, qui avait marqué 11 buts avec les Rangers de New York en 1994, et deux pour égaler la marque de Coffey.
Ces records individuels sont secondaires pour Hedman, tout comme des récompenses comme le trophée Norris, qu'il a gagné en 2018 à titre de meilleur défenseur de la LNH.
Même si on a appris lundi que Roman Josi devançait Hedman - et John Carlson des Capitals de Washington - au scrutin pour le prix cette année, le défenseur des Predators de Nashville ne pouvait s'empêcher de vanter la vedette du Lightning.
« [Hedman] a été en nomination lors des quatre dernières années et il pourrait gagner chaque année, a dit Josi. Je le regarde jouer en séries présentement. Il est incroyable. »
Pour Hedman, un seul exploit importe : remporter la Coupe Stanley. Ce qu'il tente de faire pour la première fois.
« Nous ne sommes pas ici pour les statistiques personnelles, a soutenu Hedman. Nous sommes ici pour une chose et c'est gagner la Coupe Stanley. Alors quand je reçois la rondelle, je fais une passe ou je tire au but pour marquer. Mais je suis évidemment heureux de la façon dont se déroulent les choses. Au bout du compte, il est question d'aider notre équipe à gagner, et que ce soit en marquant ou en bloquant un lancer, ça importe peu. L'objectif ultime demeure le même. »
Hedman a émis ces commentaires sur le podium, accompagné de son capitaine Steven Stamkos et de l'attaquant Nikita Kucherov, après le match no 3. C'était une belle coïncidence qu'il soit assis au centre, car il a été non officiellement le leader en l'absence de Stamkos, qui a joué mercredi pour une première fois depuis le 25 février.
L'entraîneur Jon Cooper a rappelé qu'Hedman avait transporté le Lightning sur ses épaules en 2015, alors qu'il avait amassé 14 points (un but) en 26 matchs pendant le parcours de l'équipe jusqu'en Finale de la Coupe Stanley. Selon Cooper, l'influence d'Hedman s'est répandue dans le vestiaire au cours des cinq dernières années, signe de sa grande maturité.

TBL@DAL, #3: Hedman marque son 10e but en séries

« Il est bon dans tous les aspects, a dit Cooper. Mais c'est ce [rôle] en dehors de la glace et ce leadership qui sont mis de l'avant depuis 2015. »
Avec tout ça, Hedman est devenu un sérieux candidat au trophée Conn-Smythe, remis au joueur le plus utile en séries éliminatoires. Il a jusqu'ici récolté 20 points (10 buts, 10 passes), à égalité avec Josh Bailey des Islanders de New York au sixième rang de la LNH. Il prend le troisième rang à égalité avec quatre joueurs pour les buts gagnants (trois), et il est le joueur le plus utilisé par match (26:00) parmi ceux qui ont atteint au moins la deuxième ronde.
« En dehors de la patinoire, il est plutôt humble, et sur la glace, il est une bête, a dit le défenseur Mikhail Sergachev. C'est juste plaisant de la regarder jouer et d'apprendre de lui. »
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Ils étaient plusieurs à penser que les séries d'Hedman allaient prendre fin avant même qu'il ne puisse trouver son rythme.
L'ancien défenseur Nicklas Lidstrom fait partie de ceux qui croyaient qu'Hedman pourrait être à l'écart à long terme lorsque ce dernier s'est blessé à la cheville dans un match du tournoi à la ronde contre les Flyers de Philadelphie, le 8 août. Hedman avait démontré sa frustration en fracassant son bâton alors qu'il retraitait vers le vestiaire.
« Il aurait pu être absent pour le reste des séries, a dit Lidstrom. Sa cheville s'est tordue. Mais ça démontre également à quel point il est fort. En résistant à cette blessure et en jouant lors du match suivant, il a démontré qu'il n'était pas du tout tracassé.
« C'était très impressionnant. »
En effet, trois jours après s'être blessé, Hedman est revenu et a joué le match no 1 de la série de première ronde de l'Association de l'Est comme si cette histoire à la cheville n'était qu'un simple souvenir. Il a amassé une mention d'aide et décoché neuf lancers, mais surtout, il a passé 57:38 sur la patinoire dans la victoire de 3-2 en cinquième prolongation du Lightning contre les Blue Jackets de Columbus.
Analyste à temps partiel pour un réseau de télévision en Suède, Lidstrom, sept fois gagnant du trophée Norris, a quelques fois eu le privilège d'être aux premières loges pour voir évoluer Hedman. Lidstrom détenait le record pour le plus de buts inscrits par un défenseur suédois lors de la même année en séries (six en 1998) jusqu'à ce qu'Hedman le devance ce mois-ci.
