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Lorsque Kevin Lowe a regardé son numéro 4 être hissé au plafond du Rogers Place d'Edmonton la semaine dernière, il a réalisé que son attente de deux décennies pour obtenir de la reconnaissance tirait enfin à sa fin.

L'ancien défenseur a été un élément clé de la dynastie des Oilers d'Edmonton, qui ont remporté la Coupe Stanley à cinq occasions (1984, 1985, 1987, 1988, 1990), et il a présentement droit aux grands hommages depuis quelques jours et pour les prochains.
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La cérémonie de retrait de son chandail s'est tenue le 5 novembre. Lundi, il sera intronisé au Temple de la renommée du hockey, 20 ans après être devenu admissible pour y faire son entrée.
« Je ne me suis jamais vu comme un membre du Temple de la renommée, a souligné Lowe. Mon rêve était de gagner la Coupe Stanley, mais je n'ai jamais pensé au panthéon, alors c'est vraiment génial. »
Lowe fera son entrée au Temple dans une cuvée où se retrouvent aussi les Jarome Iginla, Marian Hossa, Kim St-Pierre et Doug Wilson, ainsi que Ken Holland à titre de bâtisseur.
Comme son chandail à Edmonton, qui est suspendu aux côtés de ceux de ses anciens coéquipiers Wayne Gretzky, Grant Fuhr, Mark Messier, Glenn Anderson, Jari Kurri et Paul Coffey, Lowe rejoindra ces légendes au Temple. Connus sous le nom de « The Group of Seven », ils formaient le noyau d'une des meilleures équipes de l'histoire de la LNH.
« Ce qui est le plus 'cool' pour moi, c'est que je pense qu'ils sont aussi heureux que moi », a dit Lowe à propos de son intronisation au Temple.
« Je n'ai pas le statut de joueur d'élite comme eux, mais tu ne gagnes pas plusieurs championnats sans ce mélange, et je pense qu'ils réalisent que ma participation et ma contribution ont été importantes dans ces succès. Dignes du Temple de la renommée? Assurément, dans leur esprit. »
L'apport de Lowe à ces équipes est symbolisé dans une peinture représentant « The Group of Seven » que lui ont remise les Oilers le soir du retrait de sa bannière. Ce n'est pas une coïncidence si son portrait se retrouve au centre de l'image, avec trois joueurs à chacun de ses côtés.
« Il était au centre du groupe parce que c'est de cette façon qu'il était perçu par ses coéquipiers », a affirmé le président des Oilers Bob Nicholson.

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Gretzky, le meneur de tous les temps pour les buts (894), les passes (1963) et les points (2857), pourrait difficilement être plus en accord.
« Nous voulions tous tellement gagner », a commenté Gretzky, qui a été intronisé au Temple en 1999. « Nous n'aurions pas connu le même succès sans ce sentiment. Mais Kevin éprouvait ce sentiment plus que n'importe qui d'autre. Il était le gars qui nous poussait à nous surpasser. »
Lowe a dit comprendre pourquoi l'attente a été si longue pour faire son entrée au Temple, particulièrement quand on considère sa modeste récolte de points.
L'ancien défenseur a inscrit 431 points (84 buts, 347 passes) en 1254 matchs et 58 points (10 buts, 48 aides) en 214 rencontres des séries éliminatoires avec les Oilers et les Rangers de New York. Il a joué 1037 matchs à Edmonton, un sommet dans l'histoire de l'équipe. En plus des cinq championnats auxquels il a participé à Edmonton, il a également remporté la Coupe Stanley avec les Rangers en 1994.
À titre de comparatif statistique, considérons que Coffey, un autre défenseur, a totalisé 1531 points (396 buts, 1135 passes), 1100 de plus que Lowe. Gretzky a marqué plus de buts dans deux saisons distinctes (92 en 1981-82; 87 en 1983-84) que Lowe en a marqués dans toute sa carrière (84).

