jagr unhappy

Qui suis-je ?
* Sidney Crosby avait trois ans lorsque j'ai fait mes débuts dans la LNH.
* Ma longue crinière a déjà fait autant jaser que mes feintes.
* Je suis à la recherche d'un job.
Si vous n'avez pas déjà reconnu Jaromir Jagr, c'est la preuve que vous n'êtes pas encore branchés sur la planète hockey.

Rarement un chômeur aura occupé une aussi grande place pendant l'entre-saison.
À 45 ans, Jagr attend toujours le coup de fil qui lui permettra de remonter en selle. Et de démontrer à tous ceux qui lui ont dit, 'non merci', qu'il a encore du bon hockey dans le corps.
En attendant, il commence à se faire tard. L'ouverture des camps d'entraînement approche à grands pas et l'ancien complice de Mario Lemieux avec les Penguins de Pittsburgh a sans doute l'impression que le monde du hockey le pousse poliment vers la sortie.
Les Kings de Los Angeles, pourtant à court de munitions en attaque, ont été la dernière équipe à lui proposer d'aller voir ailleurs.
Certains observateurs pensent que Jagr a fait son temps. Que son âge et sa lenteur font de lui un joueur passé date tel un yogourt oublié dans le fond du frigo.
D'autres sont d'avis qu'il peut encore aider quelques équipes, que ce soit dans un rôle à plein temps ou à temps partiel.
Je ne m'en cache pas; j'appartiens au deuxième groupe.
Entêté, Jagr ? Mettez-en.
Mais justement; son entêtement, son acharnement et sa grande détermination en font un joueur pas comme les autres.
Son entêtement et aussi sa forme physique impeccable.
Des chiffres comparables
Cela dit, soyons réalistes.
Jagr, on s'entend, ne ressemble en rien au joueur, qui a déjà enlevé cinq trophées Art Ross et qui, crinière au vent, mystifiait deux ou trois joueurs grâce à des feintes aussi spectaculaires les unes que les autres.
En termes de vitesse, la locomotive a cédé la place à une voiturette. Ou quelque chose du genre.
Mais il n'a rien perdu de son sens du jeu. Et de sa capacité de protéger la rondelle. À cet égard, peu de joueurs lui sont supérieurs.
La saison dernière, le joueur de la République tchèque a signé 16 buts et 46 points. C'est un point de plus que Kyle Okposo et Jordan Staal et huit de plus que Rick Nash.
C'est aussi le même total obtenu par Patrick Marleau qui, pas plus tard que cet été, a paraphé une entente de 18,75 millions $ pour trois ans avec les Maple Leafs de Toronto, qui voient en lui un joueur capable d'élever l'équipe à un niveau supérieur.
Fini Jagr ? Certainement pas.
Ils sont nombreux à prétendre qu'il aurait intérêt à s'arrêter avant de devenir un joueur quelconque.
« Vaut mieux s'arrêter un an trop tôt qu'un an trop tard », disent souvent les bien-pensants.
Si Gordie Howe avait écouté les prophètes de malheur, il n'aurait pas joué jusqu'à l'age de 52 ans. Chris Chelios aurait pris sa retraite bien avant de célébrer son 48e anniversaire de naissance. Et Doug Harvey aurait raccroché ses patins avant l'age de 44 ans.
Dans le sport, il y a des forces de la nature. Jagr appartient à cette race.
L'an passé, il a joué en moyenne 17 minutes par match. C'est tout dire.
L'heure de la retraite
Si Jagr a le goût de continuer, c'est qu'il a encore la conviction de pouvoir fournir de bonnes performances.
Je le crois sur parole parce qu'il n'a jamais cessé de confondre les sceptiques au cours des dernières années.
Les grands joueurs, c'est bien connu, aiment choisir l'heure de leur retraite. Jean Béliveau a annoncé la sienne un an avant de compléter son parcours. Raymond Bourque et Wayne Gretzky aussi.
Jagr, lui, souhaite s'offrir un dernier tour de piste à un âge où la majorité des hockeyeurs sont à la retraite depuis déjà 12, 10 ou huit ans.
Est-ce trop demandé ? Sûrement pas.
Un joueur qui totalise 765 buts et 1,914 points dans la LNH a certainement acquis le privilège de s'offrir une dernière faveur.