« Vous voulez être le gars qui joue plusieurs minutes, qui joue dans toutes les situations, et sur qui les entraîneurs comptent, a relaté Lidstrom. Il joue autant en désavantage qu'en avantage numérique, il affronte les meilleurs trios adverses. Je crois que c'est ce qui le motive.
« Dans ces situations, vous vous sentez 'dans la zone'. Quand vous jouez beaucoup, vous avez l'impression que vous pouvez être sur la glace sans arrêt. C'est de cette façon que vous devenez de plus en plus à l'aise. Vous savez que ce sera votre tour à nouveau. Vous savez quand vous activer, quand prendre les bonnes décisions, quand vous joindre à l'attaque. On dirait que plus il joue, plus il est bon.
« Il a trimé dur à ses débuts dans la Ligue, mais il n'a pas cessé de s'améliorer au cours des sept ou huit dernières années. »
Lidstrom a rencontré Hedman pour la première fois pendant la Finale de la Coupe Stanley 2009 entre les Red Wings de Detroit et les Penguins de Pittsburgh. Les meilleurs espoirs du Repêchage 2009 de la LNH assistaient au match à Pittsburgh. Trois semaines plus tard, Hedman était sélectionné au deuxième rang par le Lightning, qui avait fait ses devoirs sur le maigre défenseur suédois. Celui-ci fait aujourd'hui 6 pieds 6 pouces et 229 livres.
« Nous avions fait tellement de tests psychologiques à l'époque, et il y avait tellement choses impressionnantes à son sujet », a expliqué l'analyste de NHL Network Brian Lawton, qui était le directeur général du Lightning à ce moment. « Ses antécédents étaient très intéressants.
« Nous étions chanceux d'avoir des gars comme [Hedman] et Stamkos. Ils sont non seulement d'excellents joueurs, mais aussi de très bonnes personnes. Ils ont tous les deux cette réputation, ils sont respectueux et modestes. »
Ça ne veut toutefois pas dire qu'ils ne rencontreraient pas d'embûches en cours de route.
Rick Tocchet, aujourd'hui entraîneur-chef des Coyotes de l'Arizona, était à la barre du Lightning lors de la saison recrue d'Hedman en 2009-10. Hedman avait récolté 20 points (quatre buts, 16 passes) en 74 matchs, et le Lightning avait raté les séries.
« Il était plutôt discret, mais il avait une belle personnalité, a dit Tocchet. Peut-être parce que c'était sa première année dans la LNH et que notre équipe n'était pas si bonne. Ce n'était pas juste que les gens lui mettent de la pression. Mais le jeune homme a simplement continué de perfectionner son jeu.
« Mais il faut apprendre à le connaître et le regarder aujourd'hui, il est un leader hors pair. Sur la glace, parfois il est fâché, parfois il sourit, d'autres fois il s'amuse avec ses coéquipiers. »
C'est un parcours de 11 ans qui a permis à Hedman de démontrer quelques ressemblances à des légendes du passé comme Lidstrom, a dit Tocchet.
« Pour commencer, ce n'est même pas une question de talent. Ce sont ses capacités physiques, a mentionné Tocchet. Comme Lidstrom et les autres grands joueurs, il peut jouer de grosses minutes et il laisse le jeu venir à lui. À l'époque, il tentait de précipiter les choses. Et ce qui arrive, c'est que vous vous fatiguez en tentant de précipiter les choses.
« Aujourd'hui, il calcule tous ses gestes comme Lidstrom et Raymond Bourque le faisaient. Il mène la contre-attaque quand il y a une possibilité, et d'autres fois il se concentre uniquement sur la défensive parce qu'il sait que ce n'est pas le bon moment. Pour moi, son intelligence au jeu est tout simplement incroyable. Et la façon dont il gère ses énergies également. »
Il a aussi démontré son habileté à rallier les troupes en l'absence de Stamkos.
« Ça se voit qu'il inspire ses coéquipiers, a renchéri Tocchet. Je l'ai vu d'emblée. Les bons joueurs de votre équipe se doivent d'inspirer leurs coéquipiers, pas seulement avec les statistiques, mais en s'assurant que tout le monde est impliqué. Quand votre meilleur joueur est aussi celui qui vous inspire, vous vous dites, "Ce gars-là est là pour moi". Il permet même aux joueurs de quatrième trio d'être en confiance puisqu'ils savent que Victor Hedman est là derrière. »
Lidstrom ne pourrait être plus en accord.
« Il est le bourreau de travail, a dit Lidstrom. Plus il joue, plus il est bon. Je suis très impressionné par son jeu et par son leadership jusqu'ici. »