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Pour ses anciens coéquipiers, ces statistiques ne racontent pas toute l'histoire.
« C'est tellement génial qu'il fasse son entrée », a lancé Fuhr, qui a été intronisé en 2003. « C'est une récompense pour tout le travail acharné.
« Je pense que c'est ça l'important. Ce ne sont pas toujours les gars qui marquent les buts. Il y a d'autres impondérables dans le sport. »
Comme quoi?
« Voilà un exemple », a commencé par dire Fuhr. « Combien de gars se jetaient sur la glace constamment pour tenter de bloquer un tir d'Al MacInnis? Tu peux les compter sur les doigts d'une main. Nous avons joué plusieurs matchs difficiles dans les batailles de l'Alberta contre les Flames de Calgary, et ce gars avait un des tirs les plus puissants de tous les temps. C'est une des raisons qui font qu'il est au Temple lui aussi. Kevin mettait constamment son corps en jeu pour faire cela. C'est un souvenir impérissable que j'ai de Kevin. Il n'y a rien au plan statistique qui peut mesurer ce genre de courage.
« Il apportait cette passion dans l'équipe. C'est une des choses les plus importantes. Quand tu es un jeune joueur et que tu vois ça, que tu le vois s'entraîner fort chaque jour, donner son 110 pour cent au quotidien, c'est inspirant, et tu veux apprendre de lui. Nous avions une attaque dévastatrice qui courait des risques, alors c'était bien d'avoir un gars comme lui à l'arrière.
« Pour moi, il a été un des meilleurs défenseurs de cette époque ou de n'importe quelle époque. »
Pas mal pour un jeune homme qui a grandi à Lachute, au Québec, à environ 80 kilomètres au nord-ouest de Montréal. Sa famille était propriétaire d'une compagnie, Lowe's Dairy, et il a appris à travailler à un jeune âge. Il devait notamment s'occuper du nettoyage de la crèmerie.
« C'est là que j'ai appris l'éthique de travail, a-t-il dit. Il n'y avait pas beaucoup de vacances en famille. »

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Lowe a commencé à s'établir comme espoir élite au cours de ses trois saisons dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ) à partir de 1976. En 1978-79, il est devenu le premier capitaine anglophone de l'histoire de la LHJMQ. En 2004, la Ligue a introduit le trophée Kevin Lowe, remis annuellement au meilleur défenseur de la LHJMQ.
Il a été sélectionné au 21e rang par les Oilers en 1979 et s'est rapidement lié d'amitié avec Gretzky, qui lui a suggéré de devenir son colocataire. Les vétérans défenseurs Colin Campbell et Lee Fogolin l'ont immédiatement pris sous leur aile.
Campbell, aujourd'hui vice-président principal et directeur des opérations de la LNH, a instantanément créé des liens avec le jeune Lowe.
« J'étais dans la Ligue depuis six ou sept ans, alors je pense que j'étais en mesure de déterminer qui était non seulement un bon joueur, mais une bonne personne, a relaté Campbell. Je pouvais dire que Kevin était tout cela en même temps. Il arrivait avec un bon bagage. Il avait un bon caractère et de la détermination en lui. Il n'était pas du même moule que Paul Coffey, il était simplement un bon défenseur dans l'ensemble et possédait des qualités de leadership. »
Campbell a cité un moment survenu 15 ans plus tard lors du septième match de la finale de l'Association de l'Est en 1994 entre les Rangers et les Devils du New Jersey à titre d'exemple.

