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Dès qu'il a appris qu'il avait de bonnes chances de disputer le premier match de sa carrière dans la LNH, jeudi dernier, Jacob Perreault a lâché un coup de fil à ses parents Yanic et July au domicile familial de Chicago : « Faites vos valises, je serai rappelé par les Ducks ».

L'attaquant de 19 ans voulait à tout prix que ses deux supporters de la première heure soient là pour cette importante étape. Ces derniers aussi. Ils avaient déjà raté son premier match dans la Ligue américaine de hockey (LAH) à cause de la pandémie, l'an dernier, alors pas question de faire l'impasse cette fois-ci.
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« On était pas mal à la dernière minute, mais on ne voulait pas manquer ça. Disons que notre horaire a changé assez vite », rigole Yanic, un ancien attaquant des Canadiens de Montréal, au bout du fil.
Le couple s'est donc rapidement envolé vers la Californie en pensant qu'il allait voir Jacob à l'œuvre contre les Red Wings de Detroit en soirée. Or, quelques heures avant que la rondelle tombe, la LNH a annoncé que la rencontre allait être reportée au dimanche en raison d'une petite éclosion de COVID-19 chez les Ducks.
Jacob allait finalement demeurer avec le club-école, les Gulls de San Diego, et y affronter le Heat de Stockton vendredi - une bonne raison d'aller le voir à l'œuvre pour la première fois, là où il évolue depuis maintenant presque un an. Une petite consolation, finalement.
« J'étais content qu'ils puissent me voir jouer à San Diego parce qu'ils n'avaient pas eu la chance de venir l'an dernier, a expliqué le fils. […] Après ce match, on est venus me dire que je participerais à l'entraînement matinal des Ducks le lendemain à Anaheim et que je jouerais peut-être contre les Rangers (de New York). »
Le jeune homme a eu un peu de difficulté à trouver le sommeil, mais il a tout de même sauté dans sa voiture dès l'aube pour franchir les 150 kilomètres qui séparent les deux villes. Devoir oblige. À son arrivée dans le vestiaire des Ducks, il a vu que son nom était inscrit au tableau, sur un trio avec Trevor Zegras et Sonny Milano.
Ses parents n'auraient finalement pas fait le voyage pour rien. Quelques heures plus tard, il sautait sur la patinoire du Honda Center sous leurs yeux en arborant le no 64. Un clin d'œil au 94 de son père?
« Ce n'est même pas moi qui l'ai choisi, mais je l'aime pas mal », a-t-il lancé en reconnaissant le drôle de coup du hasard. « C'est comme si on avait retourné le 9. »
Perreault a finalement été utilisé pendant 11:05 dans une défaite de 4-1 des siens. Pas exactement le résultat qui aurait mis la cerise sur le gâteau de cette soirée mémorable, mais tout de même une grosse étape de franchie dans sa jeune carrière. Une étape vécue avec ses parents en « présentiel », et non de l'autre côté d'un écran de télévision.
« Il a travaillé tellement fort sur la glace et à l'extérieur pour en arriver à jouer dans la LNH », a vanté Yanic, aujourd'hui entraîneur au développement chez les Blackhawks de Chicago. « Ça s'est bien déroulé et il s'est bien débrouillé. Nous étions très contents et très fiers de lui.
« Ça nous a aussi fait réaliser que les années passent vite! J'ai joué longtemps en Californie avec les Kings (de Los Angeles), et ça nous rappelle toujours des souvenirs quand on vient ici. […] Pour lui, c'est une bonne expérience et il sait maintenant à quoi ressemble le niveau de jeu dans la Ligue. »
Du positif dans le négatif
Après ces quelques jours d'émotions fortes, Perreault était de retour à l'entraînement avec les Gulls, lundi, prêt à poursuivre le travail pour mériter un autre rappel. Après 23 matchs sous la gouverne de Joël Bouchard, il affiche une récolte de huit buts et dix aides et est le deuxième meilleur pointeur des siens.
Et dire que si la Ligue de hockey de l'Ontario (OHL) avait été en mesure de tenir une saison, l'an dernier, le Québécois n'aurait pas pu jouer dans la LAH ni obtenir la dérogation qui lui permet de demeurer chez les professionnels en ce moment. Il serait donc toujours dans les rangs juniors.
« C'est loin d'être le fun la pandémie, mais si on regarde le bon côté, j'ai pu accélérer mon développement, a-t-il observé. Cette situation m'a vraiment aidé. J'ai pu côtoyer des gars expérimentés et qui se poussent tous à devenir meilleurs. Les entraîneurs font aussi du bon travail pour nous aider à nous améliorer. »
Malgré son court séjour de deux saisons avec le Sting de Sarnia, Perreault démontre une fois de plus que sa capacité d'adaptation est l'une de ses forces. Il n'a pas eu besoin de faire du rattrapage à San Diego.
« Il a été bon pour s'ajuster aux différents niveaux, a observé Yanic. Ç'a été la même chose chez les juniors à 16 ans. Il a pris de l'expérience chez les pros, l'an dernier, et il est arrivé encore plus prêt et plus en confiance cette année. Ce qui l'aide, c'est qu'il se sert bien de son gabarit (6 pieds, 193 livres) et qu'il est capable faire des jeux à haute vitesse. »
Ça tombe bien puisque ça risque aussi de lui servir au prochain niveau.