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PITTSBURGH -- P.K. Subban et les Predators de Nashville disputent la finale de la Coupe Stanley.
Pas Shea Weber et les Canadiens de Montréal.
Voilà le constat que plusieurs font à la suite de la transaction majeure impliquant le défenseur vedette le 29 juin dernier. L'évaluation finale n'est toutefois pas aussi simple que ça.
Or, les faits sont les faits et les Predators participeront à la première finale de leur histoire à compter de lundi au PPG Paints Arena (20h HE; NBC, CBC, SN, TVA Sports). L'arrivée de Subban explique en grande partie leurs succès.

Ce n'est pas la seule raison, mais c'en est un des principaux facteurs.
La décision de faire cet échange n'a pas été facile pour le directeur général de Nashville David Poile. Il s'apprêtait à se départir de son fidèle capitaine et du visage de sa concession en Weber contre Subban, un joueur qui, selon les rumeurs, était à la source de problèmes dans le vestiaire des Canadiens.
Les Predators et Poile devaient s'assurer que cette transaction rapporte, que Subban le hockeyeur et la personne charitable à la personnalité flamboyante cadre bien dans la culture de Nashville. Ils étaient même prêts à adapter, jusqu'à un certain point, leur culture à la sienne.
Ils ont travaillé fort pour faire en sorte que tout fonctionne. Ils ont pris le temps d'étudier comment Subban pouvait s'intégrer à leur équipe sur la glace et ils ont accueilli ses initiatives en dehors de la patinoire à bras ouverts.
Et voici le résultat : une première présence en finale et un joueur qui se dit des plus heureux d'être à Nashville.
« David a fait cet échange et même si certains ne voulaient pas trop le dire, plusieurs croyaient que c'était ce qui allait nous permettre de franchir une nouvelle étape », a déclaré Subban, dimanche, lors de la journée des médias de la finale de la Coupe Stanley 2017. « Je ne voyais pas ça de cette façon, mais ç'a cliqué au bon moment pour notre équipe et ça va bien depuis. Donc, on peut dire que je suis plus heureux de venir au travail chaque jour, que ce soit pour jouer 32 minutes ou 15 minutes. Il faut faire ce qu'il faut pour gagner. »
Les Predators gagnent souvent ces temps-ci, mais ça ne s'est pas produit du jour au lendemain. Ils ont dû s'habituer à l'absence de Weber et trouver le bon rôle pour Subban. Il a abouti aux côtés de Mattias Ekholm pour former un duo que l'entraîneur Peter Laviolette aime utiliser pour son jeu robuste et pour museler les attaquants adverses.
Il y a longtemps que Poile avait déterminé que les Predators devaient changer de style de jeu. Il voulait que son équipe, basée sur un gardien et des arrières solides, puisse être en mesure de faire progresser le jeu vers le filet adverse et menacer davantage à l'attaque sans pour autant sacrifier la défensive.
Le congédiement de l'entraîneur Barry Trotz pour le remplacer par Laviolette avant la saison 2014-15 a fait partie de ce processus de transformation. Il a ensuite effectué plusieurs transactions afin de fournir plus d'armes à Laviolette pour inculquer le style soutenu et offensif que Poile avait correctement identifié comme étant celui de l'avenir de la LNH.
Il a fait l'acquisition des attaquants Filip Forsberg, James Neal et Ryan Johansen sur le marché des échanges, il a développé les défenseurs Roman Josi, Ryan Ellis et Ekholm et il a repêché des joueurs qui correspondaient mieux à la nouvelle identité des Predators.
L'échange de Weber contre Subban s'inscrit dans cette même philosophie visant à rendre les Predators plus rapides, plus jeunes et plus dynamiques. Il a cependant dû sacrifier Weber et tout ce qu'il représentait pour l'organisation et la ville de Nashville pour y parvenir.
« Pour cette [transaction], j'ai dû demander l'avis des propriétaires parce que si on échangeait Weber, on devait savoir si cela allait influencer nos abonnés de saison, a expliqué Poile. Allait-on en subir les contrecoups? Quelles en seraient les conséquences? Qui allait être notre nouveau capitaine? Qui seront les nouveaux meneurs? Et ainsi de suite. Il y avait une tonne de facteurs à considérer. C'était risqué. On avait beau y réfléchir longtemps, on n'aurait la réponse qu'après l'échange. »
Après la transaction, après le départ de Weber et l'arrivée de Subban, il fallait tout faire pour s'assurer que cet échange soit bénéfique et que le risque en avait valu la chandelle. Poile avait souvent acquis des joueurs qui avaient connu des problèmes hors de la glace et à chacune de ces occasions, il en était venu à la conclusion que le talent primait sur tout. Ce fut la même chose dans le cas de Subban.
« J'ai entendu toutes les histoires et toutes les rumeurs [à propos de Subban] et je ne tiens pas à savoir si elles étaient vraies ou non, a mentionné Poile. Tout ce qui importe, c'est qu'il fait maintenant partie des Predators de Nashville, alors que veut-on accomplir et que veut-il accomplir? Qu'est-ce qui se passe d'autre dans sa vie? Et comme on l'a fait pour P.K., qu'est-ce qu'on peut faire pour l'aider? »
Subban affirme que le soutien envers ses activités en dehors de la patinoire est totalement différent de ce qu'il a vécu à Montréal.
« C'est une organisation qui est là depuis longtemps, depuis plus de 100 ans. Alors, elle fait les choses à sa manière et c'est très bien comme ça, a-t-il indiqué. Mais dès mon arrivée à Nashville, c'était complètement différent. »
Et en fin de compte, c'est ce qui fait que Subban est plus heureux aujourd'hui et qu'il est assez à l'aise pour être lui-même à l'extérieur de la patinoire. Cette nouvelle attitude pourrait même faire de lui un meilleur joueur sur la glace.
« C'est ce que l'entraîneur dit, c'est ce que le DG dit et c'est ce que les propriétaires disent. C'est ce qui va développer une philosophie particulière dans le vestiaire, a poursuivi Subban. Je peux vous assurer que j'adore la philosophie de Nashville. »
Cette culture de l'acceptation devient vite une culture de victoire. Celle-ci pourrait être confirmée lors de la finale et elle pourrait être très facile à adopter par Subban et ses coéquipiers.