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WASHINGTON - À première vue, la comparaison semble ridicule.
Mentionner Andrei Vasilevskiy, le gardien de but de 23 ans du Lightning de Tampa Bay qui est né en Russie et qui vient juste de disputer une première saison complète dans le rôle de gardien no 1 dans la LNH, dans le même souffle que Vladislav Tretiak, un des plus grands gardiens dans l'histoire du hockey et incontestablement le meilleur Russe à n'avoir jamais joué à cette position, semble exagéré.

Mais l'entraîneur des gardiens du Lightning Frantz Jean estime que c'est légitime de le faire. En fait, c'est durant le camp de développement de Tampa Bay, il y a six ans, soit quelques jours après que le Lightning eut réclamé Vasilevskiy au 19e rang du repêchage 2012 de la LNH, que Jean a remarqué à quel point le gardien, qui avait 17 ans à l'époque, ressemblait à la légende du sport russe.
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« J'étais comme, 'Oh mon dieu, ce gars-là est en plein comme Vladislav Tretiak' », a dit Jean en racontant la première fois qu'il a travaillé avec Vasilevskiy.
Jean est un observateur bien informé à ce titre puisqu'il a également travaillé pour l'école des gardiens de Tretiak à Brossard, au Québec, à la fin des années 1980 et au début des années 1990. Il a dirigé des exercices sur glace avec Tretiak, qui a été intronisé au Temple de la renommée du hockey en 1989 en plus de remporter trois médailles d'or olympiques et 10 médailles d'or au Championnat du monde avec l'Union soviétique.
Quand Jean a demandé à Vasilevskiy de faire quelques-uns des mêmes exercices, il l'a vu contrôler la rondelle de la même façon que le faisait Tretiak jadis, et contrôler le match comme Tretiak le faisait. Il pouvait voir que Vasilevskiy avait des qualités athlétiques, un bon coup de patin et un sens de la compétition similaires à ce qu'on voyait chez Tretiak.
« On voit la même approche, les mêmes habitudes de travail et la même détermination en [Vasilevskiy], a noté Jean. Encore de nos jours, je vois des choses en [Vasilevskiy] qui me font dire, 'Mon dieu, c'est tellement pareil'. »
Et si vous pensez que Jean exagère, vous n'avez qu'à poser la question à Tretiak.
« C'est pertinent de comparer Vasilevskiy à moi », a déclaré Tretiak, le président de la Fédération de hockey sur glace de la Russie, à NHL.com au Championnat du monde 2018 de la FIHG au Danemark. « J'ai été le premier gardien à préconiser le style papillon. Et il préconise un papillon complet. Un papillon complet, clair et net. Il est grand (six pieds trois pouces). J'aime son style. Il a du caractère, comme moi j'en avais, j'en suis absolument sûr. Ce sont les similitudes. Et il se bat pour toutes les rondelles, comme moi. »

Vladislav-Tretiak

Vasilevskiy, qui est né en 1994, 10 ans après la retraite de Tretiak, est un finaliste pour le trophée Vézina et il joue présentement en Finale de l'Association de l'Est contre les Capitals de Washington. Il a accordé 10 buts en 62 tirs lors des deux premiers matchs de la série, qui se sont soldés par des défaites, mais il a rebondi mardi avec une prestation de 36 arrêts en route vers un gain de 4-2 lors du troisième match.
Le Lightning tire de l'arrière 2-1 dans la série quatre de sept. Le quatrième affrontement aura lieu jeudi au Capital One Arena (20h HE; TVA Sports, CBC, SN, NBCSN).
« C'est notre meilleur joueur », a souligné le défenseur du Lightning Anton Stralman.
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Vasilevskiy était le meilleur gardien de moins de 20 ans en Russie au moment où il a été repêché.
Il a commencé par jouer dans la KHL, la meilleure ligue professionnelle en Russie, à l'âge de 18 ans avec le Salavat Yulaev d'Oufa. Il a affiché un dossier de 14-8-5 avec une moyenne de buts alloués de 2,21 et un pourcentage d'arrêts de ,923 en 28 matchs à l'âge de 19 ans en 2013-14, menant alors Oufa jusqu'au troisième tour des séries de la KHL.

