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À quel moment la saison des Canadiens de Montréal s'est mise à dérailler? Pas mal avant qu'elle ne quitte la gare, pourrait-on dire.
Dans les faits, le Tricolore a amorcé les hostilités par une difficile victoire à Buffalo contre les Sabres. Le résultat du deuxième match, une cinglante défaite de 6-1 encaissée à Washington face aux Capitals, a été annonciateur du cauchemar qui allait suivre.

Quel cauchemar ce fut! Les Canadiens allaient subir six autres défaites en succession après le massacre de Washington. Ils ne s'en sont jamais remis.
Deux victoires d'affilée, suivie de trois défaites, ç'a vite été la norme. Un premier fond de baril a été atteint le 18 novembre quand les Maple Leafs de Toronto sont venus faire la loi 6-0 au Centre Bell. Deux jours plus tôt, le CH avait offert aux pitoyables Coyotes de l'Arizona leur première victoire en temps réglementaire de la saison, toujours à la maison.
Sa séquence de cinq victoires, inégalée par la suite, entre le 25 novembre et le 2 décembre n'aura été qu'un écran de fumée.
Un deuxième fond de baril a été atteint le 16 décembre. Les Canadiens ont été une proie facile pour les Sénateurs d'Ottawa qui les ont blanchis 3-0 à l'occasion de la Classique 100 Banque Scotia de la LNH présentée au grand air dans la capitale fédérale.
Ce soir-là, le défenseur vedette Shea Weber allait disputer ce qui s'est avéré son dernier match de la saison. Il a été opéré au pied gauche dernièrement.
Il est vrai que le Tricolore n'a pas été épargné par les blessures, mais le mal avait déjà été fait. Le gardien Carey Price et Weber ont dû s'absenter en novembre. Le défenseur David Schlemko n'a pas pu amorcer la saison et le jeune attaquant Artturi Lehkonen a été sur le carreau pendant une longue période. Weber aurait joué en dépit du mal depuis le match inaugural, à Buffalo.
À la pause du Match des étoiles, fin janvier, les carottes étaient cuites. La défaite de 6-5 encaissée face aux Hurricanes de la Caroline au Centre Bell avait fait résonner un troisième fond de baril.
Les barils coulent de partout depuis ce temps. Price s'est absenté de nouveau à compter du 20 février. Les attaquants Phillip Danault, Andrew Shaw et Max Pacioretty sont également tombés au combat.
La situation des blessés n'est pas sans nous rappeler l'hécatombe de la fin de la saison 2015-16, la dernière fois que l'équipe avait raté les séries éliminatoires.
Le contexte cette saison est toutefois très différent. Il y a deux saisons, l'équipe avait connu un départ en trombe avant de perdre les services du gardien Carey Price et de connaître une vertigineuse descente aux enfers. Le résultat des courses a été l'échange de P.K. Subban en juin. Cette saison, l'équipe n'a jamais roulé à toute vapeur.
Mauvais calcul
Il y a plusieurs raisons pour ça. Les trois principales: Carey Price qui a été ordinaire, la défense qui a été erratique et l'attaque qui a été inexistante.
Tout ça parce que les dirigeants ont probablement mal évalué le potentiel de l'équipe qu'ils avaient sous la main.
Le directeur général Marc Bergevin a mésestimé les conséquences du départ des Russes Andrei Markov, Alexander Radulov et Alexei Emelin. L'achoppement des pourparlers avec Markov et Radulov a sabordé son plan estival. Sans doute parce qu'il ne voulait pas hypothéquer l'avenir, il a fait le pari que des vétérans rendus en bout de parcours, comme Mark Streit et Ales Hemsky, colmateraient des brèches. Il a cru que l'acquisition de Schlemko ferait oublier la perte d'Emelin. Bien que sa saison ait été retardée en raison d'une blessure, Schlemko n'a guère été convaincant.
On a beau se dire que tout ira bien parce qu'on mise sur un des meilleurs gardiens de la LNH. Encore faut-il qu'il soit à la hauteur. Ce qui n'a pas été le cas, nonobstant les blessures. Price a été plutôt de mauvais poil au retour de sa première blessure en novembre. C'est à espérer qu'il retrouve le sourire à temps pour l'entrée en vigueur de sa nouvelle entente contractuelle de huit saisons.
L'embauche de Karl Alzner en défense n'a pas rapporté les dividendes escomptés. Heureusement qu'il y a eu Victor Mete qui a créé la surprise.
Évidemment, la perte de Shea Weber a fait très mal, mais elle a mis en exergue le manque de profondeur de l'organisation à la ligne bleue.
À l'attaque, on fondait de grands espoirs sur le duo Jonathan Drouin-Max Pacioretty, mais la synergie entre les deux n'a pas fonctionné. L'expérimentation de Drouin à la position de centre n'a d'ailleurs pas été concluante. Elle a exposé avec clarté la nécessité de dénicher un premier centre digne de ce nom. Ça doit être la priorité des dirigeants.
Le propriétaire Geoff Molson a réitéré publiquement sa confiance à l'endroit de Bergevin. Reste à savoir s'il a demandé en privé au principal intéressé un remaniement de sa garde rapprochée.
L'organisation doit en outre procéder à un important brassage d'idées philosophiques en matière de recrutement et, surtout, de développement -- une lacune criante au cours des dernières années.
Elle le sait, et Bergevin devra donner le coup de barre nécessaire. Il n'a pas le choix.