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Les Rangers tentaient de remporter la Coupe Stanley pour la première fois depuis 1940 et leur équipe était remplie d'anciens des Oilers - Lowe, Messier, Anderson, Craig MacTavish, Jeff Beukeboom, Adam Graves et Esa Tikkanen.
Les Rangers menaient 1-0 tard dans ce match décisif, mais l'attaquant des Devils Valeri Zelepukin a marqué le but égalisateur avec huit secondes à jouer. Campbell, entraîneur associé au sein du personnel de l'entraîneur Mike Keenan, se demandait comment l'équipe allait réagir en prolongation.
« On disait à l'époque qu'il y avait un mauvais sort (jinx) autour de la concession qui l'empêchait de remporter une Coupe, a raconté Campbell. J'ai pensé que c'était seulement pour faire jaser. Puis, les Devils ont marqué et je ne pouvais y croire. Je me suis demandé, "Si je me sens mal, à quel point les joueurs, eux, se sentent mal?" »
Arrive Lowe.
« Je suis entré dans la chambre en me préparant à parler aux joueurs et j'ai vu Kevin, debout, en train de rallier les troupes comme nous en avions besoin, s'est souvenu Campbell. Certains joueurs étaient abattus, mais Kevin était fâché. Il a géré la situation. Nous avons finalement gagné le match et avons ensuite remporté la Coupe. Ils nous ont surnommés l'Edmonton de l'Est en raison de tous les anciens Oilers que nous avions dans l'équipe, et Kevin est une partie importante de l'histoire.
« J'ai eu le plaisir de jouer avec Wayne et Mark, et de les diriger. Ils étaient remarquables. Mais Kevin, il était celui qui inspirait le groupe. Il était celui que les autres suivaient. Il était le leader principal. 'Mess' était un leader à sa façon, mais Kevin avait cette capacité de rassembler tout le monde et de dire les bonnes choses aux bons moments. »
Gretzky a déclaré que Lowe montrait autant de leadership par l'exemple que par ses paroles. Il a donné l'exemple des séries de 1988 quand son ami a joué en dépit d'une fracture au poignet et, pour les trois dernières rondes, de fractures aux côtes.
« C'est Kevin, a dit Gretzky. Peu importe ce que ça prenait. »
Lowe a pris sa retraite de joueur en 1998 et est devenu entraîneur adjoint chez les Oilers avant de prendre le poste d'entraîneur-chef en 1999. Il est devenu directeur général d'Edmonton la saison suivante et a été promu comme président des opérations hockey en 2008-09. En 2015, il a été nommé vice-président du Oilers Entertainment Group.
Lowe a également fait partie de l'équipe de gestion de l'équipe olympique canadienne lors des conquêtes de la médaille d'or en 2002, 2010 et 2014.
« Peu importe l'équipe dont il a fait partie, peu importe son rôle en tant que joueur ou dirigeant, Kevin a toujours été un gagnant », a soutenu Craig Simpson, un ancien coéquipier de Lowe à Edmonton. « Et il est aussi le gars qui rassemble l'équipe. Ces équipes des Oilers passaient du bon temps sur la glace et à l'extérieur. Elles étaient comme une famille. Et Kevin prenait soin d'elles. Le lendemain d'une célébration, il était le gars qui disait : "C'était bien amusant, mais maintenant, retournons au travail". »
Simpson était le maître de cérémonie lorsque la bannière de Lowe a été hissée et il a indiqué que son ami, normalement pas du genre à discuter beaucoup en public, était détendu et avait l'air en paix avec lui-même.
« Pour moi, le Temple de la renommée, c'était Bobby Orr, Jean Béliveau, Gordie Howe, Wayne Gretzky, Mark Messier, a conclu Lowe. Même si je sais qu'il y a des joueurs de mon genre au Temple de la renommée et que c'est une place pour tout le monde, je ne dirais pas que j'étais déçu de ne pas avoir ma place au fil des ans, mais j'ai assurément conclu et compris qu'il fallait avoir accumulé plus de points et gagner plus de trophées pour pouvoir y accéder.
« J'ai été chanceux de jouer avec plusieurs excellents joueurs et pour plusieurs excellentes équipes. Tout était une question de victoire. Maintenant que je fais mon entrée au Temple, c'est surréel. »