Vasilevskiy s'est amené en Amérique du Nord la saison suivante. Il ne parlait pas anglais. Il a appris en écoutant. Il n'a jamais suivi de cours.
« Ç'a été difficile, c'est certain, durant les quelques premiers mois à Syracuse [dans la Ligue américaine de hockey], a reconnu Vasilevskiy. Mais après une demi-saison, j'étais correct. »
Il n'est pas à l'aise dans sa langue seconde. Il peut soutenir une conversation, mais il n'aime pas le faire lorsqu'il y a plusieurs personnes dans le groupe et il refuse de parler lorsqu'il y a des caméras devant lui, même en russe. Les relationnistes du Lightning déclinent toute demande d'entrevue pour Vasilevskiy si cela implique qu'il y aura une caméra qui tourne.
« C'est littéralement le genre de gars qui agit plus qu'il parle », a fait remarquer le gardien du Lightning Peter Budaj.
Jean et l'attaquant du Lightning Nikita Kucherov ont tous deux dit que Vasilevskiy a un côté comique, toutefois, et il ne craint pas de le montrer, même en anglais si c'est dans un environnement où il se sent à l'aise, par exemple sur la glace ou dans le vestiaire du Lightning.
« Il a le sens de la répartie, a dit Kucherov. Il trouve le moyen de faire rire tout le monde ici. C'est une très bonne personne. Mais il est aussi le genre de personne qui est comme, 'Ne me parlez pas, je veux juste faire mon travail'. »
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Vasilevskiy a impressionné ses coéquipiers dès qu'il est arrivé à Tampa Bay en raison de ses habitudes de travail.
« À sa première saison (2014-15), il arrivait environ trois ou quatre heures avant l'entraînement, a indiqué Kucherov. Et ensuite, il restait trois heures après l'entraînement. Les gars faisaient des blagues, 'Vasy, tu dors ici aussi?' »
Il faisait des exercices et des étirements, et prenait soin de son corps à l'aide de massages et de physiothérapie. Il regardait de la vidéo. Il était toujours le premier arrivé, le dernier parti. Rien n'a changé à cet égard.
« Je ne l'ai jamais vu faire un exercice à moitié ou ne pas faire de son mieux, dans quelque situation que ce soit, a dit Jean. Je n'ai jamais eu à lui dire, 'Hé, Vasy, réveille'. Jamais. C'est parfois le contraire, 'OK, Vasy, il faut s'arrêter maintenant'. Il est infatigable. »
Vasilevskiy s'est installé au poste de gardien no 1 la saison dernière. Il s'en est emparé à la mi-saison environ, alors qu'il a assez bien joué pour permettre au Lightning d'échanger Ben Bishop, qui avait été le gardien partant de l'équipe depuis la saison 2013-14, aux Kings de Los Angeles. Après la transaction impliquant Bishop, Vasilevskiy a présenté une fiche de 23-17-7 avec une moyenne de 2,61 et un pourcentage de ,917 en 50 sorties.

Il s'est élevé au rang de meilleur gardien de la Ligue cette saison, alors qu'il a pris le premier rang de la LNH pour les victoires (29) et le pourcentage (,931) chez les gardiens ayant obtenu 20 départs ou plus à la pause du Match des étoiles. Il a représenté le Lightning au Match des étoiles Honda 2018 de la LNH à Tampa Bay.
La deuxième moitié de saison de Vasilevskiy a été inégale, à l'image des performances du Lightning dans son ensemble, mais il a terminé à égalité au premier rang dans la Ligue pour les victoires (44, avec Connor Hellebuyck des Jets de Winnipeg) et les jeux blancs (huit, avec Pekka Rinne des Predators de Nashville). Il a affiché une moyenne de 2,62 avec un pourcentage de ,919 au profit de Tampa Bay, qui a récolté le plus grand nombre de points dans l'Association de l'Est (113).
Il montre un dossier de 9-4 avec une moyenne de 2,68 et un pourcentage de ,915 jusqu'ici dans ces séries.
« Je ne suis pas un réserviste, a souligné Vasilevskiy. Je me devais d'afficher de bons résultats. »
Il a indiqué que le rôle accru qu'il occupe maintenant chez le Lightning est accompagné d'un plus grand niveau de stress, et c'est pourquoi il cherche à maintenir un bon équilibre dans sa vie, surtout en dehors de la patinoire. Son épouse, Ksenia, et leur fils de deux ans Lukas, lui permettent de garder les choses en perspective et de se changer les idées.
« Avant un match, pas de folies, juste de la complète concentration, a dit Vasilevskiy. Mais à la maison, j'essaie d'oublier toutes les bonnes et les mauvaises choses qui sont arrivées à l'aréna et de savourer le temps que je passe en famille. Chaque jour, je comprends de mieux en mieux à quel point ce travail est vraiment difficile, et même dans les pires jours, tu dois trouver quelque chose de positif. Ce positif, tu le trouves en t'inspirant de ta famille. »
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Il y a maintenant de la pression sur les épaules de Vasilevskiy. Le gardien, qui déteste les feux de la rampe, occupe le poste le plus important au sein d'une équipe qui tente de se qualifier pour la Finale de la Coupe Stanley. Il ne peut pas se cacher.
La bonne nouvelle, c'est qu'il a l'habitude de se retrouver à l'avant-plan de la sorte.
En 2015, Vasilevskiy, qui avait alors 20 ans, a amorcé le quatrième match de la Finale de la Coupe Stanley face aux Blackhawks de Chicago parce que Bishop était blessé. Il a cédé deux buts en 19 tirs dans une défaite de 2-1.
Un an plus tard, il a pris part à chacun de sept matchs de la finale d'association contre les Penguins de Pittsburgh parce que Bishop a subi une blessure tôt pendant le premier match de la série. Il a remporté trois matchs et il a enregistré un pourcentage de ,925. Il a réalisé 37 arrêts dans un revers de 2-1 lors du septième affrontement à Pittsburgh.
« Ç'a été énorme comme expérience, a affirmé Vasilevskiy. Mais maintenant, c'est un peu différent parce qu'il y a plus de pression, plus de responsabilités. »
Le Lightning lui a confié ce fardeau parce que Vasilevskiy est capable de bien le gérer. On a confiance qu'il fera la différence en route vers la conquête du championnat.
« Andrei a été très bon, a déclaré Tretiak. Je crois vraiment que Vasilevskiy peut encore voler cette série aux Capitals. »
Pavel Lysenkov et Igor Eronko de NHL.com/ru ont contribué à ce reportage.