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Il y a de ces évènements qui deviennent, avec le temps, aussi familiers que le changement des saisons.

Au moment où les bourgeons commencent à éclore au printemps, les Maple Leafs de Toronto plient leurs chandails et rangent invariablement leur équipement jusqu'au début de la prochaine saison. Peu importe leur adversaire au premier tour des séries, et peu importe le talent réuni au sein de la formation.
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Même une avance de 3-1 dans une série n'y change rien. Pas même un jeune entraîneur inspirant qui a gagné dans les rangs inférieurs, il n'y a pas si longtemps. L'arrivée massive de vétérans détenant la fameuse expérience de séries, non plus.
Rien à faire, la formation torontoise semble destinée à crouler sous la pression. Cette fois, contre les Canadiens de Montréal, cet élément intangible l'a tout simplement paralysée.
« Les attentes de notre groupe étaient beaucoup plus élevées que ce que nous avons accompli cette année. Ça rend la déception encore plus douloureuse. C'est pire que tout ce que nous avons vécu par le passé », a lancé le défenseur Morgan Rielly après l'élimination en sept matchs - une autre - des siens, lundi.
En s'inclinant 3-1 face au Tricolore, les Maple Leafs ont perdu un quatrième match ultime en autant d'années et présentent désormais une fiche de 0-8 quand ils ont l'occasion d'éliminer un adversaire depuis 2013, l'année où leur malédiction éliminatoire s'est amorcée contre les Bruins de Boston.
La routine, quoi? Mais cette édition 2021 sera également reconnue comme étant seulement la deuxième de l'histoire de l'équipe à avoir gaspillé une avance de 3-1 dans une série.
« Je ne remettrai pas en question la volonté et le dévouement de nos gars, a défendu l'entraîneur Sheldon Keefe. Ils voulaient gagner, et ils voulaient franchir cette étape et accomplir le boulot. Nous ne l'avons pas fait. Nous avons une part de responsabilité, et il faut reconnaître la prestation des Canadiens. »
Avec cette élimination hâtive, les Maple Leafs ont égalé le record de la plus longue disette d'années sans Coupe Stanley - 54 ans. Leur dernière conquête remonte à - vous le savez tous - 1967.
On affirme toutefois dans le camp torontois que tout le poids de ce lourd passé d'insuccès n'a eu aucun impact sur le désormais plus récent échec.
« Je ne sais pas comment résumer ce qui vient de se passer », a indiqué Auston Matthews, qui n'a inscrit qu'un but en sept matchs, après avoir dominé le reste de la LNH en saison régulière avec une récolte de 41 buts en 52 rencontres.
« La pression n'était pas trop élevée. C'est une nouvelle année. Une équipe complètement différente. De nouveaux visages. Un format de séries différent. Tout ce qui s'est passé auparavant est effacé de notre mémoire. Nous vivons dans le moment présent. »
Examen de conscience
Si c'est vraiment le cas, il faudra donc tenter de comprendre pourquoi les erreurs du passé se répètent année après année. Pourquoi les deux vedettes offensives de l'équipe - Matthews et Mitch Marner, blanchi de la colonne des buts à ses 18 derniers matchs éliminatoires - s'effacent-elles quand les choses se corsent?
« J'ai raté beaucoup de chances, beaucoup de filets ouverts, a philosophé Marner. Je mets beaucoup de pression sur mes propres épaules pour être le meilleur joueur tous les soirs. Je n'ai pas été à la hauteur de mes propres attentes et je dois faire en sorte que ça cesse de se produire. »
Et pourquoi même la présence rassurante de joueurs d'expérience comme Joe Thornton et Jason Spezza n'a-t-elle pas permis au jeune noyau de vaincre ses démons et de puiser au fond de ses ressources pour disposer d'un adversaire affaibli, alors qu'il a eu trois occasions de le faire?
La formation a certes été affectée par les blessures à des joueurs importants comme le capitaine John Tavares, le vétéran Nick Foligno et le défenseur Jake Muzzin à différents moments de la série. Reste que la profondeur qu'on a vantée tout au long de la saison n'a pas fait le travail quand le moment est venu.
« Nous nous sommes donné une chance de gagner cette série malgré tout, a argué Keefe. Nous ne l'avons pas fait. Nous étions en bonne posture et nous n'avons pas réussi à fermer les livres. Nous avions assez de profondeur pour faire face à cette adversité. Il n'y a aucune excuse. »
Les pièces du casse-tête étaient en place. Les Maple Leafs n'ont tout simplement pas été en mesure de les assembler. Il y aura toujours une prochaine fois...