Bryan-Murray 8-12

Tout le monde savait que Bryan Murray était malade. Mais chaque fois que l'oeil de la caméra le surprenait dans sa loge au cours d'un match des Sénateurs d'Ottawa, on s'étonnait de voir un homme encore bien droit et en assez bonne forme. « Un battant ... » qu'on se disait à tout coup.
Or le battant a fini par perdre son long combat contre le cancer du côlon. Bryan Murray s'est battu jusqu'au bout. Le cancer finit trop souvent par gagner, mais Murray peut se vanter de l'avoir combattu pendant plus de trois ans. Le couteau entre les dents.

Il est décédé, samedi, à l'âge de 74 ans et son départ laisse un grand vide chez les Sénateurs d'Ottawa où il faisait partie intégrante du décor.
En l'espace de quelques jours, le monde du hockey aura donc perdu deux hommes de grande valeur; d'abord Maurice Filion, qui a rendu l'âme le 28 juillet dernier; ensuite, Murray. La grande faucheuse aura frappé fort cet été.
Filion, comme l'a si bien résumé mon confrère Bernard Brisset, l'autre jour, a été le juste équilibre des Nordiques de Québec entre deux égos démesurés, ceux de Marcel Aubut et Michel Bergeron, alors que Murray a été le meilleur entraîneur de l'histoire des Sénateurs.
Non, je n'ai pas la prétention d'avoir été parmi les proches de Murray. Je l'ai croisé à quelques reprises, sans plus. Aimable, il avait souvent une bonne histoire à raconter.
Mais un peu tout le monde a souvent l'étrange impression de bien connaitre un homme de hockey, dont le parcours s'est étendu sur quatre décennies.
Et le parcours de Murray a été tout, sauf banal.
Une signature répandue
La signature de Murray, on la retrouve un peu partout à travers le circuit, notamment à Détroit et en Floride où il occupait le poste de directeur lorsque les Panthers, à la surprise de plusieurs, ont atteint la finale de la Coupe Stanley en 1996 et aussi à Anaheim où il aidé à bâtir une équipe championne.
À son palmarès fort bien garni. il compte également un trophée Jack Adams acquis en 1983-1984 à titre d'entraineur-chef des Capitals de Washington.
Et je ne parle même pas de ses 620 victoires comme entraineur ce qui lui confère le 12e rang sur la liste de tous les temps.
Oui, la liste de ses réussites est longue. Suffisamment longue pour lui permettre éventuellement d'avoir peut-être sa place au Panthéon à titre posthume.
Tous les chapeaux
À Ottawa, il a porté tous les chapeaux ou presque. Et fort bien. Comme entraineur, il a guidé les Sénateurs jusqu'à la finale de la Coupe Stanley en 2007.
Cette année-là, faut-il le rappeler, les Sénateurs ont succombé en cinq matchs devant les Ducks d'Anaheim.
Et comme directeur général, il a notamment acquis le gardien Craig Anderson contre Brian Elliott et Kyle Turris contre David Rundblad.
On lui a longtemps reproché d'avoir échangé le gardien Ben Bishop, mais nommez-moi un directeur gérant, un seul, qui affiche une moyenne de 1,000 ? Bonne chance !
Murray a aussi eu un impact important sur la carrière de plusieurs joueurs, dont celles de Mike Fisher, anciennement des Sénateurs et des Predators de Nashville et de Chris Neil.
Il en menait large, Bryan Murray.
Quand les médecins lui ont diagnostiqué un cancer colorectal en juin 2014, plusieurs étaient sous l'impression qu'il cesserait complètement ses activités.
C'était bien mal connaitre le monsieur.
Il a continué sa route, la tête bien haute.
On ne vous le fait pas dire: Bryan Murray aura été un Sénateur pas comme les autres.