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NASHVILLE -Les Penguins de Pittsburgh ne devaient pas pouvoir gagner sans Kristopher Letang, leur meilleur défenseur. C'est le seul qui peut jouer dans toutes les situations, contre n'importe qui et aussi longtemps que le souhaite l'entraîneur Mike Sullivan.
Les chances des Penguins de remporter un deuxième titre de la Coupe Stanley de suite devaient être pratiquement nulles. Le 5 avril, on a annoncé que Letang ferait l'impasse sur toutes les séries éliminatoires de la Coupe Stanley 2017 en raison d'une opération visant à soigner une hernie discale dans son cou.

Letang a subi son opération et il était suffisamment rétabli pour rejoindre ses coéquipiers sur la glace, dimanche soir, au Bridgestone Arena. Il a revêtu son uniforme et son équipement pour célébrer une des conquêtes de la Coupe Stanley les plus surprenantes des dernières années.
Les Penguins ont adopté une approche simple, mais efficace à la ligne bleue et ils s'en sont remis à un groupe de défenseurs peu spectaculaires, mais assez solides pour mettre la main sur un deuxième titre de la Coupe Stanley consécutif. Ils ont conclu avec une victoire de 2-0 lors du sixième affrontement de la finale contre les Predators de Nashville.
« Ce groupe de joueurs, ce qu'ils sont prêts à faire et ce qu'ils apportent, tout ça, c'est très important », a déclaré le capitaine Sidney Crosby à propos de cette brigade défensive. « Je pourrais parler de chacun, mais ce sont eux qui ont dû gérer ça. Ils savent ce que ça représente perdre un coéquipier qui joue de 25 à 30 minutes par partie et ça ne les a pas intimidés. Ils ont relevé le défi et ils ont prouvé de quoi ils étaient capables. »
Ce que Brian Dumoulin, Ron Hainsey, Olli Maatta, Trevor Daley, Justin Schultz et Ian Cole ont accompli, et la manière dont ils l'ont fait, n'est rien de moins que remarquable.
Depuis les Hurricanes de la Caroline en 2006, aucune équipe n'avait gagné la Coupe Stanley sans un joueur étoile ou même un futur membre du Temple de la renommée qui s'imposait à la ligne bleue.
Les Ducks d'Anaheim avaient Chris Pronger et Scott Niedermayer en 2007. Les Red Wings de Detroit avaient Nicklas Lidstrom en 2008. Les Penguins avaient Sergei Gonchar en 2009. Duncan Keith et Brent Seabrook ont mené la charge pour les Blackhawks de Chicago en 2010, 2013 et 2015.
Zdeno Chara l'a fait pour les Bruins de Boston en 2011. Drew Doughty a joué ce rôle pour les Kings de Los Angeles en 2012 et en 2014. Letang a été ce joueur pour les Penguins l'an dernier avec un temps de jeu moyen de 28:52 en 23 matchs.
« À bien des égards, notre groupe de défenseurs est le héros obscur de cette équipe », a affirmé Sullivan avant la sixième partie. « Ils sont passés sous le radar pour des raisons évidentes. On a plusieurs attaquants dynamiques qui réalisent beaucoup de beaux jeux qui finissent souvent par faire les manchettes. Cependant, cette équipe n'aurait pas eu de succès si ces défenseurs n'avaient pas joué de la façon dont ils ont joué tout au long des séries éliminatoires. »
Leur succès repose sur la philosophie inculquée par Sullivan et son adjoint Jacques Martin, qui est le responsable des défenseurs. Ils ne voulaient pas forcer quiconque à essayer d'être Letang, ce qui aurait été complètement utopique.
« Personne d'autre ne pouvait assumer ce genre de responsabilité », a indiqué Martin.
Ils ont donc décidé de laisser tomber la stratégie habituelle qui consiste à opposer un défenseur ou une paire de défenseurs à un trio précis. Ils ont plutôt choisi d'utiliser leurs duos de manière presque égale.
Dumoulin et Hainsey ont vu le plus d'action, mais aucun des deux n'a joué plus de 22 minutes par partie.
Dumoulin a conservé une moyenne de temps de glace de 21:59, dont 26:08 dimanche. C'était seulement la deuxième fois des séries qu'un arrière des Penguins jouait plus de 25 minutes dans un match qui se terminait en temps réglementaire. Dumoulin l'avait aussi fait lors du deuxième affrontement de la finale de l'Association de l'Est contre les Sénateurs d'Ottawa. Il avait alors aussi accumulé un temps de jeu de 26:08.
« Dumoulin est celui qui a été le plus utilisé parce qu'il a un bon coup de patin, il lit bien le jeu et il peut transporter la rondelle », a expliqué Martin.
Maatta a été utilisé en moyenne 20:06 par match et il a participé aux 25 parties des siens en séries éliminatoires. Daley, le principal partenaire de Maatta, a joué en moyenne 19:06 en 21 rencontres. Schultz a obtenu 19:44 de temps de glace et il a pris la place de Letang sur la première vague du jeu de puissance. Cole, son principal partenaire, a joué 18:50 par match.
Chad Ruhwedel (six parties, 14:06 de temps de glace) et Mark Streit (trois parties, 15:03 de temps de glace) ont été appelés en renforts quand Schultz et Daley ont subi des blessures.
« C'est ce qui a été décidé au début des séries. On allait utiliser six défenseurs pour répartir le temps de glace et éviter de surtaxer quelqu'un, a mentionné Schultz. On l'a fait tout au long des séries et ç'a marché. »
Évidemment, les Penguins ont pu demander à leurs défenseurs de pratiquer un style simple parce qu'ils comptent sur des attaquants dynamiques, comme Crosby, Evgeni Malkin, Phil Kessel et l'impressionnante recrue Jake Guentzel, qui a dominé tous les francs-tireurs des séries avec 13 buts.
« Quand on leur remet la rondelle, ils jouent vite et ils sont très dangereux », a ajouté Maatta.
Voilà ce qui a le plus aidé les défenseurs des Penguins : ils n'avaient pas à appuyer l'offensive pour attaquer à quatre ou à cinq, même s'ils l'ont fait à l'occasion. Leur objectif, et leur seul objectif, était d'envoyer le disque aux attaquants le plus rapidement et le plus précisément possible.
« Ce sont ces petites choses qui s'accumulent et qui aident une équipe à gagner des matchs », a déclaré Sullivan.
Les Penguins ont remporté 16 victoires après que plusieurs experts eurent douté de leur capacité à en signer quatre ou huit sans Letang.
« Quand on perd un joueur de ce calibre, on ne peut pas le remplacer, alors on s'est demandé [si on pouvait gagner sans lui], a admis Schultz. On s'est regroupés et on s'est dit qu'il fallait se retrousser les manches. Nos attaquants l'ont fait, tout le monde l'a fait et on a réussi. »